Le talon d'Achille du Sida bientôt découvert ?<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
International
Pour conserver son efficacité protectrice, les antirétroviraux doivent être pris oralement, sous forme de comprimé, une fois par jour. Une petite contrainte qui pourrait changer la vie de nombreux séropositifs et de leurs conjoints.
Pour conserver son efficacité protectrice, les antirétroviraux doivent être pris oralement, sous forme de comprimé, une fois par jour. Une petite contrainte qui pourrait changer la vie de nombreux séropositifs et de leurs conjoints.
©Reuters

Petits pas, grandes avancées

Des traitements antirétroviraux, comme le Truvada, pourraient réduire de façon très significative les risques de contamination des non-séropositifs. De même, une nouvelle étude semble avoir trouvé le moyen de restaurer les défenses immunitaires de ceux qui ont été contaminés, permettant à leur organisme de lutter contre le virus.

Le Sida… Depuis les années 80, ce virus sexuellement transmissible a envahi la planète. Actuellement, plus 35 millions de personnes sont infectées dans le monde, malgré les campagnes de prévention et les programmes internationaux. Mais des lueurs d’espoir voient le jour, même si l’espéré vaccin ou traitement miracle demeure encore loin.

Deux essais cliniques tentaient de prouver qu’un traitement préventif antirétroviral était efficace pour éviter les infections. Leurs résultats définitifs, publiés ce mercredi aux Etats-Unis et menés en Afrique sur des couples hétérosexuels sérodiscordants (c’est-à-dire où l’un des conjoint est séropositif, et l’autre non), confirment leur efficacité.

En revanche, au Kenya, en Tanzanie et en Afrique du Sud, une troisième étude, parue ce même jour, n'a montré pratiquement aucun effet. Cependant, selon les auteurs, la raison serait "la faible observance des antirétroviraux par les participantes", toutes séronégatives. Car en effet, pour conserver son efficacité protectrice, ces antirétroviraux doivent être pris oralement, sous forme de comprimé, une fois par jour. Une petite contrainte qui pourrait changer la vie de nombreux séropositifs et de leurs conjoints.

Ces trois essais ont été publiés dans la revue médicale américaine New England Journal of Medicine. Financé par la fondation Gates, le premier a été conduit de 2008 à 2010 au Kenya et en Ouganda auprès de 5 000 couples hétérosexuels dont l'un des partenaires était séropositif. Les partenaires séronégatifs ont été divisés en trois groupes dont le premier a pris un seul antirétroviral, le Ténofovir (Viread), le second une combinaison de Ténofovir et d'Emtricitabine (Truvada), et le troisième un placebo.

Les membres des deux premiers groupes ont vu leur risque d'être infectés par le virus de l'immunodéficience humaine (VIH), responsable du sida, réduit de 67% et 75% respectivement, comparé au groupe du placebo.

Le second essai a été effectué de 2007 à 2010 au Botswana auprès de 1.219 hommes et femmes, formant des couples hétérosexuels sérodiscordants. Les partenaires séronégatifs ont été répartis en deux groupes dont l'un a pris du Truvada (Ténofovir + Emtricitabine) et l'autre un placebo. Les participants traités avec le Truvada ont vu leur risque d'être infectés réduit de 62,2%.

"La publication de ces études tombe à point nommé car sur la base de leurs résultats, comme de ceux d'essais cliniques antérieurs, un comité consultatif d'experts indépendants a récemment recommandé à l'Agence américaine des médicaments (FDA) d'approuver le Truvada", écrivent dans un éditorial publié dans le New England Journal of Medicine les docteurs Myron Cohen, de l'Université de Caroline du Nord, et Lindsey Baden, de l'Hôpital des femmes à Boston.

"Les antirétroviraux pris de façon préventive (par des séronégatifs, ndlr) ne devraient jamais être vus comme pouvant se substituer aux préservatifs", insistent-ils. "Bien que nous n'ayons pas d'indication d'un usage moindre des préservatifs dans ces études, nous devons nous assurer qu'une prévention avec des antirétroviraux avant une exposition au virus n'encourage pas indirectement des comportements sexuels risqués".

Pour autant, certains des sujets des tests ont rapporté des effets secondaires parfois gênants. Ils peuvent aller de la perte de densité osseuse à des maux de têtes et des vomissements. A surveiller, donc.

En France, l’essai de l'essai Ipergay, lancé en janvier par l'Agence nationale de recherche sur le sida, suit une méthodologie différente. Il vise à tester l'effet préventif du Truvada chez 300 volontaires, mais dans un contexte très particulier: seuls les homosexuels qui n'utilisent pas de préservatif à chaque rapport sont recrutés. Le traitement est pris de façon ponctuelle avant ou après un rapport sexuel, et non tous les jours. L'objectif : connaitre l’impact d’une prise intermittente du Truvada sur le nombre de contaminations par le VIH. En effet, le coût du traitement préventif en continu est loin d'être négligeable, avec près de 10.000 euros par an pour chaque patient...

Une nouvelle piste mériterait aussi d’être explorée, selon une autre étude. Les chercheurs ont découvert que, lorsque le virus pénètre le corps humain, il produit une protéine, appelée vpu, qui met à mal les défenses immunitaires de celui qui est contaminé, l’empêchant de se défendre contre l’agression. Normalement, le système immunitaire empêche les virus de se répliquer et de se répandre. Pas dans le cas du VIH.

Mais lorsque les chercheurs ont modifié génétiquement le virus du sida afin qu’il ne produise plus cette fameuse vpu, le système immunitaire s’est révélé capable de combattre le virus. Tout du moins, dans les cas observés en laboratoire. Reste à savoir si, à l’échelle humaine, le résultat serait le même. Car cette découverte pourrait ouvrir la voie à une toute nouvelle gamme de traitements thérapeutiques contre le sida. Mais ceci ne concerne que les premiers stades de l’infection… Affaire à suivre !

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !