G 10/20
Ces sujets au cœur de la crise que le G20 n'a pas réglés
Le sommet du G20 au Mexique a publié ce mercredi soir son communiqué final. Bilan en demi-teinte.
Non sans quelque raison, l'usage s'est installé de critiquer les communiqués finaux du G20 comme étant vides de sens. Une manière de manifester son désappointement après avoir cru voir dans cette instance, il n’y a pas si longtemps, l’expression d’une nouvelle "gouvernance mondiale" qui allait tout prendre en mains.
La dernière réunion de Los Cabos du G20 a d’autant plus prêté le flanc à cette constatation qu’il en était attendu beaucoup et que bien peu en est sorti. Pour l’organisation non gouvernementale Oxfam, « les chefs d'États, trop absorbés par leurs désaccords sur la meilleure manière de promouvoir la croissance économique mondiale et de résoudre la crise de la zone euro, semblent avoir totalement perdu de vue la situation des populations les plus pauvres, notamment confrontées à des baisses de l'aide au développement, aux conséquences du changement climatique et l'augmentation des prix des denrées alimentaires ». Sans doute Oxfam aurait-il pu ajouter que ces dirigeants ne parviennent même pas à régler leurs problèmes de riches, car leur rencontre est apparue comme une réunion de préparation - qui plus est infructueuse - du prochain sommet européen des 28 et 29 juin.
Les principaux points de son ordre du jour ont été escamotés au profit de la crise de désendettement européenne, comme le craignait Felipe Calderon, président du Mexique et hôte de la réunion. Mais, même à ce sujet, le communiqué final a arrondi tous les angles et laissé toutes les décisions en plan. Particulièrement attendus sur le chapitre de la croissance, les dirigeants des vingt plus grandes puissances de la planète en sont restés à des déclarations incantatoires peu convaincantes. Il est vrai que les mesures de relance qui étaient espérées ne sont pas de leur ressort, mais de celui des banques centrales dans leur rôle de sauveur de dernier ressort.
A quoi sert alors le G20, s'il s'en remet à elles ? La Banque d’Angleterre s’achemine, si l’on en croit les minutes de sa dernière réunion des 6 et 7 juin, vers la reprise de ses opérations de création monétaire afin de procéder à des achats d’actifs, et a dans l’immédiat engagé un programme de prêts aux banques de 5 milliards de livres mensuels, afin d’aider la relance économique. La Fed vient d’abaisser ses prévisions de la croissance économique américaine, et d’annoncer la poursuite de son programme « Twist » d’échanges de bons du Trésor de moins de moins de trois ans contre des obligations de 6 à 30 ans. Aux 400 milliards de dollars initiaux de "Twist" vont s’ajouter 267 milliards de dollars de plus d’échange de titres, le reliquat de ce que la Fed avait en magasin.
Sous couvert d’abaisser les taux de celles-ci, la décision de la Fed évite au Trésor américain d’avoir à leur trouver des acquéreurs étrangers qui se font tirer l’oreille pour financer la dette américaine à long terme. Parallèlement, le Comité de politique monétaire de la Fed « est prêt à prendre des mesures supplémentaires si nécessaire pour promouvoir une reprise économique plus forte et une amélioration durable du marché du travail dans un environnement de prix stables ». Les vœux de Charles Dallara s'exprimant au nom de l'Institute of International Finance seraient donc en passe d'être exaucés, si l'on met à part le cas de la BCE et de la zone euro.
Les dirigeants de cette dernière se révélant trop empêtrés dans leurs contradictions et la banque centrale restant l'arme au pied afin de les inciter à prendre ce qu'elle considère être leurs responsabilités. Mais le G20 aurait pu s'interroger sur le sens à donner à des initiatives qui ont pour effet d'injecter de nouvelles liquidités dans un système financier qui pour le moins n'en manque pas, sauf qu'elles ne circulent pas, afin de relancer l'économie par le crédit alors que la résorption de la gigantesque bulle de la dette est déjà particulièrement chaotique et indécise.
L'intervention des banques centrales a un fâcheux
goût d'expédient, d'autant que leurs interventions précédentes n'ont pas
produit les effets escomptés.
La faible croissance enregistrée aux États-Unis, ou la récession
s'agissant de l'Europe, proviendraient d'un yuan chinois sous-évalué ou
d'une compétitivité insuffisante. A Londres et à Washington, la crise de
la zone euro est à bon compte déplorée pour ses effets négatifs sur la
croissance.
Pour autant, la relance d'une croissance conçue comme une panacée a
toutes les caractéristiques d'une échappatoire, d'autant plus tragique
qu'elle ne se manifeste pas. Et que le désendettement qu'elle
faciliterait en devient impossible. S'interroger sur sa nature et son
moteur pourra-t-il longtemps être éludé, même par le G20 ?
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