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Arnaud Montebourg d'assurer le redressement industriel français : cap' ou pas cap' ?
Arnaud Montebourg d'assurer le redressement industriel français : cap' ou pas cap' ?
©Reuters

Opération rose rouge

Lionel Jospin est chargé de réfléchir à la moralisation de la vie politique, Arnaud Montebourg d'assurer le redressement industriel français... Reste à savoir si ces derniers se montreront à la hauteur de la tâche, ou si seul comptera la volonté de montrer qui sont les "vrais patron".

Bruno Bertez

Bruno Bertez

Bruno Bertez est un des anciens propriétaires de l'Agefi France (l'Agence économique et financière), repris en 1987 par le groupe Expansion sous la houlette de Jean-Louis Servan-Schreiber.

Il est un participant actif du Blog a Lupus, pour lequel il rédige de nombreux articles en économie et finance.

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Nous avons attiré l’attention sur la gravité de l’affaire Peugeot.

Nous avons pris le risque de titrer l’un de nos écrits « PSA attention danger ».

Le dossier de la restructuration de PSA est important, avons-nous expliqué, car il va servir de référence, d’exemple, pour les restructurations futures, il va créer des procédures nouvelles, des principes nouveaux, des droits nouveaux, etc. 

Bien entendu, toutes ces innovations iront dans le même sens, à savoir le sens de la limitation de la liberté d’entreprendre, de la liberté de gérer, dans le sens de l’augmentation des pouvoirs de la classe politique, de ses technocrates, de ses fonctionnaires et bien sûr de ses banquiers. 

Nous avons expliqué que tous ces gens en ont assez assez de leur statut infantile, assez de faire joujou avec les signes, les abstractions, la parlotte, ils veulent  enfin jouir du Pouvoir, du Vrai, du Pouvoir sur les Gens. Nous avons assez  fréquenté le monde politique pour savoir, pour avoir compris, qu’il fait un complexe d’impuissance face à ceux qui gèrent le  réel, qui se le coltinent, qui en souffrent, mais qui, en contrepartie, en jouissent. Ce qui est à la racine de l’interventionnisme, ce n’est évidemment pas la prétendue compétence de nos gouvernants et de leur classe de bureaucrates,  ce n’est pas non plus la meilleure prise en compte de l’intérêt général, surtout pas; non, c’est l’envie, le « ôte-toi de là que je m’y mette ».

Le changement, c’est cela en France, c’est le grand « ôte-toi de là que je m’y mette ». On a connu de grandes vagues de changement dans l’histoire française, elles ont toujours été inspirées par le même motif avec des manifestations quelques fois sanglantes, comme lors des épurations successives de la Révolution ou de La Libération. Cette dernière ayant été encore plus significative que les précédentes sous l’aspect « ôte-toi de là que je m’y mette ». 

Le procédé est toujours le même, la diabolisation de l’ennemi, son dénigrement. Mais aussi la réécriture de l’histoire.  

Nous soutenons que le système français se caractérise par un antagonisme fondamental et que le fait de l’occulter, de le nier, de le masquer, fait partie intégrante du combat. Ce procédé permet  à la coalition des attaquants d’avancer masquée, sous couvert de légitimité, de compétence, d’intérêt général, lesquels ne recouvrent que la collusion d’intérêts particuliers scandaleux.

La lutte des classes est un concept intéressant, mais il est abstrait, concrètement dépassé, historiquement dépassé. Il est le produit d’un moment de l’Histoire marqué par un certain rapport des forces de production et par un certain stade de la pensée. Les gesticulations et abstractions des néo-marxistes pour faire rentrer la situation présente dans le cadre des analyses marxistes sont assez pitoyables, elles se déconsidèrent d’elles-mêmes par leur caractère abscons, leur inintelligibilité. Même pour les plus grands, comme Alain Badiou. Même pour les plus intelligents comme le défunt Daniel Bensaid.

Mais il y a une chose qui doit être retenue de cette idée de lutte des classes, c’est l’idée qu’il y a des antagonismes sociaux et que les lois, les idéologies, les organisations politiques, les idées dominantes, les organisations sociales sont, font partie intégrante de ces antagonismes, de ces luttes. Tout cela est la fois enjeu de conquête, mais aussi une fois que la conquête est opérée, cela devient une arme pour les avancées, conquêtes futures. 

  • Ce n’est pas vrai que tout le monde il est beau, que tout le monde il est gentil ;

  • Ce n’est pas vrai que l’homme est né bon, que la solidarité est une valeur universelle ;

  • Ce n’est pas vrai que ceux qui tiennent le haut du pavé veulent votre bien ;

  • Ce n’est pas vrai qu’ils gouvernent ou servent les gouvernements dans l’intérêt général ;

  • Ce n’est pas vrai qu’ils sont légitimes dès lors qu’ils ont été élus, mais qu’ils vivent sur le mensonge et la non transparence ;
  • Ce n’est pas vrai qu’ils défendent et sont détenteurs des valeurs universelles comme la justice, la morale. 


