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Fête de la musique : stop à la nostalgie, même sous les Beatles la pop musique se répétait déjà
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Twist & shout

Pour sa 31ème édition, la fête de la musique se tiendra ce jeudi sous le signe de la pop. Qui dit "pop" dit "Beatles", mais les britanniques ont su se renouveler depuis les années 1970...

Gilles Verlant

Gilles Verlant

Gilles Verlant est journaliste de radio et de télévision.

Il est l'auteur de nombreux ouvrages dédiés à la musique dont Les Miscellannées du rock (Fetjaine, 2009).

Site internet : gillesverlant.com

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Atlantico : La pop britannique a exercé une influence considérable dans le monde artistique et a laissé une empreinte sur la culture du Royaume-Uni. Depuis la fin des Beatles, tourne t-elle en rond ou parvient-elle à se renouveler ?

Gilles Vernant : Dans une interview parue dans Rock & Folk, Philippe Paringaux estime que le rock a commencé à se répéter à partir de 1970. Quarante-deux ans plus tard, nous nous posons toujours la même question.

Je pense que cela dépend des générations. Quelqu’un qui a vécu les années 1960, 1970, 1980 et 1990 peut avoir l’impression que le rock se répète. D’ailleurs, le journaliste Simon Reynolds, dans son livre Rétromania, met en exergue la propension qu’à la "Lapop music" à revisiter et rééditer son passé.

Mais rappelons que les Beatles ont commencé en faisant des reprises. Au moment même où ils enregistrent leur premier 45 tours chez E.M.I. en 1962, leur répertoire est alors composé de quatre ou cinq titres originaux, le reste n’étant que des reprises de pionniers du rock’n’roll et de rhythm’n’blues. Eux aussi répétaient donc le passé en reprenant des chansons de Little Richard, d’Elvis Presley...

La pop music est donc en constante évolution. Lorsqu’elle commence à tourner en rond, un nouveau producteur ou un nouvel artiste arrive et permet de maintenir l’intérêt de toute une nouvelle génération. Ce qui est formidable ! Par exemple, nous avons eu dans les années 2000 un certain nombre de groupes sensationnels tels que Gorillaz ou encore les Arctic Monkeys.

La pop britannique se renouvelle t-elle donc en revisitant son passé glorieux ?

La grande question qui existe depuis longtemps consiste à se demander si le rock n’est pas condamné, comme la chanson française , à se situer systématique dans un espace qui a déjà été balisé. N’importe quel nouvel artiste français qui arrive aujourd’hui se situe forcément dans un triangle composé de Georges Brassens, Léo Férré et Serge Gainsbourg. L’évolution est avant tout un terme marketing galvaudé.

La "pop music" évolue dans le cadre de son passé glorieux, mais celui-ci est suffisamment prestigieux, inventif et offre suffisamment de bonheur au public pour que cette démarche musicale soit valide et ne constitue ni un poids, ni un défaut. Le principal « problème » de la "pop music" est que ses règles ont été définies pas les Beatles de 1962 à 1970. Il étaient les premiers et les plus géniaux, et ils le restent.

Par exemple, le lettrage psychédélique était un clin d’œil ironique dans les années 1980. Mais les recyclages du passé sont devenus si systématiques dans la mode, le design, le graphisme et ce qui entoure la culture pop au sens large, que la nouvelle génération ne sait pas forcément que le lettrage psychédélique a été inventé vers 1965-1966 à San Francisco parce qu’elle le voit traité tous les jours et à « toutes les sauces ». Mais cela n’est pas négatif, ce qui compte est que les gens prennent du plaisir. Mieux vaut que se soit du rock que du Claude François, du Céline Dion ou du Justin Bieber !

Quelle est aujourd’hui l’influence de la pop britannique dans le monde ? Doit-elle affronter la force de frappe du marketing américain ?

Globalement, les américains se moquent des artistes britanniques. Ils ont suffisamment de stars sous la main. Cela dit, il y a beaucoup d’inventivité dans les petits groupes anglais.

Dès qu’un groupe se forme et répète dans un garage pour faire de la musique, il pense aussi à son look ou à son nom. Ils pensent déjà en termes de marketing. Mais il est évident que le marketing à outrance qui a commencé au milieu des années 1980 à la fin des années 1990 a certainement amoché la musique. La suite, nous la connaissons... Il a suffit qu’internet émerge pour que l’industrie du disque s’effondre.

Propos recueillis par Olivier Harmant

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