Investissement productif ou non, la "bonne dette" n'existe pas<!-- --> | Atlantico.fr
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Une des fausses idées les plus communes sur la dette consiste à affirmer qu'il y aurait une bonne dette, celle qui finance les investissements, et une mauvaise, celle qui finance le fonctionnement.
Une des fausses idées les plus communes sur la dette consiste à affirmer qu'il y aurait une bonne dette, celle qui finance les investissements, et une mauvaise, celle qui finance le fonctionnement.
©Bernadett Szabo / Reuters

Attention !

Dossier consacré aux ravages causés par la désindustrialisation en France. Réalisé par le site Débat & Co, il est intitulé "Industrie : la France a-t-elle besoin d'un plan ?". Épisode 3/3 : déconstruction du mythe de l'investissement productif public vertueux, qui n'existe pas plus que la bonne dette.

Jean-Marc Daniel

Jean-Marc Daniel

Jean-Marc Daniel est professeur à l'ESCP-Europe, et responsable de l’enseignement de l'économie aux élèves-ingénieurs du Corps des mines. Il est également directeur de la revue Sociétal, la revue de l’Institut de l’entreprise, et auteur de plusieurs ouvrages sur l'économie, en particulier américaine.

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Cet article est publié en partenariat avec le site Débat&co qui consacre 
un dossier au redressement productif

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La liste des idées fausses sur la dette publique est longue. Une des plus communes consiste à affirmer qu'il y aurait une bonne dette, celle qui finance les investissements, et une mauvaise, celle qui finance le fonctionnement.

Cette idée repose sur un tropisme courant consistant à vouloir analyser l'Etat comme une entreprise. Elle ignore la substance même de la dépense publique. Les économistes rappellent régulièrement que le salaire d'un chercheur qui prépare la croissance est du fonctionnement, alors que la construction d'un pont sur une route ne menant nulle part est comptabilisée en investissement.

Vouloir identifier l'Etat à une entreprise conduit à une double méprise : d'abord ne pas voir que l'entreprise sait quand elle se trompe dans ses investissements. Elle se trompe quand ses concurrents, par l'adoption de nouveaux procédés de production, lui prennent des parts de marché et l'acculent à la faillite. L'Etat n'est jamais dans cette situation.

L'Etat n'est pas une entreprise

Ensuite, ne pas comprendre que le rôle économique de l'Etat est, comme le rappelait Musgrave qui fut le grand théoricien des finances publiques du siècle dernier, de gérer ce que l'on peut appeler du terme générique d'externalités, c'est-à-dire pour faire simple, tous les mécanismes que les entreprises privées ne sont pas à même d'assumer. Si une activité publique peut rentrer dans une logique de marché, la bonne solution n'est pas d'en calculer la rentabilité pour la financer par des emprunts, mais de la privatiser. Un des derniers avatars de la vision de l'Etat devant chercher modèle dans la gestion des entreprises est la laborieuse opération de rédaction d'un bilan de l'Etat. Déjà, les révolutionnaires de 1789 s'y étaient essayés.

Tout s'est arrêté sur l'ordre de l'équivalent du directeur de cabinet de Clavières, le ministre des Finances de 1792, ce directeur de cabinet ayant considéré que cette opération était un non sens économique. Comme il s'appelait Jean Baptiste Say, cela vaut le coup d'y réfléchir. Say argumentait en insistant sur le fait que chacun a ses spécificités : l'Etat rend un service et est éternel, l'entreprise vend un produit et est susceptible de disparaître. Dans ses conditions, l'Etat ne doit pas copier les entreprises, mais doit améliorer dans l'absolu ses performances.

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