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Bourses : l'Eurogroupe a-t-il vraiment rassuré
les marchés financiers ?
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Nouveau sommet pour rien ?

La réunion de l'Eurogroupe du 9 juillet a permis d'accorder un répit à l'Espagne et de faire baisser le taux d'emprunt des pays en difficulté. Mais les marchés restent dans le rouge et l'euro continue sa descente face au dollar.

Jérôme Revillier

Jérôme Revillier

Jérôme Revillier est  fondateur d’Eole Trading et gérant chez Alternative Capital Investments.

Il est conseiller et stratège auprès de professionnels des marchés et de sociétés de gestion.

Il contribue chaque semaine à l’Edito des matières Premières et devises.

Il développe en 2010, en exclusivité pour les Publications Agora, un service de trading unique sur le Forex : FxProfitTrader.

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Le lundi 9 juillet se tenait la réunion des 17 ministres des finances de la  zone euro : l’Eurogroupe. Cette réunion très attendue après une semaine agitée sur les marchés avec la baisse des taux de la BCE et à la suite d’un sommet européen tendu, devait apporter des solutions concrètes à l’Espagne très bousculée sur le marché obligataire et entériner les engagements pris le 28 et 29 juin par les chefs d’états.

Problème de gouvernance réglé...ou presque

Mais le premier sujet épineux qui a animé les débats n’est pas la crise mais bien la problématique de la succession de Jean Claude Juncker, président du groupe dont la place était convoitée par le ministre des Finances allemand, Wolfgang Schäuble. La candidature de ce dernier, poussée par Angela Merkel, était au contraire rejetée par une grande partie des membres, craignant de voir l’influence de l’Allemagne s’affirmer davantage.
Finalement, Juncker prolonge son contrat de deux ans et demi, repoussant, comme en ont pris l’habitude les dirigeants européens, le problème à plus tard.

100 milliards pour l’Espagne

Le bal des nominations terminé, avec au passage un Allemand à la tête du futur Mécanisme européen de stabilité (MES), les ministres ont pu s’attaquer au sujet économique du moment : l’Espagne. Au terme des débats, c’est finalement un accord d’aide de 30 milliards au secteur bancaire espagnol qui a été trouvé, pouvant atteindre jusqu’à 100 milliards d’euros en cas de nécessité.

Et cerise sur le gâteau, cette aide est versée sans contrepartie aux espagnols qui garderont, via leur fond de restructuration «Frob», la maitrise totale des fonds pour les distribuer aux banques selon les besoins. Un délai supplémentaire a été également accordé au gouvernement espagnol pour ramener son déficit sous les 3%.

La Finlande, une menace pour l’euro ?

Mais le véritable enjeu était ailleurs et beaucoup plus technique.

Le conseil européen de fin Juin a convenu d’autoriser son mécanisme européen de stabilité à recapitaliser directement les banques sans passer par les Etats. Ce dispositif a pour but de permettre aux pays en difficulté de voir leur taux d’emprunt baisser significativement. Mais la Finlande et la Hollande ont émis leur réserve... voir plus que ça.

En effet, ces derniers ne veulent pas financer les dettes des banques étrangères et contestent la régularité du MES. Si techniquement, le MES pourrait agir « en urgence » avec seulement 85% des voix des membres , et donc sans l’accord de ces deux pays qui ne représentent que 8% du conseil, l’impact politique est plus difficile à chiffrer.

La Finlande a d’ores et déjà prévenu que son engagement dans la zone euro ne se ferait pas à n’importe quel prix, traumatisée par une crise dans les années 90.

Pourquoi l’Eurogroupe n’a pas réussi à rassurer les marchés ?

Alors que le sommet européen avait apporté quelques espoirs d’harmonisation, que la BCE a montré sa capacité à aller plus loin dans la politique monétaire, la concrétisation des décisions semble beaucoup plus difficile à atteindre.

Aujourd’hui, trois jours après l’Eurogroupe, la situation sur les marchés, avec des indices dans le rouge,  illustre l’impuissance des politiques.

L’euro, lui, continue de baisser et atteint le seuil des 1,22 dollar. Si cette baisse peut être salutaire pour les exportateurs, elle n’est malheureusement pas le fruit d’une politique efficace et coordonnée, mais le résultat d’une défiance importante sur la cohésion de la zone euro.

Il est désormais clair que les marchés ne comptent plus sur les politiques mais vont se focaliser sur les décisions prochaines de la BCE, qui représente, désormais, la seule issue possible.

Ça nous promet encore beaucoup d’agitation pour les prochaines semaines.

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