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Austérité : la stratégie Hollande consiste-t-elle à attendre un miracle ou à amollir les esprits pour mieux frapper ensuite ?
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Chroniques du pot aux roses

Mais aussi, cette semaine : les "people" ne seront pas taxés à 75 %, le mea culpa de Valérie Trierweiler et la nomination d'Audrey Pulvar à la tête des Inrocks.

Serge  Federbusch

Serge Federbusch

Serge Federbusch est président du Parti des Libertés, élu conseiller du 10 ème arrondissement de Paris en 2008 et fondateur de Delanopolis, premier site indépendant d'informations en ligne sur l'actualité politique parisienne.

Il est l'auteur du livre L'Enfumeur, (Ixelles Editions, 2013) et de Français, prêts pour votre prochaine révolution ?, (Ixelles Editions, 2014).

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1 - Valérie Compagne-Première et le coup des sept pouces

Valérie Compagne-Première a donc décidé de «tourner sept fois son pouce avant de tweeter». Tiens ? C’est bizarre mais la hausse de quatre points de CSG murmurée par le gouvernement correspondrait à une baisse de pouvoir d’achat se montant quasi exactement à sept fois le fameux «coup de pouce» au Smic. Curieuse coïncidence … En attendant, l’incident du tweet malencontreux «ne se reproduira plus», tranche le Président avec une mâle assurance à la télévision. Qu’elle se le tienne pour dit, cette effrontée, nous sommes dans un pays latin tout de même et l’homme y a le dernier mot !

2 - Bonne Mère et Grosse Bertha

Il n’est pas difficile de s’en rendre compte : la tactique du nouveau pouvoir consiste à gagner du temps pour amollir les résistances, en espérant qu’il sera plus facile d’acclimater progressivement l’idée d’austérité. C’est donc résignés, espère François Hollande, que les Français accepteront, à l’automne mais surtout l’année prochaine, de se faire tondre à l’ISF, ce que les victimes savaient déjà, mais aussi à la CSG, ce qu’elles ignoraient alors qu’elles sont considérablement plus nombreuses. Cet attentisme, qui tourne le dos aux dures mais nécessaires réformes de la dépense publique, ne peut avoir qu’une explication. Le président "normalissime" espère que, face à la menace d’un éclatement de la zone euro, les Allemands et la Banque centrale européenne accepteront enfin de monétiser les dettes publiques, repoussant de quelques années la confrontation avec la réalité. Bref, il croise les doigts et croit en l’aide providentielle de la Bonne Mère, comme du reste une grande partie des habitants de ce pays latin (décidément) et catholique que demeure la France. Continuer à avoir le beurre de la mondialisation : des importations pas chères et l’argent du même beurre : s’endetter pour panser les plaies des victimes de la désindustrialisation, tel est notre rêve collectif. Cet espoir sacré explique pourquoi François Hollande a été élu et pourquoi tout homme politique tentant de dissiper un tant soit peu ce halo de piété serait battu.

L’agenda présidentiel se heurte malheureusement à une réalité pénible : l’approfondissement de la crise. A la rentrée, la situation sera plus dégradée qu’aujourd’hui et en décembre bien plus qu’en septembre. Les premières mesures prises par le gouvernement (hausses d’impôt et suppression d’exonérations) pèseront sur le pouvoir d’achat et accroîtront la récession.Gagner du temps ne fera donc qu’attiser les peurs et les angoisses du peuple. Malgré les efforts anesthésiants des médias et des syndicats, la bête risque alors de se cabrer. Quant à l’Allemagne, il est probable qu’elle se cabre elle aussi et donne de la voix devant la difficulté à sortir ses voisins du Sud des sables mouvants où ils s’enfoncent. En fait de Bonne Mère, on risque d’entendre la Grosse Bertha.

3 – La pulvarisation des conflits d’intérêts

Juste une petite question à titre préventif : n’est-il pas périlleux que la compagne (Audrey Pulvar) d’un ministre chargé d’aider au redressement d’entreprises en difficulté (Arnaud Montebourg) devienne la salariée d’un journal dont le propriétaire (Mathieu Pigasse) est par ailleurs président d’une banque (Lazard) qui s’est spécialisée dans les restructurations en tous genres, notamment de sociétés ou de dettes d’Etats en difficulté ? A suivre de près…

4 - «Lèche, Lache, Lynche» : quand les médias vont-ils se retourner contre François Hollande ?

