Syndrome Project X : la recette imparable pour rater une soirée<!-- --> | Atlantico.fr
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Pour éviter que les soirées tournent au cauchemar, mefiez-vous des "amis d'amis" qui s'incrustent à la maison.
Pour éviter que les soirées tournent au cauchemar, mefiez-vous des "amis d'amis" qui s'incrustent à la maison.
©DR

Carnage

Règle numéro 1 du fêtard : ne jamais laisser de parfaits inconnus s’incruster dans une soirée. Neuf fois sur dix, ce sont eux qui créent des problèmes… Frédéric Ploton raconte la soirée d'une jeune diplômée qui, à cause de quelques convives non désirés, a failli très mal tourner... Extraits de "Nos soirées à la con" (2/2).

Frédéric Ploton

Frédéric Ploton

Frédéric Ploton est un auteur français d'essais, documents, livres illustrés et pratiques sur des sujets très divers.

Il est l'auteur de 'Nos soirées à la con" aux Editions du Moment.

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J’en ris aujourd’hui, mais, à l’époque, cette histoire m’a brouillée assez durablement avec mes amis, mes parents, et m’a même valu une jolie petite dépression de plusieurs mois. Résumons ici l’affaire.

Je venais de décrocher mon diplôme de deuxième cycle, et je n’étais pas peu fière. Mes parents également et donc, pour la toute première fois, ils m’autorisèrent à organiser une petite fête pour célébrer ça. À vingt-deux ans, il était temps ! Chaque convive était invité avec la personne de son choix. Or, dès les premières arrivées, il s’avéra que la personne en question était plutôt, pour chacun, deux trois amis d’amis que je ne connaissais pas. Néanmoins, emportée par la bonne humeur du moment, je décidai de ne pas gâcher l’ambiance et acceptai tout ce petit monde dans le salon familial. On était un peu à l’étroit et, quand on s’est mis à danser, il est clairement apparu que nous étions trop nombreux – une bonne cinquantaine au lieu des vingt à trente attendus. Sur le coup, les conséquences n’étaient pas trop fâcheuses : quelques verres renversés, une tache ou deux sur des coussins, etc. Si bien que je ne me suis pas méfiée, et que je n’ai pas senti la soirée déraper. C’est Charlotte, l’une de mes meilleures amies, qui m’a alertée : – Dis donc, c’est normal les mecs qui balancent le riz et les pâtes par la fenêtre de la cuisine ?

Non, ça n’était pas normal. Pas plus que de vider le contenu du réfrigérateur pour le jeter en bas de l’immeuble sur les passants, quoique rares à cette heure tardive. J’ai compris en les entendant hurler des scores que c’était pour eux un jeu habituel, et qu’ils gagnaient un point par promeneur touché.

– Hey ! Vous vous croyez où, là ?

– C’est qui cette conne ? a éructé un abruti passablement confit d’alcool.

– Cette conne… t’es chez elle, connard !

Au prix de quelques gueulantes, j’ai réussi à contenir les débordements les plus critiques, sans parvenir toutefois à sauver un vase auquel ma mère tenait particulièrement, ni le grille-pain que j’ai eu le temps de voir faire un vol plané depuis le balcon du séjour et s’écraser dans un fracas terrible… quasiment au pied de mes parents. Ceux-ci avaient été avertis par des voisins, réveillés par le bruit, de la tournure que prenait ma petite sauterie.

Et c’est là que les choses se sont vraiment corsées. Fou de colère, mon père a déboulé dans le salon, coupé net la musique, et s’est mis à hurler :

– Personne ne sort d’ici !

Joignant le geste à la parole, il s’est rué sur la porte d’entrée, qu’il a bouclée à double tour, séquestrant de fait mes invités. Enfin, parlons-en de mes invités. Car j’ai réalisé alors que, bien avant le jet du grille-pain, ceux que je connaissais avaient senti le vent tourner et s’étaient presque tous éclipsés en catimini. Sur la bonne vingtaine de personnes encore présentes ne restaient que deux têtes connues.

– Et maintenant je veux que vous m’expliquiez ce qui se passe ici ! a tonné mon paternel.

Certains des zozos avinés riaient, d’autres cherchaient une issue, d’autres encore se fichaient résolument de sa poire…

– Du calme, papy ! On t’a pas niqué ta bouillotte !

… avec pour effet d’exacerber sa rage.

Il a saisi au col celui qui se moquait de lui, l’a traîné jusque sur le balcon, et menacé de le faire basculer à son tour dans le vide.

– Tu ne veux pas voir ce que ça fait comme bruit, ta tête de crétin qui s’explose en bas ?

Les autres en ont profité pour mettre la main sur le trousseau de clés que mon père avait jeté sur la console de l’entrée, et se sont enfuis sans demander leur reste. Le dernier otage s’est dégagé, et a appelé la police pour dénoncer un kidnapping. Mon père a compris que les choses allaient trop loin, et l’a laissé filer à son tour.

Trois mois plus tard : mon père ne m’a pas parlé pendant près d’un mois. Comme je venais de finir mes études, il m’a même menacée de me couper les vivres.

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Extrait de "Nos soirées à la con" aux éditions du Moment (5 juillet 2012)

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