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Soulagement à Paris, crise politique à Berlin : Merkel va-t-elle payer les pots cassés du sommet européen ?
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Vu d'Allemagne...

Si la presse française vante les résultats obtenus dans la nuit de jeudi à vendredi, les médias allemands se montrent nettement plus critiques.

Isabelle  Mouilleseaux

Isabelle Mouilleseaux

Isabelle Mouilleseaux est directrice de publications chez Publications Agora.

Elle a notamment co-écrit Le déclin du Dollar : une aubaine pour vos investissements ? (Valor, 2008).

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Que dit la presse allemande aujourd'hui ?

La première phrase de l’article du Handelsblatt sur le bilan de la conférence de Bruxelles est sans appel : Dans le sauvetage européen, le risque pour le contribuable européen vient de monter d'un cran.

La FAZ (FrankfurterAllgemeineZeitung) titre carrément « Rupture au dépend du contribuable », « L’Union de la dette se rapproche »…

Pour la SuddeutscheZeitung  « le risque bancaire espagnol est transféré sur le contribuable européen ».

Spiegel (Online) explique que l’accès facilité au MES est une stratégie risquée.

Une position très révélatrice des tensions qui existent actuellement en Allemagne.

Curieux que personne n’en parle en France. Car le contribuable français serait lui aussi mis à contribution en cas de problème.

Pendant ce temps en France…

"L'Europe s'accorde sur la croissance et l'union bancaire" titre Les Echos ;

"Accord de la zone euro sur la croissance et l'union bancaire" pour Le Monde ;

"La zone euro valide l'union bancaire et la croissance" pour Le Figaro ;

Fascinant ce différentiel d'approche, de ton, et de critique...

Deux lignes rouges allemandes ont été pulvérisées cette nuit:

Die Welt (Online) titre sur la "Défaite de Merkel au cours d'une nuit historique". Ses "adversaires" ont bousculé les "lignes rouges"

Pas de doutes : deux lignes rouges allemandes ont été pulvérisées cette nuit:

1- Allègement des conditions strictes (avec contrôle) imposées aux Etats qui font appel au financement européen. Mort du « diktat de la discipline » allemand ?...

2 – Perte du «caractère senior» des créances du MES. Les créanciers du MES (le contribuable Allemand notamment) ne passera pas AVANT les créanciers privés.

Même l'opposition allemande socialiste SPD réclame des explications à Merkel !

Elle veut comprendre pourquoi la Chancelière a « lâché du lest » et exige une assemblée extraordinaire ce jour même. Le jour de la signature du pacte européen…

Les discussions risquent d’être vives cet après midi au Bundestag…

Monti et Rayoj passent à l’attaque contre Merkel :

En faisant "blocage total" et n’hésitant pas à prendre le" pacte de croissance" de Hollande en otage . Un vrai billard à trois bandes.

Il faut dire que ces deux Etats subissent une véritable « descente aux enfers » et suffoquent sous la pression de taux de financement insupportables (7% et 6%) qui les auraient directement conduits dans le mur d’ici quelques semaines si rien n’avait été fait.

J’imagine l’ultimatum du duo latin à Merkel : « implosion de l’euro ou concessions : Choisissez… vous serez tenue pour responsable. »

Elle n’a pas eu le choix.

Résultat des courses

1 – Open bar CASH pour les banques espagnoles : elles pourront directement chercher des « injections de cash » auprès du MES (on parle de 100Mds€ pour l’instant). Le mécanisme étant supervisé par la BCE.

L’argent ainsi prêté ne transitera donc plus par l’état souverain espagnol (qui n’est ainsi pas soumis à de lourdes contraintes budgétaires comme le fut la Grèce) et ne pèsera donc pas sur la « dette espagnole » et son rating : on casse au passage le cercle vicieux aussi systémique qu’infernal entre dettes souveraines et dettes des banques.

2 – Le MES pourra acheter directement sur le marché secondaire (voire primaire ?) de la dette souveraine des pays en difficulté, Italie en tête. Les bénéficiaires devront remplir des conditions, contrôlées par la «troïka» clame Angela Merkel... Mais d’ores et déjà, le « diktat de la discipline » allemand semble enterré. L’Italie ne subira pas ce qu’ont subi les Grecs ou les Portugais.

Rupture au dépend du contribuable 

Nous avons fait un pas en avant vers le fédéralisme cette nuit. Le risque pour les pays qui « mettent au pot » vient de monter d’un cran. Dans le viseur le contribuable Allemand, dans une moindre mesure le contribuable français (voilà pourquoi tout ceci vous concerne au premier chef).

Les Français veulent mutualiser les dettes ? Qu’ils en acceptent les responsabilités :

L’Allemagne ne pourra pas à elle seule financer tous les états en difficultés. C’est impossible. D’après l’Institut IFO il lui en couterait plus de 4% du PIB au jour d’aujourd’hui. La France doit donc abonder et participer au « fardeau », d’où l’importance de l’axe franco-allemand. Nos politiques le savent, mais leur discrétion en la matière est abasourdissante.

Ne comptez pas sur eux pour vous informer des risques qui planent sur nos têtes

Ne compter pas trop sur la presse, relativement peu mordante, pour vous en dire beaucoup plus. A quelques exceptions près.

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