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Croissance chinoise en baisse : le dragon en panne de flammes ?
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Il suffirait d'une étincelle ?

La Chine s'est réveillée ce vendredi avec le mal de crâne d'une croissance à son plus bas niveau depuis trois ans. Entre la récession européenne et une politique monétaire restrictive, quoiqu'un peu assouplie aujourd'hui, la troisième puissance mondiale est-elle en manque de solutions ? Le gouvernement chinois sera-t-il obligé de nourrir à nouveau les bulles spéculatives -immobilier, banque, industrie ?

Robin Rivaton

Robin Rivaton

Robin Rivaton est chargé de mission d'un groupe dans le domaine des infrastructures. Il a connu plusieurs expériences en conseil financier, juridique et stratégique à Paris et à Londres.

Impliqué dans vie des idées, il écrit régulièrement dans plusieurs journaux et collabore avec des organismes de recherche sur les questions économiques et politiques. Il siège au Conseil scientifique du think-tank Fondapol où il a publié différents travaux sur la compétitivité, l'industrie ou les nouvelles technologies. Il est diplômé de l’ESCP Europe et de Sciences Po.

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Selon les chiffres officiels du Bureau national des statistiques donnés vendredi pour le second trimestre de l’année 2012, la croissance du PIB en Chine a atteint son plus bas niveau depuis 3 ans à 7,6% en glissement annuel. Les prophéties d’un scénario noir pour la seconde économie mondiale, déjà évoquées en octobre dernier ici même, reprennent corps.

La tête dans le ruisseau, la faute à l’Euro

Bien que la part de la consommation intérieure ait progressé sur la première partie de l’année, représentant 58% de la hausse du PIB contre 48% un an plus tôt, le pays reste encore extrêmement dépendant de ses exportations qui, en forte baisse, contribuent à une baisse de 7% du PIB.

L’Europe, qui représentait encore au premier semestre 2012, le premier partenaire commercial pour les exportations chinoises, est sur le point d’entrer en récession, ce qui provoque un important ralentissement des échanges que la très légère hausse des exportations en direction des Etats-Unis ne parvient pas à compenser.

Le reste de la croissance provient de l’investissement dans les grands projets d’infrastructures et immobiliers qui génèrent 49% de la croissance du PIB contre 53% un an plus tôt. Il s’agit pour partie des effets du gigantesque plan de relance de 586 milliards de dollars de novembre 2008.

Quelles marges de manœuvre ?

Le gouvernement avait annoncé une prévision de croissance très prudente de 7,5% pour l’année 2012. Il s’agit d’un chiffre qui doit être dépassé car il représente le plancher à partir duquel la croissance économique ne crée plus suffisamment de richesses pour intégrer les classes les plus modestes rurales comme urbaines, provoquant un vif mécontentement social.

Pour favoriser la croissance, les autorités chinoises ont déjà assoupli la politique monétaire restrictive qui visait à supprimer les créances douteuses accumulées dans les banques du pays. Depuis le début du mois de juin, la Banque centrale chinoise a mené deux baisses du taux directeur. Conséquence directe, les conditions d’emprunt se sont nettement améliorées, le taux d’emprunt moyens pour les emprunteurs institutionnels a baissé de plus de 1,5% depuis le 1er juin. Et les banques ont accordé 15,8% de crédits supplémentaires, soit pas moins de 126 milliards de dollars, en juin par rapport au mois de mai. D’ailleurs avec une inflation inférieure à 2%, la Banque central devrait être amenée à poursuivre sa baisse de taux au second semestre 2012.

Pourtant il s’agit majoritairement de crédits à court terme que souscrivent les emprunteurs pour bénéficier des taux plus favorables, les prêts à moyen et long terme restant faibles

Oser l’impensable, nourrir les bulles

La question est de savoir jusqu’où le gouvernement sera-t-il prêt à aller pour obtenir le chiffre salvateur de 8% sur l’année.

Le point central est le marché immobilier. Terrain d’une bulle spéculative sans précédent, le gouvernement n’a eu d’autre choix que de le réglementer très fermement depuis 2 ans afin de limiter la hausse des prix. Mais le secteur immobilier est aussi un levier économique très puissant qui influence directement plus de 12% du PIB chinois. Les autorités auraient donc déjà levé les freins posés depuis 2 ans, et immédiatement les prix de l’immobilier ont de nouveau augmenté en juin marquant une rupture avec 9 mois de baisse consécutive.

Un deuxième axe de relance, à savoir de nouvelles autorisations pour des projets industriels dans l’acier, l’énergie ou les infrastructures, a également évoqué cette semaine par le premier ministre chinois Wen Jiabao. Pari pour le moins risqué quand on sait que de nombreux secteurs présentent des surcapacités, qui poussent les prix à la baisse et que la production industrielle a même diminué entre mai et juin de cette année, passant de 9,6% à 9,5%.

Pour atteindre leurs objectifs de croissance, les autorités chinoises n’ont d’autres moyens que de nourrir de nouveau des bulles – immobilières, bancaires, industrielles – dont elles avaient senti tout le danger au cours de l’année 2010. Sans un véritable plan de développement de la consommation intérieure avec l’ouverture d’une réflexion sur la création d’un système, même minimal, de protection sociale, cet exercice d’équilibriste a toutes les chances de se conclure par une chute vertigineuse.

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