La liste est longue, mais nous pensons que vous nous avez compris; derrière les masques de la justice, de l’intérêt général se cache toujours la loi du plus fort. Les masques ont pour fonction de vous tromper, de vous culpabiliser, de faire sorte que vos révoltes et ressentiments soient désamorcés. De faire en  sorte que vous tendiez toujours la joue gauche, que vous doutiez de vous et du bien fondé de vos convictions. Les Pouvoirs ont un besoin absolu que vous perdiez confiance en vous, en vos croyances, en votre éducation; il leur faut détruire vos valeurs, vos acquis où qu’ils s’enracinent.

C’est cela le changement. Vous vous coupez de vos bases, de vos racines. La destruction de ce qui constitue vos bases, vos repères, votre raison d’être, votre héritage social et familial. 

Il faut faire de vous un homme un sujet nouveau, malléable, prêt à se rallier, lui aussi, comme ceux qui l’ont  fait avant vous. Comme ceux qui, en échange de leur pain quotidien, ont le cou pelé par le collier de la servitude librement acceptée, comme ceux qui ont accepté de renier leur statut de loup libre, révolté, mais noble et fier de ses combats.

Nous insistons, les Pouvoirs ne vous dépossèdent de vos biens  du sens  de votre vie, que par la mystification. Ils vous font croire que vous avez tort, ils réécrivent l’histoire pour vous en persuader. Ils trafiquent la mémoire. Ils vous font croire que vos révoltes et rebellions ne sont pas légitimes, ils vous font marcher sur la tête en inversant, par leur propagande, les causes et les effets. Ils se servent de l’idéal démocratique pour mieux le bafouer, du principe de charité et de solidarité, pour mieux vous tondre et vous piller.

Dans nos sociétés, il y a un grand clivage, the big divide, comme l’ont théorisé les think tanks américains. Il y a d’un côté les producteurs, ceux qui produisent des richesses, biens et services fondamentaux, et il y a les autres, tous les autre qui ne produisent rien, mais vivent quand même, ceux-là vivent de répartition.

C’est une distinction à la hache, un concept opérationnel pour réfléchir, pour mettre en ordre le chaos complexe du monde réel. Mais c’est là que cela se joue, là que cela se noue. C’est là que se noue la Grande Alliance contre vous. Contre le Privé. Contre les producteurs. 

Tous ceux qui vivent de prélèvement/répartition ont un intérêt commun, une raison fondamentale de forcer le mouvement de l’histoire toujours dans le même sens. Ce sens, c’est celui de la socialisation qui les nourrit, qui augmente leur pouvoir, leur jouissance, leur nombre.  

L’homme est intersection de l’individuel et du social. Le sens de leurs actions inconscientes est de pousser à la modification de l’équilibre entre l’individuel et le social, de faire en sorte que vous soyez de moins en moins vous-même, individu libre et authentique et, de plus en plus, un être social, un sujet. Pour cela, il faut vous dépouiller, vous castrer, et de plus en plus, et, en plus, avec votre consentement.  La Grande Coalition vous dépouille de tout ce qui fait de vous, de tout ce qui pourrait faire de vous, des individus autonomes, indépendants, et fiers de l’être, pour vous transformer en sujet social de second ordre.  

De second ordre, car l’ordre premier, c’est eux. Eux qui manipulent les lois, les idées, l’histoire. Et quand c’est nécessaire, et ce l’est de plus en plus, ils utilisent la violence.  

Avis à Monsieur Jospin chargé par la énième mystification politicienne de réfléchir sur la moralisation de la vie politique, Monsieur Jospin, vos tartes  à la crème sur les mandats cumulés, les prises illégales d’intérêt, ne sont rien à côté du crime princeps, quotidien, de la Grande Coalition, son crime de mensonge et de perpétuel lèse vérité. Le vrai crime, le plus grave de tous ces gens, est le mensonge, le détournement de la vérité, la non transparence, l’organisation de la névrose sociale fondée sur la fausseté.

Là, on voit clairement le conflit dont nous parlons, le conflit pour le pouvoir. Toute la position de Montebourg consiste à profiter des restructurations de l’outil de production pour monter ou tenter de montrer qui est le patron. Une solution optimum fondée sur la compétence professionnelle la technicité, voire le bon sens, ne l’intéresse pas. Ce qu’il veut, c’est abaisser le symbole que constitue la famille Peugeot, l’humilier. Nous lisons qu’il a mis en cause la stratégie du constructeur et la stratégie patrimoniale de la famille.

Et le public et les médias suivent, applaudissent. 

La famille est tombée dans le piège, elle se défend sur le terrain balisé par ses ennemis. 

Elle répond  « qu’elle a toujours donné la priorité au développement du groupe et à sa stratégie, n’hésitant pas à diluer sa participation quand la situation le requerrait ».  

