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Soutien russe à la Syrie :
cherchez la femme !
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Le coeur a ses raisons...

Dans la guerre civile qui secoue en Syrie, la Russie soutient fermement le régime de Bachar el-Assad. Comme le montrent les laborieuses négociations de Genève, Moscou ne semble pas décidé à exercer une véritable pression sur le régime syrien pour trouver une issue politique à la crise. Il est vrai que la relation russo-syrienne a de multiples facettes.

Guillaume Lagane

Guillaume Lagane

Guillaume Lagane est spécialiste des questions de défense.

Il est également maître de conférences à Science-Po Paris. 

Il est l'auteur de Questions internationales en fiches (Ellipses, 2021 (quatrième édition)) et de Premiers pas en géopolitique (Ellipses, 2012). il est également l'auteur de Théories des relations internationales (Ellipses, février 2016). Il participe au blog Eurasia Prospective.

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Damas apparaît comme le dernier allié russe dans la région. Après la chute de l’Irak de Saddam Hussein (2003) et de la Libye du colonel Kadhafi (2011), la Syrie est l’ultime vestige du Moyen-Orient des années 1970. Dominé par les régimes « nationalistes arabes » installés au Caire, à Damas, à Bagdad, il était ennemi d’Israël, hostile à l’Occident et favorable au bloc soviétique. Après le revirement de l’Egypte en 1979, le déclin de l’influence russe a commencé partout… sauf en Syrie. Depuis la prise du pouvoir par le parti Baas en 1963, et surtout l’arrivée au pouvoir du ministre de la défense, Hafez el-Assad, lors du « mouvement de correction » de 1970, Moscou est le principal partenaire de la Syrie. Après l’effondrement de l’URSS, la relation syro-russe est restée fondamentale pour le régime de Damas. L’armée syrienne, comme il y a peu les armées irakiennes et libyennes, est principalement équipée avec du matériel soviétique. Et Moscou dispose à Tartous, sur la côte syrienne, de sa seule base navale en Méditerranée.

Damas est aussi le dernier domino en date du « printemps arabe ». Moscou fait le pari qu’une victoire militaire de Bachar el-Assad, qui a succédé à son père en 2000, arrêtera le mouvement de démocratisation qui secoue la région. Aux yeux de la Russie, ces révoltes arabes ne sont de toute façon qu’une vaste entreprise de déstabilisation du monde arabe, semant le désordre et préparant l’arrivée au pouvoir de radicaux islamistes. Une vision pessimiste qui était, il y a peu, celle des chancelleries occidentales. Une vision qui rappelle surtout l’opposition de Moscou aux « révolutions de couleurs » en Géorgie et en Ukraine au début des années 2000, considérées comme des complots de la CIA. Le soutien de Vladimir Poutine au régime syrien peut ainsi se lire à travers le prisme de l’opposition aux Etats-Unis. Et comme un moyen de décourager les manifestants qui, en 2011, sont pour la première fois descendus dans les rues de Moscou.

Enfin, détail peu connu, la Syrie abrite une communauté russe non négligeable. Comme le rappelait cette semaine le New York Times, près de 20 000 femmes russes ont épousé, depuis les années 1960, des ressortissants syriens. Dans leur immense majorité, il s’agissait de jeunes militaires ou officiels syriens venus parfaire leur formation en Union soviétique et qui, encouragés par les autorités à développer leur internationalisme socialiste, cédaient au charme slave.

Pour les jeunes Russes, un mariage syrien était la promesse d’une sortie plus facile de l’URSS, les Syriens n’étant pas soumis aux mêmes contraintes que d’autres pays frères. C’était aussi la probabilité de trouver un mari sobre. Pour les jeunes Syriens, épouser une jeune femme russe permettait d’éviter le versement d’une dot, souvent élevé dans la société syrienne. Et d’obtenir un ménage plus calme : en cas de problèmes conjugaux, les jeunes épouses russes ne pouvaient pas, comme leurs homologues syriens, mobiliser les puissants réseaux familiaux contre le mari indélicat…

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