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Rio+20 : comment les Chinois
sont parvenus en 20 ans à devenir
les premiers investisseurs
en énergies renouvelables ?
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Usine à gaz

Le marché des énergies vertes s'est développé en Chine, jusqu'à supplanter les occidentaux dans le secteur du photovoltaïque et de l'éolien.

Maïté Jaureguy-Naudin

Maïté Jaureguy-Naudin

Maïté Jaureguy-Naudin Directrice du Centre Energie de l'Ifri

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Atlantico :  Le sommet de Rio sur le changement climatique s'est ouvert ce mercredi. La plupart des observateurs estime que rien n'a changé depuis le premier sommet il y a vingt ans. Pourtant, la Chine est devenue le premier investisseur dans le secteur des énergies renouvelables tout en étant le premier émetteur de gaz à effet de serre. Comment expliquer ce paradoxe ?

Maïté Jaureguy-Naudin :La croissance économique chinoise se nourrit d’un fort besoin de ressources énergétiques, nécessaires au fonctionnement de l’industrie et au changement des modes de consommation des ménages. Les besoins ont été multipliés par quatre en 30 ans. La Chine a entrepris d’adapter sa politique économique de manière à diversifier son bouquet énergétique. Elle a également développé des mesures climatiques, d’une part pour participer à la lutte globale contre le changement climatique, d’autre part pour répondre à des enjeux locaux sanitaires et sociaux, en particulier concernant la pollution due à l’utilisation du charbon.

Ces politiques pourraient entraîner des réductions d’émissions par rapport à un scénario « business as usual ». L’amélioration de l’efficacité énergétique est une priorité. La Chine poursuit également un développement agressif des énergies renouvelables, mais doit moderniser son réseau de transmission et distribution de l’électricité pour intégrer des sources d’énergie intermittentes. Les usines les moins efficaces sont remplacées par des technologies de pointe. Néanmoins, ces efforts, réels, représentent peu de chose par rapport au bouquet énergétique existant. La « China Wind Energy Development Roadmap 2050 » prévoit par exemple un développement annuel de 15GW de capacité d’éolien jusqu’à 2020. C’est à comparer à une capacité installée de 650 GW de centrales charbon en 2010 (contre 370 GW cinq ans auparavant) et qui pourrait atteindre 933 GW en 2015. Il faut bien comprendre que les actions chinoises permettront seulement dans un premier temps de limiter l’augmentation des émissions de GES, pas de les diminuer.

Dans quelle mesure les technologies vertes chinoises se sont implantées chez les occidentaux – jusqu’à devancer ces derniers ?

La Chine a su mettre sa politique climatique au service de la politique industrielle nationale. En Europe, la politique de subventions - indispensables pour favoriser le développement de technologies encore trop chères pour le marché – a permis l’émergence de champions nationaux, Vestas, Enercon, Gamesa, Siemens, Repower qui ont longtemps dominé le marché. Mais très vite le marché s’est déplacé de l’Europe vers les Etats-Unis et l’Asie, poussant nombre de ces compagnies à établir des JV avec des compagnies chinoises ou indiennes pour tenter de prendre pied sur leur sol. En 2002, les fabricants de turbines éoliennes chinoises étaient quasiment inexistants, ils étaient une centaine en 2008 et Goldwind, alors le principal acteur chinois, entrait dans le top 10 des fabricants dès 2006. Aujourd’hui, Vestas encore numéro un mondial de l’éolien, annonce des suppressions d’emplois au Danemark et des délocalisations dues à la concurrence grandissante des fabricants chinois et indiens. Le chinois Sinovel, désormais numéro deux mondial, remporte des marchés en Europe. Il construira jusqu’à 1 GW de parcs éoliens en Irlande sur cinq ans, à la suite d’un accord conclu en juillet 2011 avec le développeur Mainstream Renewable Power. Celui-ci vient d’ailleurs d’ouvrir un bureau en Chine dans l’espoir que les fabricants chinois l’aident à développer les 16 GW de projets à son actif sur le solaire et l’éolien.

Quant au photovoltaïque, la Chine est déjà le numéro un mondial. Sur les deux secteurs, éolien et photovoltaïque, les parts des compagnies européennes ne cessent de diminuer, même si elles peuvent se satisfaire de bénéfices confortables dans un marché en expansion. Les pays européens ont donc fortement subventionné des compagnies qui, obéissant logiquement à des impératifs de marché, délocalisent ou suppriment ces nouveaux emplois verts. L’Europe est à présent la principale destination des exportations de panneaux photovoltaïques chinois et on voit bien la difficulté des entreprises européennes de ce secteur à perdurer dans un contexte de diminution des subventions et face à la concurrence bon marché des exportations chinoises.

Outre la Chine, quels sont les autres pays à la pointe des investissements dans les technologies vertes ? Y a t-il un bouleversement majeur ?

Tout d’abord, le long de la chaîne de valeur, tant dans l’éolien que dans le photovoltaïque, il y a des places à prendre pour des technologies à haute valeur ajoutée, sur lesquelles se positionnent les pays européens. Il faudra observer le développement des parcs d’éolien offshore. On attend beaucoup aussi du développement de technologies de stockage de l’électricité, qui pourra faciliter la pénétration des énergies intermittentes dans les mix énergétiques. Mais là aussi les économies émergentes sont présentes, en particulier la Corée. Les évolutions des technologies relatives aux « smart grids » sont aussi très attendues. Tous les grands européens sont positionnés sur ces nouveaux enjeux et ont de grands atouts :  Schneider, Siemens, Areva, la liste est longue.

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