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Hausse du plafond du livret A : 
les grands perdants seront 
les classes moyennes
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Ce dimanche, la presse a annoncé une hausse progressive du plafond du livret A, annonce immédiatement tempérée par Pierre Moscovici. Quoi qu'il en soit, cette hausse promise par François Hollande fera des déçus : les classes moyennes, trop riches pour bénéficier d’un logement, mais pas suffisamment pour épargner davantage.

Anatole de la Brosse

Anatole de la Brosse

Anatole de la Brosse est directeur général délégué de SIA Conseil.

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Lors de sa campagne, François Hollande avait promis de doubler le plafond du Livret A passant de 15 300 à 30 600 euros. L’objectif de cette mesure était d’augmenter les ressources disponibles pour le financement du logement social, de la politique de la ville et des équipements de l’aménagement du territoire (grandes infrastructures interurbaines, tramways, hôpitaux, universités).

Dimanche 24 juin, le débat a repris après l’annonce, dans la presse, d’une hausse progressive du plafond avec un premier palier à 20 000 euros. Cette information a ensuite été démentie dans la journée de lundi par P. Moscovici précisant : "Nous aurons une réforme globale qui ira vers le doublement du livret A prévu par le président de la République, et elle s'intégrera dans une réflexion d'ensemble sur l'épargne réglementée". Cette formule sous-entend toutefois une forme de progressivité dans l’application de la réforme.

Quel que soit le calendrier ou le cadencement de la réforme, l’équation est complexe et la question reste de savoir à qui va réellement profiter cette hausse ?

A un bout de la chaine se trouvent les bénéficiaires, c’est-à-dire les personnes répondant aux critères d’attribution des logements sociaux. Pour ceux-ci la réforme ne va pas avoir un effet immédiat car la CDC, chargée de financer la construction de logements, a encore largement de quoi honorer son programme. Autrement dit, la hausse du plafond ne va pas accélérer la construction de nouveaux logements. Ce ne sont pas les liquidités qui manquent mais la capacité à réaliser ces ouvrages. En outre, la plupart des fonds sont utilisés aux programmes de rénovation, et non à la construction.

A l’autre bout de la chaine se trouvent les épargnants. Les seuls à qui la hausse va profiter sont les plus aisés. En effet, aujourd’hui sur près de 60 millions de livrets A, seuls 5,3 Millions atteignent le plafond des 15 300 euros. L’augmentation du plafond concernera donc seulement cette minorité.

Les classes moyennes seront donc les oubliées de la réforme. Trop riches pour bénéficier d’un logement et pas suffisamment pour épargner davantage.

Enfin, au milieu de l’équation, les établissements financiers se retrouvent pris au piège. En effet, la mesure ne va pas drainer de nouvelles liquidités. Les sommes versées proviendront soit de l’épargne bilancielle (dépôts à vue, Livrets, compte à terme, LEP, CEL…), soit d’arbitrages par rapport à des produits Hors Bilan, et notamment l’Assurance Vie. Dans le premier cas, 65% des sommes vont donc échapper aux Banques (pour être centralisées à la CDC) alors que les banques sont à la recherche de liquidités pour répondre aux nouveaux critères réglementaires.

Dans le second cas, ce sont les assureurs qui vont être fragilisés. Dans un contexte de décollecte progressive depuis plusieurs trimestres, l’Assurance Vie traverse une mauvaise passe accentuée par des contraintes réglementaires croissantes en termes de solvabilité.

L’épineux débat du financement du logement social, de la politique de la ville et des équipements de l’aménagement du territoire (grandes infrastructures interurbaines, tramways, hôpitaux, universités) n’est pas prêt de se tarir…

L’équilibre entre les Banques qui financent l’économie en général, les Assureurs qui investissent massivement dans l’immobilier et les actions des entreprises et l’Etat, doit donc être respecté pour que chacun puisse continuer à jouer son rôle dans l’intérêt général.

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