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Moralisation de la vie politique : les bonnes intentions, c'est maintenant
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Bien tenté...

L'ancien Premier ministre Lionel Jospin va présider une commission chargée de la rénovation et de la déontologie de la vie publique. Une commission qui se bornera à donner des avis et qui n'aura aucun pouvoir décisionnel. Ce qui la rend caduque avant même son lancement et fait douter de sa réelle utilité.

Dominique Jamet

Dominique Jamet

Dominique Jamet est journaliste et écrivain français.

Il a présidé la Bibliothèque de France et a publié plus d'une vingtaine de romans et d'essais.

Parmi eux : Un traître (Flammarion, 2008), Le Roi est mort, vive la République (Balland, 2009) et Jean-Jaurès, le rêve et l'action (Bayard, 2009)

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C’est bien.


C’est bien de vouloir « moderniser » et moraliser la vie publique. C’est bien d’avoir confié cette mission délicate à un homme dont l’habileté et le sens politique peuvent être contestés, mais dont l’intégrité ne l’est pas. C’est bien d’avoir arraché Lionel Jospin aux délices et peut-être à l’ennui de la retraite qu’il fut amené, il y a dix ans déjà, à prendre avant l’âge. C’est bien à François Hollande d’avoir prouvé que l’ingratitude n’est pas la seule loi de la politique, et que les promesses engagent aussi ceux qui les font. C’est une bonne chose que, au moins dans un premier temps, MM. Guérini, Kucheida, Bourquin, Mme Andrieux d’une part, MM. Woerth, Balladur, Aeschlimann d’autre part et plus généralement aucun élu, à la fois juge et partie, n’aient été associés à la gestion de ce dossier. La route du changement est décidément pavée de bonnes intentions.

Qu’en résultera-t-il ? Dès l’instant que le rôle de la Commission présidée par M. Jospin et égayée par la présence mutine de Mme Bachelot est purement consultatif, sans vouloir douter a priori de la pertinence des solutions qu’elle proposera, on peut se demander si la majorité nouvelle, qui n’a qu’à se louer, comme la précédente, des avantages injustes que donne au plus fort le mode de scrutin actuel, introduira effectivement une dose – et laquelle ? – de proportionnelle dans le Code électorale.

On peut se demander si des parlementaires massivement hostiles au non-cumul des mandats – et avec quelques bonnes raisons – accepteront d’y mettre fin. On peut se demander si les obstacles antidémocratiques accumulés en travers de la route des candidats à l’élection présidentielle seront enfin déblayés. On peut se demander également si M. Jospin qui, désabusé, reconnaissait il y a quinze ans que l’Etat ne peut pas tout en matière économique, est bien l’Hercule qu’il nous faut pour nettoyer les modernes écuries d’Augias et faire régner sur le paysage politique une « transparence » qui, pour être réelle, devrait aller bien au-delà du seul financement des campagnes électorales.

Mais ne préjugeons pas. L’avenir, ce n’est pas maintenant. Dans cinq ans, si l’on en croit les engagements d’un président qui n’en finit pas d’inaugurer son mandat avec une mine ravie, notre économie malade sera guérie, le déficit du budget comblé, la dette publique allégée, la balance de notre commerce rééquilibrée, notre industrie redressée et productive, les inégalités sociales corrigées, l’enseignement restauré, la recherche féconde, les cités réhabilitées. Les lendemains chanteront et les poules auront des dents. Alors, pourquoi la vie publique ne serait-elle pas modernisée et moralisée ?

Dès à présent, on attend avec impatience la fin du quinquennat de M. Hollande.

Pour juger.

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