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Observatoire des violences faites
aux femmes : un énième comité Théodule
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Après les polémiques liées à l'abolition de la prostitution et celles sur le projet de loi portant sur le harcèlement sexuel, Najat Vallaud-Belkacem a évoqué mercredi dernier sa volonté de créer un Observatoire des violences faites aux femmes. Encore un coup dans l'eau pour une ministre qui cherche avant tout à faire parler d'elle ?

Lydia Guirous

Lydia Guirous

Lydia Guirous est essayite, auteure de « Assimilation en finir avec ce tabou français » aux éditions de l’Observatoire et de « Ca n’a rien à voir avec l’Islam ? Face à l’islamisme réveillons-nous » aux éditions Plon, réédition en version augmentée et inédite.

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En politique il y existe une technique simple et efficace : quand on ne sait pas comment agir efficacement sur une situation donnée, alors il faut réussir à faire illusion. En effet, il faut réussir à faire croire que l’on agit sur le dossier et communiquer. Pour cela plusieurs options s’offrent à la femme et l’homme politique :

  • Ouvrir un moratoire,
  • Un Grenelle
  • Créer une commission
  • Créer un groupe de travail
  • Commander un audit
  • Créer un observatoire

Madame la ministre Najat Vallaud-Belkacem a découvert la cause des femmes sur le tard mais connaît toutefois très bien les rouages de la politique et de la communication politique, aussi elle a choisi l’option de la création d’un observatoire...


Vitesse et précipitation : une ministre qui a besoin d’exister

Cette nouvelle annonce de la ministre aux Droits des femmes démontre une fois de plus à quel point elle confond vitesse et précipitation. En effet, après seulement deux mois d’activité, déjà tant de chantiers ont été lancés sans concertation, ni respect des personnes directement concernées : projet de loi sur le harcèlement sexuel approximatif et incompréhensible, décision d’abolir la prostitution (rien que ça…) sans concertation avec les organisations concernées, et aujourd’hui… l’annonce du lancement d’un observatoire des violences faites aux femmes en octobre.

Ainsi, Najat Vallaud-Belkacem démontre, malheureusement, sa méconnaissance des sujets liés aux droits des femmes. Qu’importe. La ministre, cornaquée par sa conseillère Caroline de Haas (ancienne de Osez le féminisme) et soutenue par les associations féministes de gauche (qui se sont autoproclamées l’unique voix du féminisme en France…), a pour seul objectif de communiquer. De toute façon, qui osera critiquer les initiatives du ministère des Droits des femmes ? Émettre un commentaire, c’est s’exposer au risque d’être mis dans la catégorie du misogyne si vous êtes un homme ou de l’antiféministe si vous êtes une femme.


Incapacité à proposer de vraies solutions adaptées

Beaucoup de socialistes et de féministes de salon souffrent d’un goût  très prononcé pour les tables-rondes incessantes et la contemplation des problèmes sociaux.

Cet observatoire en est la conséquence. Lancer un observatoire, c'est avouer un manque de volonté et une incapacité à proposer de vraies solutions pratiques. Par ailleurs, ces annonces participent, à l’heure des restrictions budgétaires, de la rigueur et de la multiplication des plans sociaux, à augmenter la défiance des Français vis-à-vis du personnel politique.


Un moyen de remercier et recaser les ami-e-s de François

Après une campagne électorale, la tradition veut que l’on remercie les personnes ayant œuvré à la victoire. Aussi, nous avons déjà un gouvernement composés de 44 ministres (la crise justifie certainement ce nombre) mais cela n’est pas suffisant pour remercier les camarades. Ainsi, la création d’un Observatoire revêt tout son intérêt cars soyons honnêtes, il s’agira à travers la création de cet observatoire de remercier en recasant confortablement et grassement celles qui n’ont pas encore été servies… le  tout sur fonds publics évidemment.

Une remise en cause grave du travail des services des ministères de l’Intérieur et de la Justice

L’annonce de la création de cet énième comité Théodule me surprend également tant il constitue une remise en cause grave du travail des services des ministères de l’Intérieur et de la Justice. Autrement dit, la création de cet observatoire signifie que les services de l’Intérieur et de la Justice ne sont  pas capables de rassembler, classer et analyser des données liées aux violences faites aux femmes. Ensuite cela signifie que leurs statistiques ne sont pas pertinentes et enfin qu’ils seraient incompétents pour mettre en place des politiques adéquates pour lutter contre les violences faites aux femmes ? 

En matière de violences faites aux femmes, nous connaissons la situation, nul besoin d’observer d’avantage. Nous n’en avons ni le temps, ni les moyens. Il est temps d’arrêter « l’observation » stérile, l’heure est à l’action pragmatique et coordonnée.

Aujourd’hui, il s’agit de respecter ces milliers de femmes victimes de violences en poursuivant ce qui a été entrepris par le gouvernement précédent en matière de lutte contre les violences faites aux femmes et en renforçant les dispositifs déjà existants. Une politique interministérielle coordonnée entre les services du ministère de l’Intérieur, de la Justice et l’Education Nationale serait beaucoup plus efficiente qu’un nouvel observatoire-salon dont les français sont las !

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