Bien conscient de la versatilité des faiseurs d’opinion, notre président a choisi l’esquive pour éviter les confrontations. Il le fait avec un art consommé comme en témoigne son refus catégorique et presque martial, 14 juillet oblige, des licenciements «secs» à Aulnay ... que précisément le PDG du groupe venait d’écarter ! Pas difficile d’être ferme dans ces conditions, ce qu’évidemment les journalistes intervieweurs se sont bien gardés de faire remarquer.

Pour l’heure, les télévisions sont sages et Libération, le Monde, le Nouvel Obs et tutti quanti font encore semblant de croire qu’il y a bien un plan de relance qui justifie l’adhésion à la règle d’or ou que le dialogue social perpétuel, à grands coups de conférences à tiroirs, évite d’avoir à prendre ses responsabilités.

On note toutefois, ici ou là, le début de commentaires ironiques, sur l’insaisissable président dont la normalité est telle qu’elle confine à la transparence, sous la plume de François Fressoz  ou de Sylvain Courage par exemple. La classique séquence «lèche, lache, lynche», dont fut victime Sarkozy en son temps, n’est pas encore enclenchée. Mais elle pointe déjà le bout du museau.

5 - Ouf ! Les «People» échapperont à l’impôt à 75 %

Sous prétexte qu’il ne s’agira que de taxer les revenus permanents et non les droits d’auteur ou gains sportifs, qui seraient variables, artistes et athlètes en tous genres devraient être dispensés du taux majoré d’impôt sur le revenu.

Cette explication ne vaut évidemment pas un dribble ou un disque d’or car le lissage des revenus exceptionnels est déjà prévu par le code des impôts et les droits d’auteur ou gains sportifs peuvent être tout à faits récurrents pour nos stars. Il s’agit en réalité pour François Hollande de ne pas se mettre définitivement à dos un public qui a un accès aisé aux médias. Quant aux industriels et financiers obscurs qui créent des emplois, dirigent de grands groupes et gagnent scandaleusement leur vie d’une année sur l’autre, eux peuvent payer...

6 - Messieurs les Anglais, tirez-vous les premiers !

My Goodness ! David Cameron, pressé notamment par les tories eurosceptiques, a donc admis le principe d’un referendum sur l’appartenance de la Grande-Bretagne à l’Union européenne. En des temps moins troublés, cette annonce eut créé un véritable séisme politique. A l’heure où l’Euroland menace ruine, ce serait presque un soulagement, pour les eurocrates, de se dire qu’ils n’auront peut-être plus à gérer ce mauvais coucheur perpétuel.

Il y a de la rouerie et de la tactique finaude, chez Cameron, à faire cette annonce. Il calme temporairement les plus remuants de ses opposants internes au moment où l’opinion britannique, par tradition hostile à la construction technocratique de Bruxelles, commence à trouver le temps long face aux sacrifices qu’on lui demande pour restaurer la croissance. Le débat sur l’ancrage dans l’Europe sera un bon dérivatif aux colères et frustrations albionesques.

Pour autant, cette option de sortie de l’Union serait cohérente avec les choix économiques fondamentaux du gouvernement de sa gracieuse majesté. Ils sont au nombre de trois et chacun est aux antipodes de ce que fait actuellement la France «hollandaise». D’abord, les Britanniques accentuent leur politique «pro business» en baissant les impôts, notamment ceux des entreprises et des contribuables les plus riches. Ils taillent concomitamment sans complexe dans les dépenses publiques et repoussent durement l’âge de départ à la retraite.

Parallèlement, pour donner de l’oxygène à l’économie, la Banque d’Angleterre rachète massivement des obligations émises par le trésor et fait donc le choix délibéré de la monétisation de la dette. Tout est également mis en oeuvre pour faire baisser le taux de change de la livre. On est très loin des interminables hésitations et dissensions continentales sur ces sujets.

Enfin, les grandes déclarations hypocrites sur la nécessaire solidarité avec les autres pays européens sont purement et simplement absentes du débat public : seuls priment les intérêts nationaux étroitement considérés.

Cette alliance de politiques à la fois rigoristes et souples peut sembler étrange vue de France. Elle a sa cohérence qui renvoie aux années Thatcher : nationalisme et libéralisme. Elle est surtout très pragmatique, cherchant à éviter que les réformes destinées à stimuler l’appareil productif ne soient torpillées par une politique monétaire trop restrictive. Les Britanniques ont bien fait de ne pas adopter l’euro et nous aurions dû suivre leur exemple. A défaut, nous sommes désormais piégés dans une relation avec l’Allemagne qui tend lentement à notre subordination.

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