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Libéralisme et nation : ces chantiers idéologiques sur lesquels devrait
se pencher l'UMP avant de revenir
au pouvoir
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Mue

A quoi bon l'alternance en 2017 si l'UMP applique les recettes que précédemment ? Pour faire avancer la France, la droite devra libérer les énergies - en clair, être libérale et refuser l'assistanat - et mieux défendre l'idée de Nation.

Pierre Chappaz

Pierre Chappaz

Pierre Chappaz est un entrepreneur français. Il est l'un des fondateurs de Kelkoo et de Ebuzzing.

 

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Dans 5 ans, l'UMP a de bonnes chances de revenir au pouvoir. Le pronostic n'est pas très difficile à faire, les vieilles recettes socialistes ne pouvant que conduire Hollande à un échec économique : ce n'est pas avec plus de charges sur les entreprises et davantage d'impôts que la France sortira de la crise.
Mais si l'UMP revient, ce sera pour faire quoi ? La même politique? Je crois au contraire que pour revenir il faudra que ce parti apporte des réponses nouvelles et décisives à deux questions centrales :
- la question du libéralisme : comment libérer les énergies et les initiatives. 
 - la question de la Nation, et en particulier comment maitriser et intégrer l'immigration. 

Parlons d'abord du libéralisme 

La politique de Sarkozy a souvent été caricaturée par les médias de gauche (c'est-à-dire à peu près tous) en "ultra-libéralisme", "néo-libéralisme" et autres néologismes qui ont surtout eu pour fonction de dissuader l'ex-Président de mener les réformes libérales qui sont pourtant tellement nécessaires : réduction radicale de la taille de l'Etat et des charges sociales afin de libérer la société, et création du référendum d'initiative populaire, pour que le peuple puisse se faire enfin entendre. La pérestroïka en France ne se fera pas seulement d'en haut, le système, obèse et centralisé, est incapable de se remettre en cause tout seul. 
Examinons les 3 points précédents :
- Avec Sarkozy le poids de l'Etat a encore augmenté (malgré le non-remplacement d'un fonctionnaire retraité sur deux ! C'est dire l'ampleur du problème), jusqu'à consommer 56% de la richesse nationale, record mondial
- Il n'a strictement rien fait pour diminuer les charges sociales, avant sa proposition tardive et discutable de transférer quelques % sur la TVA (et si on réduisait tout simplement les charges et l'assistanat abusif qui va avec ?)
- Il s'est carrément foutu de la g... de ses électeurs en faisant voter une loi sur le référendum d'initiative populaire complètement bidon, puisqu'il faut 150 députés pour valider un projet de référendum qui serait soutenu par un million de personnes, ce qui en pratique réserve la procédure au PS et à l'UMP ! 
On comprend bien que les politiques d'un bord comme de l'autre ne sont pas pressés de rendre le pouvoir au peuple, c'est pourtant la meilleure manière de faire évoluer une société, comme je le constate en Suisse où je vis. Pays natal de Rousseau et pays adoptif de Voltaire, la Suisse est la championne des "votations citoyennes" : le peuple prend la parole sur tous les sujets et règle les conflits par le vote plutôt que par les manifs. 

Apprendre de la Suisse

En France il est de bon ton de caricaturer la Suisse en "Paradis Fiscal". Il faut savoir que le célèbre forfait fiscal ne concerne que 2000 personnes (dont je ne fais pas partie), alors que 160000 citoyens français, nationaux et double-nationaux, habitent en Suisse. 
Amis français de France, arrêtez donc de caricaturer les Helvètes et regardez pourquoi ce pays marche aussi bien!
L'économie est en pleine forme malgré la crise bancaire car l'industrie cartonne, elle n'est pas pénalisée par un droit du travail marxisant comme en France. L'Etat n'est pas obèse et ne méprise pas les citoyens, le pouvoir est proche du peuple grâce à une structure fédérale (les villes, les cantons, la confédération). Les impôts sont plutôt élevés (jusqu'à 45% pour l'impot sur le revenu, ISF de 1%), mais les services rendus sont à la hauteur et quand vous payez beaucoup d'impôts on vous dit merci, pas "sale riche". En Suisse on travaille dur, les charges sociales sont 4 à 5 fois moins élevées qu'en France, ce qui permet aux salaires nets d'atteindre le double ou même le triple des salaires français.
La Confédération Helvétique n'est pas le parangon du pays libéral, mais ça s'en rapproche. La France et l'Europe feraient bien d'étudier ce pays multi-culturel qui fonctionne si bien!

