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Consultation des militants de l’UMP&nbsp: François Fillon rejoue-t-il Ségolène Royal et son Désirs d’avenir&nbsp?
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L'ancien Premier ministre, qui avait annoncé sur Twitter sa candidature à la présidence du parti, a décidé d'"écouter" les sympathisants UMP en lançant "un espace de débat" sur Internet et les réseaux sociaux. Une initiative qui rappelle la démocratie participative chère à Ségolène Royal.

Benoît Thieulin

Benoît Thieulin

Benoît Thieulin est le fondateur de l'agence La Netscouade et président du Conseil National du Numérique.

En 2006-2007, il a participé à la campagne Internet de Ségolène Royal, notamment à travers la création du site Désirs d'Avenir.

 

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Atlantico : François Fillon souhaite "ouvrir une réflexion collective" en ligne sur le futur projet de l'UMP. L'ancien Premier ministre nous rejoue-t-il Désirs d'avenir ?

Benoît Thieulin : Oui mais il n’est pas le seul. Sans vouloir polémiquer, Obama avait déjà copié Ségolène Royal. La vague participative a déferlé via Internet sur à peu près tous les secteurs : l’éducation, la consommation et évidemment la politique. Ce qui est ironique, c’est que je me souviens qu' à l'époque où nous avons créé Désirs d’avenir, nous avons été accusés de « poujadisme ». La démocratie participative était considérée comme quelque chose qui remettait en cause les fondements même de la démocratie représentative.

Énormément critiquée à l’époque, Ségolène Royal a finalement gagné dans les esprits cinq ans plus tard... Au point que ses principaux opposants sont en train de mettre à profit les recettes qu’elle a lancées. C’est une bonne nouvelle pour elle, surtout à un moment aussi difficile de sa carrière. On peut lui tirer un grand coup de chapeau car, sur ces sujets, elle a eu une longueur d’avance sur tout le monde.

Cela ne m’étonne pas que ce soit François Fillon qui fasse ce choix au sein de l'UMP. Depuis qu’il a été ministre de la Recherche et des nouvelles technologies dans le gouvernement d'Alain Juppé, il est resté sensible au sujet. Si Nicolas Sarkozy ne comprenait pas grand chose aux nouvelles technologies, François Fillon était un Premier ministre un peu « geek ».

Cela a aussi porté préjudice à Ségolène Royal, on s’est beaucoup moqué de Désirs d’avenir… François Fillon ne commet-il pas une erreur de communication ? 

A mon sens, Internet a largement contribué à la victoire de Ségolène Royal aux primaires socialistes de 2006. Cela ne lui a pas porté préjudice, au contraire. Elle a construit sa candidature avec les gens. 

Sans refaire le match, pour la présidentielle, la situation était un peu différente. Les Français attendaient beaucoup d’autorité et cette posture d’écoute qu’elle avait prise n’a plus fonctionné. Mais l’expérience de 2006, créer une adhésion à partir d’Internet au travers d’une communauté de soutien, a bien fonctionné.

Ce genre de méthode ne traduit-il pas, malgré tout, un manque d’idées de la part des hommes politiques ?

Je ne pense pas que l’on puisse dire cela. Je ne sais pas si Fillon a des idées et des convictions, mais ce n’est pas parce qu’il a pris cette initiative là qu’immanquablement il n’a pas d’idées. Au contraire, cela signifie qu’il joue la carte de l’ouverture, qu'il a une vision démocratique et sociale.

Par ailleurs, l'objectif des débats en ligne n’est pas forcément de faire émerger des idées nouvelles. Le but est plutôt de construire un consensus. Quand les politiques y recourent, c’est qu’ils considèrent qu’il y a un déficit de lien, de proximité. L'objectif est de construire une communauté autour d’avis et de convictions communes.

Dans un parti de tradition bonapartiste comme l'UMP, la proposition de François Fillon de recourir à l'opinion des militants constitue-t-elle une petite révolution ? 

Tout à fait. Mais il n’y a pas de raisons que l’UMP ne fasse pas un jour sa mue pour devenir un parti plus "horizontal" et plus démocratique. Les phases participatives qui correspondent à des mouvements d’horizontalité dans la vie politique sont très bien venues lorsqu'on est en phase de gestation, de construction d’une candidature, de réflexion autour d’un nouveau projet. C’est pour cela que Désirs d’avenir en 2006 a été très efficace pour la candidature de Ségolène Royal.

Propos recueillis par Alexandre Devecchio

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