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Post-tweet : L’opération com’ de Valérie Twitterweiler pour redorer son image peut-elle fonctionner ?
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Tweetweilergate

2/3 des Français ont désapprouvé le tweet de soutien au dissident PS Olivier Falorni envoyé par Valérie Trierweiler, selon un sondage pour Gala. La Première dame a depuis fait amende honorable et tente cette semaine de redresser son image. Mais comment faire ?

Jacques Séguéla

Jacques Séguéla

Jacques Séguéla est un publicitaire, cofondateur de l'agence de communication RSCG en 1970 (absorbée par le Groupe Havas en 1996). 

Il s'est impliqué dans la communication de nombreuses personnalités politiques.

Il a récemment publié Le pouvoir dans la peau, Plon, 2011.

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Atlantico : Après l’orage du "tweetweilergate", la réputation de Valérie Trierweiler s'est fortement dégradée. Pour y remédier, elle vient de lancer une véritable opération séduction en accordant plusieurs interviews où elle mentionne ses regrets, puis en laissant filtrer une phrase sur ses sentiments personnels. A-t-elle des chances de redresser la barre ou cette affaire la suivra-t-elle durant tout le quinquennat tel l'épisode du Fouquet's pour Nicolas Sarkozy ?

Jacques Séguela : Lorsque l’on a offensé les Français dans leur amour-propre national, il faut toujours s’excuser. Et c’est encore plus valable quand on est Première dame de France. Ainsi, elle a très bien fait d’exprimer ses regrets. Cependant, il s’agit aussi de savoir mesure garder et de ne pas multiplier les excuses afin que cela ne se transforme pas aux yeux de l’opinion publique en opération de contrition médiatique. Lorsqu’on regarde les sondages, 70% des Français estiment qu’elle a mal agi envers son mari, mais 62% d’entre eux estiment aussi qu’elle a mal agi envers Ségolène Royal, ce qui prouve que les femmes font passer les hommes avant leurs propres problèmes.

Cependant, à la suite de cette affaire, un Français sur deux ne voit aucun problème à ce qu’elle garde son compte Twitter. L’opinion publique a donc parfaitement intégré le fait qu’une femme n’épouse pas forcément les idées de son époux et qu’elle doit continuer à profiter de sa liberté d’expression. D’ailleurs la popularité et l’image future de Valérie Trierweiler dépendront de cette question de fond : une femme et avant tout la première d’entre elles, doit-elle forcément mettre ses idées dans sa poche et en laissant de côté ses impressions et son entité propre ?

S'il fallait lui faire un reproche, c'est que politiquement, elle a très mal choisi son moment, ce tweet tombait dans un mauvais timing. En revanche, médiatiquement, le temps était très bien choisi et a permis de présenter aux Français une question de essentielle et ce sera à elle d’y répondre et de proposer une solution. Selon les réponses apportées et selon la façon dont elle les impose, elle pourra ou non regagner le cœur des Français.

Ainsi dans ce débat, elle devra surtout essayer de conquérir le cœur des Françaises au-delà de celui des Français ?

Non, pas vraiment, c’est un peu plus contrasté que cela. En effet, dans les 48% de Français qui estiment qu’elle doit continuer de se démarquer, il y a plus d’hommes que de femmes et plus d’électeurs de droite que de gauche. Je crois que c’est la preuve que cette affaire est liée à un problème de modernisation de la société, car si la gauche a ses atouts, elle constitue aussi parfois une sorte de frein à la modernité.

L'orage du tweet sera capital dans le repositionnement du rôle de la Première dame de France, car il n’est plus viable de faire des femmes intelligentes de véritables potiches. C’est avilissant pour la femme et pour la France.

Comment parvenir à faire aimer une personnalité comme la sienne, dotée d’un caractère bien trempé, d’un passé conjugal houleux, et qui a tendance en matière d’image à effacer son compagnon ?

C’est elle-même qui devra réussir à s’imposer en se faisant aimer pour ce qu’elle est vraiment. Aujourd’hui il est très difficile, mais aussi fortement déconseillé, de tricher avec l’image que l’on veut donner de soi, compte tenu de la multiplication des antennes et des médias.

Beaucoup disent qu’elle sera le maillon faible de François Hollande, mais si au contraire elle pouvait être son maillon fort ? Comme l’a été Danielle Mitterrand avec François Mitterrand car elle n’a fait que renforcer non seulement parce qu’elle le remettait en place, mais aussi parce qu’elle le tirait vers toujours plus d’engagement, de gauche, de modernité et de développement environnemental. Valérie Trierweiler pourra sensibiliser son mari sur le rôle et la position des femmes dans la société française.

Les Anglo-saxons ont raillé son union particulière avec François Hollande en la qualifiant de « First Girlfriend », mais finalement ce statut pourrait se révéler comme son meilleur atout ?

Bien évidemment. Si elle le fait bien, elle va représenter un virage dans sa fonction et sortir l’image de la Première dame de France d’une clandestinité et d’un certain asservissement pour évoluer vers un rôle plus rayonnant. En revanche, si elle reste trop en retrait, elle gardera l'image de Valérie Tweetweiler. Elle doit donc respecter la maxime de Socrate « connaît-toi toi-même » et y ajouter « affiche ce que tu es ».

Propos recueillis par Priscilla Romain

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