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Prostitué(e)s, l'égalité c'est maintenant !
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Mauvaise idée ?

La volonté de la ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud Belkacem, d'abolir la prostitution et de pénaliser les clients ne fait pas l'unanimité. Le Syndicat des travailleuses du sexe s'est opposé à ce projet de loi : "On ne veut pas disparaître, et on ne veut pas non plus être sauvées", déclarent-elles. Selon elles, si cette loi ambitionne de mettre fin au "système prostituteur", elle encouragerait finalement la mise en place d'un réseau de prostitution plus difficile à combattre.

Lydia Guirous

Lydia Guirous

Lydia Guirous est essayite, auteure de « Assimilation en finir avec ce tabou français » aux éditions de l’Observatoire et de « Ca n’a rien à voir avec l’Islam ? Face à l’islamisme réveillons-nous » aux éditions Plon, réédition en version augmentée et inédite.

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La nouvelle lubie de la ministre aux Droits de femmes, Madame Najat Vallaud-Belkacem, me laisse perplexe. Depuis quelques semaines, la Ministre, soutenue par ses nouvelles amies féministes socialistes a un nouveau cheval de bataille… Abolir la prostitution et « le système prostituteur ».


Outre le côté quelque peu irréaliste et uniquement  symbolique d’une telle mesure, il convient de se pencher sur la situation de la prostitution en France et les conséquences d’une telle décision. Ce projet est  motivé par une dangereuse négation des libertés individuelles d’une catégorie de la population et une volonté d’imposer un  jugement moral de la société sur ces personnes prostituées.

Il est important de rappeler que traiter de ce sujet exige de bien distinguer deux types de prostitution.

Tout d’abord , la prostitution subie qui concerne des femmes victimes de réseaux mafieux, travaillant sous la contrainte morale et physique de proxénètes. Ces victimes de réseaux mafieux sont majoritairement des femmes sans papiers et originaires des pays de l’Est de l’Europe  et de l’Afrique.  Un « délit de proxénétisme » existe déjà a rappelé Christine Taubira, Garde des Sceaux,  et la police travaille à faire reculer ce trafic. Il est évident que des moyens supplémentaires doivent être alloués pour lutter contre ces réseaux mafieux et cette traite indigne et intolérable.

L’abolition de la prostitution aura pour conséquence une plus grande clandestinité de la prostitution. Cette clandestinité servira les intérêts des mafieux et proxénètes que ce projet souhaite combattre… Il augmentera la vulnérabilité, l’isolement, et rendra le travail des associations d’aide aux prostitués plus difficile. Pire que mieux donc.

Le second type de prostitution est une prostitution qui relève de la liberté individuelle. En effet, les prostitués par choix semblent s’être appropriées le slogan féministe « Mon corps m’appartient »  et usent de leur liberté pour faire commerce de leur corps. Autrement dit, en se prostituant elles décident librement de la manière dont elles disposent de leurs corps et personne ne peut remettre en question cette liberté.

Est-il  légitime pour un Etat de légiférer sur des actes sexuels consentis ?

La liberté des prostituées  par choix est très difficile à admettre pour les féministes abolitionnistes. En effet, les prostituées par choix ne se sont ni prostituées suite à des contraintes physiques ou morales, ni aliénées. Il s’agit de personnes majeures, conscientes de leur choix et consentantes. Les travailleuses du sexe aspirent à obtenir des droits, comme tous travailleurs. Elles sont en quête d’égalité…


Aussi, ce projet d’abolition de la prostitution a des conséquences dangereuses pour les travailleuses du sexe comme pour les victimes des réseaux mafieux. La prostitution se déplacera vers Internet mais surtout  vers plus de clandestinité. Le racolage aura lieu dans des zones encore plus isolées et inaccessibles. La pénalisation du client augmentera la pression sur les prostitués qui  prendront plus de risques sanitaires lors de leurs passes et s’exposeront ainsi d’avantage aux infections et maladies sexuelles transmissibles.


Rappelons que ce sujet ne doit pas souffrir de position de principe motivée par le retour d’une morale puritaine et bien-pensante. Les conséquences humaines et sanitaires sont lourdes. Il ne faut ni se voiler la face par pudeur, ni par mépris pour ces populations.


Il est urgent d’ouvrir un chantier sur l’accès des travailleuses du sexe aux droits sociaux (sécurité sociale, retraite). Il convient de reconnaitre leurs droits et leurs devoirs de citoyennes et de travailleuses. L’enjeu est d’éviter de nombreux drames pour des femmes, des hommes et des familles. L’égalité, c’est maintenant ?

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