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Euro 2012 : Aurait-on sur-estimé l’Espagne et sous-estimé l’Italie ?
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Finale surprise ?

Si la présence de l'Espagne en finale de l'Euro 2012 était attendue par la planète foot, celle de l'Italie est une surprise. Les bookmakers voyaient plutôt l'Allemagne, les Pays-Bas, et même la France surpasser la Squadra Azzura. Autant d'équipes surestimées, face à une Italie sous-estimée.

Philippe David

Philippe David

Philippe David est cadre dirigeant, travaillant à l'international.

Il a écrit trois livres politiques : "Il va falloir tout reconstruire", ouvrage qui expliquait le pourquoi du 21 avril,  "Journal intime d'une année de rupture", sorti en 2009 aux éditions de l'Ixcéa, qui retrace les deux premières années de présidence Sarkozy et  "De la rupture aux impostures", Editions du Banc d'Arguin (9 avril 2012). 

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Espagne-Italie. Telle est l’affiche de la finale de cet Euro 2012 qui touche désormais à sa fin. Telle était l’affiche du match d’ouverture du groupe C de cet Euro qui s’était soldé par un score de parité (1-1).

L’Espagne était donnée finaliste par l’ensemble de la planète foot puisque faisant partie des deux favoris tandis qu’avant le début de la compétition bien peu de gens voyaient l’Italie. Les bookmakers plaçaient en effet l’Allemagne, les Pays-Bas et même la France loin devant la Squadra Azzura. Pourtant, vu ses prestations depuis le début de la compétition, l’Italie est un finaliste on ne peut plus logique.

La question qui se pose alors est : a-t-on surestimé l’Espagne et sous estimé l’Italie ?

Pour ce qui est de l’Espagne, on ne peut pas dire qu’elle a été surestimée. Elle est aujourd’hui finaliste, à 90 minutes d’un triplé historique, et a donc rempli son contrat dans la compétition même en cas de défaite ce soir. Ceci est d’autant plus méritoire qu’elle est privée pour cet Euro du patron de sa défense (Carles Puyol) et de son buteur (David Villa).

Avec une défense privée de son patron, la Roja n’a encaissé dans cette compétition qu’un seul but face à l’Italie…

Lors de l’Euro 2008, l’Espagne avait encaissé trois buts en phase de poules et n’en avait encaissé que deux lors des poules de la Coupe du monde en Afrique du Sud. Avec un seul but encaissé, on peut affirmer que la défense espagnole devient de plus en plus hermétique d’année en année, avec ou sans Puyol !

Pour ce qui est des matches à élimination directe, l’Espagne n’a cette année pas encaissé le moindre but tout comme en 2010 et en 2008. Défensivement, l’Espagne s’est donc encore améliorée, elle n’a donc été dans ce domaine aucunement surestimée.

Pour ce qui est de l’attaque, l’Espagne avait marqué onze buts avant de jouer sa finale de 2008, sept avant de jouer sa finale de 2010 et en a marqué que huit cette année. Peut-on en conclure que l’Espagne est moins performante offensivement qu’elle ne l’était auparavant ?

Non.

Pourquoi ? Parce qu’en 2008, l’Espagne avait marqué sept de ses onze buts lors de ses deux affrontements contre une équipe très joueuse, la Russie ( 4-1 en poule ; 3-0 en ½ finale) et que, si on compare son ratio de buts par match avant de jouer la finale, il est meilleur qu’en 2010 (1.6 but marqué par match contre 1.16) et ce sans David Villa ! Mieux pour l’Espagne, elle a joué certains matches sans véritable attaquant de métier, la pointe étant occupée par Fabregas qui est un milieu de terrain ! Offensivement, l’Espagne n’a donc pas non plus été surestimée.

Enfin, pour ce qui est du milieu de terrain, la possession de balle est toujours le point fort des joueurs d’outre Pyrénées et, si le trident Iniesta Xavi Xabi Alonso est peut être un peu moins performant (surtout pour Xavi), il est toujours impérial face à ses adversaires (même si les rencontres face à l’Italie et au Portugal se sont soldées par des matches nuls).

Donc, globalement, l’Espagne est là où on l’attendait, même si elle aurait pu passer à la trappe en ½ finale face au Portugal, notamment lorsque Ronaldo a avalé la feuille de match à la dernière minute ou lors de la série de tirs au but.

Pour ce qui est de l’Italie, elle a été sous estimée pour plusieurs raisons. Tout d’abord parce que les équipes qui étaient placées comme favorites devant elle ont été…surestimées !

L’Allemagne était logiquement donnée parmi les grands favoris vu ses performances à la dernière coupe du Monde et son sans faute lors des qualifications (10 matches 10 victoires). Elle est tombée face à cette même Italie en ½ finale.

Les Pays-Bas étaient le troisième grand favori du fait de son statut de Vice-Champion du Monde et de son quasi sans faute en éliminatoires (9 victoires 1 défaite). L’Euro des bataves a tourné au fiasco avec 3 défaites pour 3 matches dans le groupe B qu’on avait baptisé « groupe de la mort » (injustement peut-être, les deux finalistes étant issus du groupe C).

Pour ce qui est de la France, ses 23 matches sans défaite lui avaient donné un statut qu’elle méritait vu les deux premiers matches de la compétition mais qui était totalement usurpé dès lors qu’elle est retombée dans ses travers de 2010…

L’Italie ne faisait donc pas partie des favoris car d’autres y avaient été placés, à tort, à sa place et surtout parce que trois doutes planaient sur cette équipe.

Le premier était la jeunesse de l’équipe, celle-ci étant profondément renouvelée, malgré le maintien ou le retour de joueurs cadres comme Buffon ou Pirlo (celui-ci était absent en Afrique du Sud pour cause de blessure). Bien encadrés sur le terrain et sur le banc, ces jeunes ont démontré qu’ils avaient le niveau requis pour la très haute compétition. Il faut dire qu’avec des coéquipiers aussi brillants que Buffon et Pirlo, l’intégration est d’autant plus facile…

Le second était l’influence du nouveau scandale en cours dans le football italien, le « calcioscommesse », qui avait causé le départ du groupe de Criscito juste avant la compétition et dans lequel des doutes pèsent sur certains joueurs de la Squadra Azzura. Cependant, ce nouveau scandale est peut-être un avantage puisque l’Italie fût championne du monde en 1982 suite au « Totonero » et en 2006 suite au « Calciopoli », deux autre affaires de matches truqués…

Le troisième était la personnalité de l’entraîneur, Cesare Prandelli, que certains ne voyaient pas comme l’homme de la situation pour succéder à Lippi et qui a été parfait  tant dans son influence sur les hommes (valorisation de l’éthique ; fin du culte du résultat à tout prix) que sur le jeu (l’Italie jouant de manière beaucoup plus offensive). Platini, qui fût plusieurs saisons son coéquipier à la Juventus où Prandelli était plus souvent remplaçant que titulaire, a d’ailleurs dit de lui avec beaucoup d’humour : « Je ne suis pas étonné qu'il soit devenu un bon entraîneur ; déjà à la Juve, il était habitué au banc de touche ».

L’Italie a donc été sous-estimée entre autre pour ces trois raisons.

 Ce qui est certain c’est que Prandelli est en train de changer en profondeur le football italien et que l’affrontement de ses hommes face à ceux de Del Bosque sera superbe, même s’il ne faut pas compter y voir trop de buts.

Alors que ce soir vous chantiez « Forza Italia » ou « Vamos España », un slogan s’imposera vu le niveau du vainqueur de cet Euro : « Vive le football » !

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