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Contre toute attente, en 2012, les actes de piraterie maritime sont en net recul au large de la Somalie.
Contre toute attente, en 2012, les actes de piraterie maritime sont en net recul au large de la Somalie.
©DR

A l'abordage !

Pour la première fois depuis 2008, le nombre d'attaques de pirates dans le monde a baissé. C'est dans le Golfe d'Aden que le phénomène est le plus visible. Une situation rassurante pour les armateurs, à qui cette menace coûtait chaque année plus cher.

Olivier d'Auzon

Olivier d'Auzon

Olivier d'Auzon est juriste consultant auprès de la Banque africaine pour le développement, de la banque mondiale et de l'Union européenne.

Il est l'auteur de L'Afrique des nouvelles convoitises (Ellipses / septembre 2011).

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La piraterie maritime autour de la Somalie est devenue un véritable enjeu économique car elle perturbe le commerce maritime dans des eaux très fréquentées, notamment par des pétroliers.

Pour s’en convaincre, des marines de guerre patrouillent en permanence dans l’Océan Indien avec des moyens considérables. L’enjeu est assurément capital pour le commerce maritime qui a plus que triplé entre 1970 et 2009. Mais la croissance des activités de piraterie avait été bien plus forte.

Qu’on y songe, au début des années 1990, le Bureau Maritime International (BMI), recensait une centaine d’actes de piraterie par an, et les chiffres s’accroissent très vite : 300 en 1999, 469 en 2000, 406 en 2009, et 445 pour 2010.

Pour les dix premiers mois de l’année 2011, le BMI dénombrait 369 attaques conduisant au détournement de 36 navires. Globalement, il les évalue à plus de 4000 entre 1990 et 2009.

Contre toute attente, en 2012, les actes de piraterie maritime sont en net recul au large de la Somalie.

Pour l’expliquer, on pourrait avancer la généralisation des mesures de protection des navires et de l'action des forces navales dans la zone, qu'avait indiqué l'Amiral Jean-Baptiste Dupuis, qui commande la force européenne Atalante.

Quatre raisons expliquent la baisse des actes de piraterie

  • La première, ce sont les moyens militaires considérables qui sont déployés sur la zone.

Outre la mission Atalante, qui compte aujourd’hui cinq bâtiments et quatre avions de patrouille maritime, une force de l'Otan et une coalition maritime conduite par les Etats-Unis combinent leurs efforts pour lutter contre la piraterie. Des bâtiments d'autres pays, comme la Chine, le Japon ou la Corée du Sud, participent également à la protection de cette immense zone maritime.

Au total, 30 à 40 navires de ces différentes forces coopèrent actuellement dans cette zone de près de 17 millions de km².

Par ailleurs on soulignera que la force Atalante a possibilité de neutraliser les moyens logistiques des pirates à terre, sur le littoral et au mouillage, avant que ces moyens ne permettent aux pirates de conduire des attaques. Dans cette perspective on indiquera que le 15 mai 2012, un hélicoptère d'Atalante y a notamment frappé une base arrière de pirates dans la région de Galmudug, au centre de la Somalie.

  • Deuxième facteur de baisse des actes de piraterie : 70% des navires de commerce qui croisent dans la zone appliquent désormais des mesures de protection passives, la première étant de s'enregistrer auprès d'une entité internationale basée à Bahreïn, qui suit les déplacements des bateaux.


D'autres protections sont directement destinées à empêcher les attaques, comme la pose de barbelés le long des navires ou la mise en oeuvre de canons à eau pour repousser des assaillants.

  • Troisième facteur : la présence croissante d'équipes de protection privées à bord des bateaux. Dans ce contexte, environ 30% des navires de commerce ont désormais à bord ce type d'équipes de protection, armées ou non, qui apportent une dissuasion initiale à l'attaque.

Pour mémoire, on indiquera volontiers que les bâtiments français ne sont pas autorisés à embarquer des équipes de ce type. Il arrive cependant parfois que des équipes de protection fournies par la Marine nationale accompagnent les bâtiments français sensibles.

  • Quatrième facteur, d’ordre psychologique et financier : les arrestations de pirates – même si tous ne sont pas poursuivis – constituent assurément une perte sèche pour les gangs. Par ailleurs, la baisse du taux de réussite des actes de piraterie limite aussi certains de leurs moyens financiers, et par voie de conséquence leur emprise sur les populations locales.

  • Cinquième facteur. L'aide fournie aux autorités somaliennes et régionales, notamment par la formation de personnels, participe assurément au recul des actes de piraterie.

On l’aura compris, la lutte contre la piraterie au large de la Somalie est un réel succès. Pour autant les actes de piraterie restent présents dans le Golfe d’Aden. L’effort ne saurait être fléchi…

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