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Ces sujets au cœur de la crise que le G20 n'a pas réglés
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G 10/20

Le sommet du G20 au Mexique a publié ce mercredi soir son communiqué final. Bilan en demi-teinte.

François  Leclerc

François Leclerc

François Leclerc est chroniqueur de "L'actualité de demain" sur le blog de Paul Jorion ainsi que dans La Tribune.

Il est également l'auteur de "Fukushima, la fatalité nucléaire", aux éditions "Osez la République sociale!".

Le suivre sur Twitter.

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Non sans quelque raison, l'usage s'est installé de critiquer les
 communiqués finaux du G20 comme étant vides de sens. Une manière de
 manifester son désappointement après avoir cru voir dans cette instance,
 il n’y a pas si longtemps, l’expression d’une nouvelle "gouvernance 
mondiale" qui allait tout prendre en mains.

La dernière réunion de
 Los Cabos du G20 a d’autant plus prêté le flanc à cette constatation
 qu’il en était attendu beaucoup et que bien peu en est sorti.
 
Pour l’organisation non gouvernementale Oxfam, « les chefs d'États, trop
 absorbés par leurs désaccords sur la meilleure manière de promouvoir la
 croissance économique mondiale et de résoudre la crise de la zone euro,
 semblent avoir totalement perdu de vue la situation des populations les
 plus pauvres, notamment confrontées à des baisses de l'aide au
 développement, aux conséquences du changement climatique et 
l'augmentation des prix des denrées alimentaires ».
 
Sans doute Oxfam aurait-il pu ajouter que ces dirigeants ne parviennent
 même pas à régler leurs problèmes de riches, car leur rencontre est
 apparue comme une réunion de préparation - qui plus est infructueuse -
du prochain sommet européen des 28 et 29 juin.

Les principaux points de
 son ordre du jour ont été escamotés au profit de la crise de
 désendettement européenne, comme le craignait Felipe Calderon, président
 du Mexique et hôte de la réunion. Mais, même à ce sujet, le communiqué 
final a arrondi tous les angles et laissé toutes les décisions en plan.
 
Particulièrement attendus sur le chapitre de la croissance, les 
dirigeants des vingt plus grandes puissances de la planète en sont 
restés à des déclarations incantatoires peu convaincantes. Il est vrai
 que les mesures de relance qui étaient espérées ne sont pas de leur
 ressort, mais de celui des banques centrales dans leur rôle de sauveur
 de dernier ressort.

A quoi sert alors le G20, s'il s'en remet à elles ?
 
La Banque d’Angleterre s’achemine, si l’on en croit les minutes de sa
 dernière réunion des 6 et 7 juin, vers la reprise de ses opérations de
 création monétaire afin de procéder à des achats d’actifs, et a dans
 l’immédiat engagé un programme de prêts aux banques de 5 milliards de 
livres mensuels, afin d’aider la relance économique. La Fed vient
 d’abaisser ses prévisions de la croissance économique américaine, et
 d’annoncer la poursuite de son programme « Twist » d’échanges de bons du
 Trésor de moins de moins de trois ans contre des obligations de 6 à 30 ans. Aux 400
 milliards de dollars initiaux de "Twist" vont s’ajouter 267 milliards de 
dollars de plus d’échange de titres, le reliquat de ce que la Fed avait
 en magasin.
 


Sous couvert d’abaisser les taux de celles-ci, la décision de la Fed
 évite au Trésor américain d’avoir à leur trouver des acquéreurs
 étrangers qui se font tirer l’oreille pour financer la dette américaine
 à long terme. Parallèlement, le Comité de politique monétaire de la Fed
« est prêt à prendre des mesures supplémentaires si nécessaire pour
 promouvoir une reprise économique plus forte et une amélioration durable
 du marché du travail dans un environnement de prix stables ».
 
Les vœux de Charles Dallara s'exprimant au nom de l'Institute of
 International Finance seraient donc en passe d'être exaucés, si l'on met
 à part le cas de la BCE et de la zone euro.

Les dirigeants de cette
 dernière se révélant trop empêtrés dans leurs contradictions et la
 banque centrale restant l'arme au pied afin de les inciter à prendre ce
 qu'elle considère être leurs responsabilités.
 
Mais le G20 aurait pu s'interroger sur le sens à donner à des
 initiatives qui ont pour effet d'injecter de nouvelles liquidités dans
 un système financier qui pour le moins n'en manque pas, sauf qu'elles ne 
circulent pas, afin de relancer l'économie par le crédit alors que la
 résorption de la gigantesque bulle de la dette est déjà particulièrement
 chaotique et indécise.

L'intervention des banques centrales a un fâcheux
 goût d'expédient, d'autant que leurs interventions précédentes n'ont pas
 produit les effets escomptés.
 
La faible croissance enregistrée aux États-Unis, ou la récession
 s'agissant de l'Europe, proviendraient d'un yuan chinois sous-évalué ou
 d'une compétitivité insuffisante. A Londres et à Washington, la crise de 
la zone euro est à bon compte déplorée pour ses effets négatifs sur la
 croissance.
 
Pour autant, la relance d'une croissance conçue comme une panacée a
 toutes les caractéristiques d'une échappatoire, d'autant plus tragique
 qu'elle ne se manifeste pas. Et que le désendettement qu'elle 
faciliterait en devient impossible. S'interroger sur sa nature et son
 moteur pourra-t-il longtemps être éludé, même par le G20 ?
 
 


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