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Une union bancaire européenne, oui, mais encore faudrait-il savoir laquelle...
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Merkel ou Hollande ?

Une union bancaire, plus que budgétaire, semble se profiler. Mais la question est de savoir si elle doit se construire sur la solidarité, comme le préconise François Hollande, ou sur la discipline, comme le souhaite Angela Merkel.

Frédéric  Farah

Frédéric Farah

Frédéric Farah est économiste et enseignant à Paris I Panthéon Sorbonne.

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Le Monde daté du 30 juin 2012 annonce « après dix- neuf sommets, une avancée majeure pour la zone euro » Mais lors des dix-huit sommets précédents n’avons-nous pas entendu la même chose ? La séquence est connue : brève accalmie de la spéculation, euphorie boursière, et puis retour de la tempête. Se développe alors une nouvelle situation d’incertitude et un nouveau sommet est convoqué, se promettant d’être celui de la dernière chance. Le capitalisme va de bulle en bulle selon M. Aglietta. Et l’Europe que fait-elle ? Elle va de psychodrame en psychodrame, pour ne pas dire de farce en farce. Le jugement est certainement sévère, mais il faut espérer qu’une fois encore les décisions ne soient pas insuffisantes ou ne se réalisent pas trop tard.

Pour l’heure, nous pouvons dégager quelques enseignements bien provisoires de ce sommet.

L’austérité réclamée par l’Allemagne a fait l’objet de tentatives d’aménagement modestes avec un pacte de 120 milliards d’euros qui repose sur l’augmentation du capital de la Banque européenne d’investissement, sur la réallocation des subventions européennes non engagées et sur le lancement d’un projet de pilotage d’emprunt européen pour des infrastructures. Depuis trois ans les avancées en matière de croissance sont si rares qu’un satisfecit peut être accordé. Néanmoins les effets de ce pacte pour la croissance feront sentir leurs effets probables à moyen terme.

Les pays du sud reprennent quelque peu la main et à bon droit. M. Monti a engagé des réformes structurelles qui correspondent aux attentes de la commission de Bruxelles. Il serait malvenu qu’un geste ne soit pas fait en sa faveur. De manière plus générale, ce sommet atteste combien l’intergouvernementalité domine. Les Etats sont aux commandes quand bien même leurs situations économiques présentent des signes inquiétants. La crise est politique plus qu’économique. La sphère économique réelle  amplifie avec une terrible violence la faillite politique de l’Union. N’oublions pas que l’euro est la seule monnaie au monde sans souverain.

Enfin, semble se profiler une union bancaire plus que budgétaire. Les fonds de stabilisation financière (FESF et MES) vont pouvoir renflouer directement les banques, après accord de la BCE, ainsi qu’acheter de la dette publique afin de détendre le marché, les prêts du futur Mécanisme Européen de Stabilité (MES) n’auront plus la priorité de remboursement sur les créances privées, un système de garanties des dépôts, un organisme de surveillance bancaire sont institués.  Mais c’est une union dont les détails et les modalités d’existence restent à écrire.

Mais est-ce la discipline ou la solidarité qui va présider aux destins de cette Union balbutiante ? Ce débat fait écho à un débat plus ancien qui a agité les années 1990 : la règle ou le choix en matière de politiques économiques. L’Europe a fait le choix de la règle : indépendance des banques centrales, Pacte de stabilité et de croissance, réformes structurelles du marché du travail, et de la protection sociale. Et  en renfort des règles, la discipline des marchés puisque le financement des déficits  en Europe passe par les marchés financiers. Cette orientation a échoué et la crise l’a rappelé avec force. Le Pacte de stabilité  a généré de la créativité comptable, et a fait l’objet d’aménagements comme en 2005. Au final il n’y a eu ni discipline, ni croissance. Ce cadre n’avait pas prévu la moindre solidarité financière entre Etats et depuis 2009 le Fonds européen de stabilité financière ou encore le MSE ont montré leurs limites.

Il ne s’agit pas tant de préférer Mme Merkel ou M. Hollande, mais de penser le futur de l’Union.

L’union bancaire se doit de choisir la solidarité car  la faillite de la Grèce nous a montré que pour le meilleur comme pour le pire, il n’était pas possible de circonscrire l’incendie. Désormais l’Espagne, l’Italie, le Portugal sont dans la tourmente. L’Allemagne elle-même voit ses perspectives de croissance menacées. Il est évident qu’une certaine discipline s’imposera car des stratégies de passager clandestin menaceraient encore l’Union.

Mais il importe d’éviter les risques de système et d’alourdir le fardeau des dettes en matière d’aide aux banques en difficulté.

L’Union européenne est aujourd’hui dans une situation où l’idée de solidarité ne peut faire l’objet de débat, tant celle-ci est une condition nécessaire pour assurer la pérennité de l’union. Mais la coopération est loin d’être une évidence car celle-ci requiert entre autres une vision commune de la situation, ce qui est loin d’être le cas.

Mais ces Unions budgétaire, monétaire n’auront pas de lendemain si les vrais problèmes restent non résolus : la financiarisation excessive de nos économies, le chômage de masse, la croissance inquiétante des inégalités, le passage à une économie verte.

L’Union européenne apprend peu à peu la solidarité, seul chemin à emprunter, celui de l’austérité et de la discipline rigide ayant échoué.

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