Sarkozy et la défaite idéologique du libéralisme en France

Revenons à la France.
L'UMP, loin d'être un parti libéral, pro-entreprises, est dans une relation symbiotique avec la haute fonction publique, et les grands commis de l'Etat qui peuplent les états majors des sociétés du CAC 40. Héritier du gaullisme, c'est un parti encore dominé par une idéologie étatiste et jacobine. Pas tellement différent du PS qui défend de son côté les intérêts du petit peuple des fonctionnaires: enseignants, postiers, employés de la sécu, des collectivités locales, etc. Nous avons d'un côté le parti des généraux, de l'autre celui des fantassins, mais que ce soit le PS ou l'UMP qui gouverne, c'est toujours la fonction publique qui est au pouvoir.
Sarkozy en trahissant les espoirs de beaucoup de ses électeurs de 2007 a discrédité les idées libérales. La défaite idéologique des libéraux en France est quasi-complète, et aggravée encore par l'écrasement du Centre, sans doute la famille politique la plus proche de nous. En France, il est beaucoup mieux vu de s'afficher marxiste que libéral. Du reste, les sempiternels candidats trotskistes, et autres rouges repeints en vert étaient tous là dans cette présidentielle, mais point de candidat libéral. 
La crise traduit l'éclatement d'une gigantesque bulle de crédit, causée par les gouvernements et les banques centrales : qui l'a compris ?  Les Français sont persuadés que la crise résulte de l'échec du libéralisme, alors que leur pays est le plus étatiste du monde occidental et n'a jamais connu la moindre politique libérale significative.
Nous le voyons tous les jours : ce système étatiste, couteux, inefficace, paralysant et sur-endetté est à bout de souffle. Il va vers sa perte, et alors les yeux s'ouvriront !
Pour offrir une perspective, reprendre le pouvoir et le conserver, l'UMP aurait tout intérêt à se remettre en cause, et à prendre enfin le chemin du libéralisme : car après l'échec des socialistes, il va falloir trouver le courage de réformer !!!

Et la Nation?

Le discours de campagne de Sarkozy sur la Nation et les "frontières" était un peu caricatural, car il voulait séduire les électeurs des couches populaires. Mais il traduit tout de même une prise de conscience, après 5 ans d'inaction.
La France a un problème avec l'immigration. Attirés par le pays de cocagne des aides publiques, les nouveaux immigrés sont de plus en plus nombreux, alors que les précédents arrivants ont souvent du mal à s'intégrer. La bonne presse de gauche nous explique à longueur de colonnes que l'immigration est une chance pour la France, qu'elle est même rentable, mais qui peut décemment croire à ces balivernes ? Seule une immigration raisonnable en nombre et bien intégrée pourrait représenter une chance. Pour cela, il faudrait une école qui fonctionne bien. Et moins de permissivité. 
C'est Sarkozy qui a fait supprimer la loi sur la double peine, souvenez-vous ... Ici en Suisse, les citoyens ont voté et ils ont voté pour la double peine : un étranger qui commet un crime grave doit d'abord faire sa peine de prison, ensuite il est renvoyé dans son pays. Normal, évident même pour moi, car quand on est un étranger dans un pays, quand on bénéficie de l'hospitalité de ses citoyens, on se doit d'être encore plus irréprochable.
Le challenge de la droite française sur la Nation est de sortir des slogans (les frontières...) pour promouvoir concrètement les valeurs de respect, d'éducation, de responsabilité individuelle, d'ordre. En rendant le pot de miel des aides publiques moins appétissant, le flux d'immigration diminuera.Avec moins de permissivité, et encore une fois une école qui fonctionne, c'est-à-dire qui apprenne aux enfants à vivre en société dans le respect de l'autre, et à devenir des hommes responsables et non des assistés, l'intégration fonctionnera beaucoup mieux. Les programmes scolaires écrits par des experts décérébrés doivent être entièrement refaits pour devenir enfin compréhensibles et  privilégier l'apprentissage de la vie en société, plutôt qu'un encyclopédisme voué à l'échec. Je ne voudrais pas abuser, mais je dois signaler ici que l'école primaire en Suisse est un modèle remarquable d'intégration et d'apprentissage des valeurs. Chers pédagogues français, oubliez votre complexe de supériorité et jetez-y un œil ! 

Concilier Ordre et Libéralisme 

À la différence du Front National, dont le programme économique est étatiste (littéralement national-socialiste), la droite française doit concilier la défense de l'identité française avec le libéralisme, pour aller vers une société plus harmonieuse, et libérer les énergies. C'est en tout cas tout le bien qu'on peut lui souhaiter (à la droite, et à la France).
Cette rénovation intellectuelle devra se faire sous le feu des médias et des "humanistes" de l'UMP qui rabâchent leur chanson sur le scandale de la campagne "droitière" de l'ex-Président.

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