Le problème n’est pas là. Qui connaissait il y a 20 ans, 10 ans, la bonne stratégie pour Peugeot ? Un chef d’entreprise travaille, investit en avenir incertain. A chaque fois qu’il prend une décision, c’est en avenir non écrit, c’est un choix, un pari. Un terrible pari  dans lequel il risque son patrimoine, son statut social.

Alors, il faut dire aux stratèges en chambre, à tous ceux qui n’ont jamais rien fait de bien dans leur vie,  rien d’autre que séduire ou plaire, qu’il est facile de critiquer a posteriori. De deviner le numéro gagnant après que le tirage ait eu lieu.  

En moins de deux mois, le nouveau gouvernement a accumulé plus d’erreurs criminelles que tout le secteur privé réuni, par la rupture de l’axe franco allemand, par ses hausses de la fiscalité sur l’épargne pour ne prendre que deux exemples. Si ce gouvernement avait la capacité de juger de son action présente avec les yeux et l’expérience de demain ou après-demain, il annulerait tout ce qu’il a fait depuis sa prise de pouvoir sous ces deux aspects. Ce sont des erreurs qui coûteront cher en niveau de vie futur, en chômage et en dignité.

C’est une escroquerie intellectuelle de critiquer des choix passés  opérés en avenir incertain, à la lueur des certitudes du présent.

Et la classe politique, ses bureaucrates, ses kleptocrates se sont fait une spécialité de jouer de l’inculture du peuple et de sa naïveté pour conquérir de plus en plus de pouvoirs. Dans un pays où 56% de la dépense nationale, chiffres de l’INSEE,  est une dépense publique, le champ d’action du privé est de plus en plus restreint, il devient de plus en plus irresponsable, la capacité de prévision et d’anticipation se réduit comme peau de chagrin. Dans un pays comme celui-là, c’est le règne du bonneteau, le règne de l’arbitraire, du hasard. Du hasard dans lequel quand vous perdez, en plus, on vous plante le poignard dans le dos.

Nous espérons, au cours de l’été, pouvoir vous développer un texte scandaleux, vraiment scandaleux qui montre sur un cas concret, historique les ravages de la politique, les crimes des politiciens constructivistes, leurs infâmes mensonges. Nous pointerons les responsabilités des soi-disant idoles qu’étaient Mitterrand et Kohl dans la mise en place de l’euro. Vous finirez par penser comme nous,  que tous ces gens sont des usurpateurs, des menteurs, de vrais incompétents, dont la seule force réelle est de pouvoir faire payer aux autres leurs erreurs et prétentions.

En effet, le journal allemand Der Spiegel a forcé légalement les autorités allemandes à rendre publics les documents de l’Administration de Helmut Kohl. Ces documents étaient confidentiels. Ce sont des centaines de pages qui vont de 1994 à 1998 et qui traitent de l’introduction de l’euro et  l’inclusion de l’Italie.  

Des documents d’histoire, de la vraie histoire, pas de l’histoire de l’industrie automobile à usage de gauche réécrite par Montebourg. De l’histoire « live », vivante de l’époque et qui montre à quel point ces gens sont nuls, incompétents, menteurs et à quel point ils sont cyniques de jouer aux dès l’avenir des peuples. Ferré parlait « du capital qui joue aux dès notre royaume » mais là, c’est bien pire, ce sont deux individus mégalomanes qui veulent construire l’histoire et jouer aux dès nos nations, notre futur et celui de nos enfants.  

Dans ces documents, on voit toute l’absurde genèse du monstre européen, comment Kohl a trompé le peuple allemand et la Cour Constitutionnelle allemande avec son  complice français. On y apprend que Kohl a bâclé, c’est le mot, l’union monétaire pour des raisons électorales , avant les élections au parlement en 1998, parce que sa réélection était en difficulté !  On y apprend que c’est en toute connaissance de cause de la situation italienne que Mitterrand et Kohl ont accepté cyniquement de la faire entrer dans l’union, ce qui a ouvert la voie aux admissions des autres pays du sud, ces fameux pays dit du Club Med. Toute la dégringolade était sue, suivie, et on a menti, dissimulé. Tous les problèmes que l’ont fait semblant de découvrir et de traiter depuis 2010, étaient connus, prévus, ce sont ces gens qui les ont causés et qui maintenant vous les font payer, à vous et à vos enfants et aux enfants de vos enfants.

Vous le savez, une de nos idées phares est de réintroduire la responsabilité du monde politique. Ne pas être réélu ne suffit pas, au contraire, car quels que soient les crimes qu’ils ont commis, peu de temps après, effet de mémoire et de propagande, ils sont réhabilités. Il faut créer une continuité de la responsabilité de l’Etat, de ses serviteurs, de la classe politique, afin qu’ils ne puissent plus jamais dire, ce n’est pas moi, c’est l’autre. Faute de la réintroduction d’une telle responsabilité et des sanctions correspondantes, le mouvement actuel de dislocation, d’éclatement social se poursuivra avec son aboutissement final, le retour à une société de violence.

Billet publié initialement sur le blog a lupus.

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