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Michelle Obama en campagne pour Barack : une Première dame populaire mais parfois gaffeuse
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Trans Amérique Express

Sortie d’un livre de jardinage aux Etats-Unis... L’évènement pourrait passer inaperçu, mais l’ouvrage est signé d'une certaine Michelle Obama...

Gérald Olivier

Gérald Olivier

Gérald Olivier est journaliste et  partage sa vie entre la France et les États-Unis. Titulaire d’un Master of Arts en Histoire américaine de l’Université de Californie, il a été le correspondant du groupe Valmonde sur la côte ouest dans les années 1990, avant de rentrer en France pour occuper le poste de rédacteur en chef au mensuel Le Spectacle du Monde. Il est aujourd'hui consultant en communications et médias et se consacre à son blog « France-Amérique »

Il est aussi chercheur associé à  l'IPSE, Institut Prospective et Sécurité en Europe.

Il est l'auteur de "Mitt Romney ou le renouveau du mythe américain", paru chez Picollec on Octobre 2012 et "Cover Up, l'Amérique, le Clan Biden et l'Etat profond" aux éditions Konfident.

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La politique est un sport familial. En France comme aux Etats-Unis.  Les épouses, et parfois même les maîtresses, y ont leur rôle. Leurs faits et gestes sont scrutés, leur propos analysés. Avec une incidence directe sur la popularité de leur chère moitié.  Et si souvent elles se défendent de « faire de la politique », elles sont néanmoins capables d’influer sur les débats. Parfois par un sms assassin, plus souvent par une petite phrase glissée à l’oreille du tendre.

L’art de la politique pour les premières dames, c’est justement d’en faire, sans en avoir l’air. Entretenir une savante confusion des genres. Profiter du statut de « femme de » pour agir en « fan de ». Michelle Obama, première dame des Etats-Unis, est experte dans ce domaine. Elle a conquis l’opinion américaine par son charme, et son bagout. Son aura rejaillit inévitablement sur Barack Obama, et compense le désamour qu’il connaît avec l’Amérique, à quelques mois de l’échéance présidentielle.   

Après trois années à la Maison Blanche, Michelle Obama est devenu le personnage le plus populaire de l’administration américaine. Avec 66% d’opinions favorables elle devance largement son mari (43%). Elle ne fait pas aussi bien que fit Laura Bush, la précédente première dame (73%), mais beaucoup mieux qu’Hillary Clinton en son temps (56%).

Aussi quand Michelle Obama sort un livre et fait la tournée des plateaux de télévision, on y prête attention.  Surtout en pleine campagne électorale. Même si le livre traite de jardinage !

« American Grown, the Story of the White House Kitchen Garden and Gardens Across America” (Cultivé en Amérique, l’histoire du jardin potager  de la Maison Blanche et  d’autres Jardins Américains) est sorti début juin aux Etats-Unis. La couverture montre une Michelle Obama radieuse un panier garni dans les bras. Ecrit avec l’aide d’un journaliste, qui avait déjà rédigé un livre avec Laura Bush, l’ouvrage est agrémenté de nombreuses photos, « où les légumes sont aussi beaux que des fleurs » selon le critique du New York Times.  

Comme son titre l’indique, ce livre parle du potager présidentiel ! A son entrée à la Maison Blanche, en janvier 2009, Michelle Obama avait en effet souhaité utiliser cultiver des légumes. Bios bien entendu ! Il ne s’agissait pas de faire des économies sur le budget alimentation du ménage, mais de faire redécouvrir à l’Amérique les bienfaits d’une alimentation variée. Les « légumes » étant progressivement tombés en désuétude auprès de la population, bobos californiens exceptés… Au passage Michelle Obama renouait avec une tradition abandonnée depuis Eleanor Roosevelt.

Qui dit sortie de livre dit campagne de promotion. Et qui dit première dame dit « prime-time ». Voici donc Madame Obama sur tous les écrans, aux meilleures heures.  Pas sur l’équivalent américain de « Silence, ça pousse », mais bien sur le plateau de Good Morning  America ou celui du Daily Show de Jon Stewart, l’émission de satire politique très suivie.

A la vérité, madame Obama est une habituée des plateaux télés. Elle passe  très bien à l’écran, s’exprime avec facilité, et vante systématiquement « son indépendance de femme » ce qui plaît à l’électorat féminin, majoritaire parmi les téléspectateurs. Cette année, elle est apparue en « guest-star » dans une émission de télé-réalité ; elle a fait des « pompes » en direct sur le plateau de Ellen De Généres ; avec David Letterman, présentateur vedette d’une émission de fin de soirée, elle a parlé de ses difficultés pour éduquer des enfants dans le cadre feutré et surprotégé de la Maison Blanche ; avec Jimmy Fallon, autre humoriste de télévision, elle a grimpé les escaliers deux par deux et lutté à la corde dans les salons de cette même Maison Blanche…

Il est vrai que Michelle Obama a fait de la lutte contre l’obésité, particulièrement chez les jeunes, la grande cause de son « mandat ». En février 2010 elle lançait « Let’s Move »  (Remuons nous !) une campagne nationale pour promouvoir l’exercice physique. A 48 ans, madame Obama est elle-même parfaitement mince…

Mais elle ne fait pas pour autant l’unanimité.  Derrière son personnage public, à l’image très maitrisée se cache une femme de caractère. En janvier, le livre The Obamas, signé de Jodi Kantor, correspondante du New York Times à la Maison Blanche avait révélé une Michelle Obama très impliquée dans certaines décisions de son mari,  n’hésitant pas à faire connaître ses sentiments sur ses collaborateurs et obtenant parfois leur mutation… Le livre avait aussi révélé une première dame angoissée à l’idée de faire un faux-pas public, et soucieuse jusqu’au moindre détail de son apparence.

Si elle n’a pas commis de véritable « faux pas », Michelle a eu quelques remarques ou lapsus, immédiatement exploités par ses détracteurs. Pendant la campagne de 2008, elle avait notamment avoué « se sentir vraiment fière d’être américaine pour la première fois de sa vie adulte ». Comme si aucune raison ne s’était présentée en vingt-cinq ans, alors qu’elle avait bénéficié de bourses pour étudier dans les étudier dans les meilleures universités, et rejoindre un grand cabinet d’avocats… Elle a parlé du Kenya comme de la « home-country » de son mari, c’est-à-dire de son « pays natal », alors que certains Américains contestaient la naissance américaine de Barak Obama et donc son droit à devenir président. Enfin lors des dernières commémorations du 11 septembre, elle a semblé avoir un commentaire désobligeant à l’égard du drapeau américain, véritable sacrilège, aux yeux de l’opinion!

La « Bannière étoilée » est l’emblème national qui rappelle les origines des Etats-Unis et l‘idéal fondateur de la nation américaine. C’est un symbole d’unité qui transcende les partis et auquel on ne saurait manquer de respect. Toute marque de « mépris » (« contempt ») à l’égard du drapeau et toute forme de profanation sont d’ailleurs punies par la loi.

D’où un certain nombre d’interrogations quant au patriotisme de la première dame. Ses déclarations d’avant 2008, révèlent d’ailleurs une femme consciente à la fois de ses origines –ses ancêtres étaient esclaves- et de sa couleur de peau, dans une société dominée par les « blancs d’origine européenne ». Ce qui lui a valu d’être parfois chahutée dans ses sorties publiques, notamment dans le sud, et lors d’évènements sportifs où les spectateurs sont majoritairement … des hommes blancs.

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