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Charles Cogan : "Signer, 
c'est une question de courage"
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Fronde des diplomates

L'ancien chef de poste de la CIA à Paris, auteur de plusieurs ouvrages de référence sur la diplomatie française, n'est pas étonné de la fronde des diplomates - ou présumés tels - français... même si pour lui, la tribune signée aurait été un acte de courage.

Charles  Cogan

Charles Cogan

Charles Cogan, né en 1928  est un militaire et journaliste américain ayant travaillé pour la CIA., notamment comme chef de station à Paris de 1984 à 1989. Aujourd'hui, il est chercheur émérite à l'université Harvard et auteur de nombreux ouvrages sur les questions d'intelligence et de diplomatie.

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Atlantico : Une tribune anonyme signée d’un certain « Marly », pseudonyme d’un groupe de diplomates dont on ne sait pas s’ils le sont vraiment, ou s’ils sont en poste, a été publiée par Le Monde daté du 23 février 2011. Ils y dénoncent la politique étrangère de la France…

Charles Cogan : J'ai bien sûr lu l'article du Monde. Je crois qu'il y a un certain agacement de la part des diplomates français à cause des agissements des gens du palais.

Dans l’article, j’ai relevé une référence indirecte à Claude Guéant lorsqu’ils parlent de l’ « heure où des préfets se piquent de diplomatie ». En fait, depuis l’accession de Nicolas Sarkozy au pouvoir, les diplomates se sentent un peu éloigné du centre de décisions.

je crois qu'une partie du problème c'est que Nicolas Sarkozy est un petit peu inhibé, parce qu'il avait demandé à Monsieur Moubarak de devenir co-président de l'Union de la Méditerranée et c'est pour cela qu'il n'a pas réagi tout de suite, il me semble. Justement, l’Union pour la Méditerranée était mal conçue dès l’origine, et a démontré une certaine tendance française à agir seul et en secret.  Madame Merkel semble ne pas avoir été prévenue suffisamment tôt de son côté. Il est également évident que les diplomates français sont quelque peu fâchés du retour de la France dans le commandement intégré de l'Otan, décidé par Nicolas Sarkozy, sans leur avoir demandé leur avis ni même sans en avoir été informés suffisamment tôt, pour pouvoir s’adapter à cette nouvelle donne.

Ces diplomates ne critiquent ils pas aussi le manque d’audace de la France face aux révolutions tunisienne, égyptienne, libyenne ?

C'est trés difficile de prédire à l'avance ce qui va se passer. Qui aurait pu prédire que l’immolation d’une seule personne, Mohamed Bouazizi, allait déclencher une insurrection en Tunisie et dans tout le monde arabe dans la foulée ? Car tout vient de là.

Il n’y a pas que la France qui est restée prudente, même les Etats-Unis n'ont pas réagi rapidement. Maintenant il est vrai que Barack Obama n'a pas réagi tout de suite, mais il s'est ensuite clairement positionné aux cotés du peuple dans des déclarations officielles, télévisées, sans équivoque. 

Que pensez vous du principe de donner son avis en se cachant derrière un pseudonyme ?

C'est une pratique assez commune dans le journalisme. Je ne vois rien d'anormal dans cela, même si cela arrive rarement aux Etats-Unis, on sait toujours rapidement qui a parlé, soit parce qu’il le dit lui-même, soit parce qu’il est démasqué. Se dévoiler, c’est tout de même prendre le risque de perdre son job, sa carrière.

Celui qui s'immole par le feu perd la vie…

C’est vrai aussi, c’est une question de courage.

Propos recueillis par Jean-Baptiste Giraud

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