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Et le mini Sommet européen accoucha... d'un mini
communiqué de presse
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Encore des mots...

Certes, les dirigeants des quatre premières économies de la zone euro se sont accordés vendredi sur un paquet de relance de 130 milliards d’euros. Mais les problèmes de fond demeurent : quid de la question du fédéralisme, de l’adoption du traité de discipline budgétaire ou de la mutualisation des dettes publiques ? Motus ou dialogue de sourds dont l’étalement sur la place publique ne fera qu’attiser la nervosité des marchés.

Paul Goldschmidt

Paul Goldschmidt

Paul Goldschmit est membre de l'Advisory Board de l'Institut Thomas More,

Il a également été directeur du service "Opérations Financières" au sein de la Direction Générale "Affaires Économiques et Financières" de la Commission Européenne.

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Comme on ne s’attendait pas à grand-chose, il serait vain d’être trop déçu. La conférence de presse des quatre principaux chefs d’Etat de l’Eurozone ne laisse pas entrevoir le moindre espoir d’une véritable initiative mobilisatrice lors du Sommet Européen à la hauteur des attentes que les citoyens et les marchés appellent de leurs vœux.

Si l’unanimité s’est faite autour d’un coup de pouce à la croissance, chiffré à 1% du PIB de l’Eurozone (130 milliards d'euros), on reste dans le flou le plus complet sur l’origine de ces fonds et sur la période sur laquelle ils seront engagés. Ce montant est d’ailleurs très largement atteignable dans le cadre d’une augmentation des moyens de la BEI, d’une activation des « Project Bonds » - probablement avec une garantie budgétaire de l’UE - et d’un redéploiement de fonds structurelles, toutes mesures qui ont déjà fait l’objet d’un large accord de principe et que, comme à l’habitude, on ressort pour les présenter comme une nouveauté. Bref : des mots sans véritable nouvelle substance.

Autre point d’accord verbal : « le coup de pouce à la croissance ne doit nullement entraver les efforts de retour à l’équilibre budgétaire ». Encore une bonne intention pour rassurer les marchés ! Mais alors que pour l’Italie et l’Espagne cela ne signifie pas nécessairement de nouvelles mesures d’austérité, les efforts déjà entrepris étant importants, on attend toujours que la France annonce ce qu’elle entend faire pour respecter ses engagements. On suspecte que le Président cherche à éviter à la France les sacrifices, pourtant inévitables, qui seront demandés aux citoyens, en faisant croire qu’en refusant l’austérité, la France participe pleinement à l’effort commun de croissance !

Plus inquiétant, cependant, est l’opposition frontale entre la France et l’Allemagne sur les moyens de parvenir à une intégration européenne (ou de l’UEM) plus profonde dont chacun pourtant se dit persuadé de la nécessité. De plus en plus de voix autorisées considèrent cette tendance vers le fédéralisme comme la condition sine qua non pour pérenniser la monnaie unique et les marchés attendent donc des signes concrets concernant la feuille de route qui permettra d’y parvenir.

Pour la Chancelière, l’adoption du traité de discipline budgétaire (y compris la règle d’or) et la mise en commun de processus contraignants de décision communautaire en matière budgétaire et de contrôle de la dette publique sont des préalables non-négociables à la solidarité qu’impliquent des mesures comme une garantie européenne des dépôts bancaires (élément d’une Union bancaire) ou la mutualisation des dettes publiques (Eurobonds). Pour le Président, en revanche, c’est la « solidarité » qui est la condition préalable – tout aussi non négociable – à tout transfert de souveraineté. On se demande d’ailleurs quelle est le contenu de cette solidarité auquel il fait référence. En un mot, un dialogue de sourds dont l’étalement sur la place publique ne fera qu’attiser la nervosité des marchés.

Le prix de consolation est, paraît-il, un accord de 9 pays membres sur l’introduction d’une taxe sur les opérations financières. Outre que ses modalités sont floues et que la destination des fonds n’est pas précisée, cette proposition, loin d’être consensuelle soulignera une fois de plus l’absence de cohésion entre pays membres de l’UE et jettera encore de l’huile sur le feu de la discorde entre la Grande-Bretagne et le continent.

Si, au soir du 29 juin, tout ce que le Conseil Européen aura à offrir est une mouture remaniée des déclarations de Rome, la déception risque d’être grande et les perspectives d’une sortie à terme de la crise remises, une fois de plus aux « calendes européennes ».

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