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La France est-elle en retard 
en matière de couverture WiFi ?
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La société espagnole Gowex a annoncé ce mardi le lancement d'une couverture WiFi gratuite dans plusieurs espaces de transports parisiens mais seulement trois stations de métro souterraines. Le réseau Gowex n'est pas présent dans les trains ou dans les tunnels. Comment expliquer la timide incursion du WiFi dans le réseau parisien ?

Joël Gaget

Joël Gaget

Joël Gaget est consultant spécialisé dans le domaine du WiFi et plus généralement des communications sans fil au sein de la société SYRTEL - Il est également dirigeant de la société Global-TIC Consulting, spécialiste des TIC pour les seniors et les personnes fragilisées.

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Atlantico : La société espagnole Gowex a annoncé ce mardi le lancement d'une couverture WiFi gratuite dans plusieurs espaces de transports parisiens. Le réseau n'est pas présent dans les trains ou dans les tunnels. Comment expliquez-vous cela ?

Joël Gaget : La portée d’un point d’accès WiFi est de quelques dizaines de mètres. Cela vient de la limitation de puissance d’émission à 100mW imposée à tous les opérateurs. En conséquence, les ondes WiFi ne peuvent pas se propager dans les couloirs ni les tunnels longs de plusieurs centaines de mètres alors que la puissance d’une station émettrice 2G, plus élevée autorise une diffusion plus lointaine des ondes. Mais, si vous avez l’habitude de voyager dans le métro et d’y utiliser un smartphone, vous constaterez la difficulté à échanger des données lorsque vous êtes dans un tunnel. Il est difficile, dans ces conditions, de dire que le réseau 2G s’étend aujourd’hui aux tunnels.

S’il est possible techniquement de mettre en place des points d’accès et de diffuser les ondes WiFi sur les quais, cela devient très délicat dans les tunnels. En effet les trains sont en mouvement et la portée d’un point d’accès WiFi n’est que de quelques dizaines de mètres. Le maintien d’une bonne qualité de service pour les usagers dans une rame en mouvement supposerait qu’un système de gestion très lourd et couteux soit mis en place pour assurer la continuité des communications sur l’ensemble des 215 km du réseau (métro uniquement) sans compter que plus d’un millier de points d’accès, voire deux milliers, seraient nécessaires pour en assurer la couverture radio. Il faudrait également y ajouter les coûts de câblage pour relier ces équipements au réseau Internet et les autres équipements d’infrastructure.

Concernant les quais et les couloirs, vous comprendrez aisément que le coût d’investissement est quasiment proportionnel au linéaire couvert par les ondes. Il ne m’appartient pas de dire s’il est trop cher de mettre en place un tel réseau. Il y a quelques années, seuls les ordinateurs portables se connectaient à Internet en situation de mobilité. De ce fait peu d’utilsateurs se connectaient depuis les couloirs ou les quais du métro. Aujourd’hui les smartphones rendent la connexion WiFi beaucoup plus rapide et aisée. Il devient facile de se connecter à Internet pendant les 3 minutes d’intervalle entre deux rames, voire le temps d’arrêt dans une station. La décision d’investissement doit se faire en fonction du modèle économique mis en place et des recettes attendues, étant entendu que celles-ci doivent couvrir les charges d’investissement et de fonctionnement du réseau.

Après plusieurs années de test et un budget de plus de 40 millions d'euros, la SNCF a ouvert sur les 52 rames des "TGV Est" un service wifi payant. Comment expliquer le temps et l'argent qui ont été investis dans le projet pour une couverture de seulement 52 rames en France ?

Ce n’est pas le nombre de rames qui compte mais le nombre d’usagers. La clientèle du TGV est essentiellement une clientèle d’hommes et femmes d’affaire dont un grand nombre mettent à profit le temps passé dans le TGV pour travailler. L’accès à Internet pour un usage sérieux ou ludique devient rapidement indispensable pour des voyageurs habitués à se connecter en permanence. A partir de ses études de marché la SNCF a déterminé les prix de vente de ces accès Wifi.

Dans quels lieux est-il le plus difficile d'installer le WiFi ? (bus, train, metro, avion, etc)

La difficulté d’installation d’un réseau WiFi dans ces lieux vient de leur mobilité. Il est nécessaire, pour que la qualité de service soit satisfaisante, que la liaison entre ces véhicules et le réseau Internet soit fiable et offre une bande passante suffisante. La mobilité gêne l’établissement d’une liaison permanente. La bande passante est limitée par le support utilisé.

Dans un train, la liaison avec le réseau Internet passe généralement par satellite. La transmission train-satellite peut être gênée par les caténaires au dessus des trains, caténaires où circule un courant à très haute tension, ainsi que les divers obstacles (tunnels, nuages...)

Comment ces réseaux wifi sont-ils protégés ? Existe-t-il des manières de les pirater ?

Les réseaux WiFi sont de plus en plus protégés, d’autant mieux que les usagers ont conscience de la nécessité de protéger leurs équipements et leurs données et se dotent des outils nécessaires.

La norme WiFi évolue en permanence et cette évolution intègre un renforcement de la protection des échanges. Elle nous amènera prochainement à avoir des communications aussi sûres que sur les réseaux GSM par exemple.

En termes de réseau WiFi, où la France se situe-t-elle par rapport aux autres pays étrangers ?

La France a toujours été et se positionne encore parmi les pays les mieux équipés au monde en matière de hotspots WiFi publics. Les opérateurs WiFi français ont eu à cœur, dès l’apparition de cette technologie, d’en favoriser et d’en faciliter l’usage. Notre pays dispose également de réseaux communautaires de plusieurs millions de hotspots opérés par les fournisseurs d’accès à Internet qui ouvrent l’accès WiFi partout en France sur les « box » ADSL à leurs clients. Il s’agit là d’une spécificité française qui bénéficie à de très nombreux internautes.

Que nous manque-t-il en France en termes de couverture et performance WiFi ? Quels sont les futurs enjeux pour les opérateurs ?

Les opérateurs mondiaux, et les opérateurs français sont leaders dans cette démarche, ont pris conscience de la nécessité de faciliter encore plus l’usage des réseaux WiFi, de rendre le raccordement quasi-automatique, sans intervention manuelle de l’utilisateur. Cette transformation est en train d’arriver avec les hotspots de nouvelle génération qui permettront des connexions automatiques et encore plus sûres et le choix du support de transmission le mieux adapté pour le transport des données.

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