-2 degrés en moyenne : un printemps pourri et encore plus pour les commerçants<!-- --> | Atlantico.fr
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Du point de vue météorologique, le printemps a été désastreux...
Du point de vue météorologique, le printemps a été désastreux...
©Reuters

Freeze

Un printemps "pourri". C'est vulgairement ce que l'on pourrait dire des trois mois écoulés. Si la mauvaise humeur a dominé, ce n'était pas la seule conséquence négative de cette météo. Certaines entreprises payent le prix fort des écarts de température. Dans ces conditions, comment anticiper l'été pour limiter la casse ?

Patrice Roussel

Patrice Roussel

Patrice Roussel est le directeur général de Climpact, leader européen de la Business Intelligence Climate, spécialisé dans le conseil marketing autour des questions météorologiques

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Atlantico : Du point de vue météorologique, le printemps a été désastreux. Quelles ont été les conséquences en terme de vente des produits dits « météo-sensibles » ?

Patrice Roussel : Le constat est clair, le printemps a été très délicat par rapport à l’année dernière. Le mauvais temps a causé de fortes chutes dans les ventes de produits consommés habituellement à cette période. Si le mois d’avril a été réellement catastrophique, avec des pics de 9 degrés d’écart par rapport à 2011, il y a eu seulement deux degrés d’écart entre le mois de mai de cette année et celui de l’année passée. Toutefois, cela  a suffi à engendrer des écarts de consommation considérables.

Le consommateur va commencé à acheté des produits dits « estivaux » à partir d’un certain seuil de déclenchement. Avant, les ventes sont assez faibles. C’est précisément ce qui ne s’est pas passé cette année, car pour la plupart des biens de consommation, le seuil n’a pas été enclenché car les conditions météorologiques ne l’ont pas permis. Il ne faut pas oublier de prendre en compte les écarts entre les régions qui ont été, eux-aussi, considérables.

Comment s’annonce l’été en terme de vente des produits de saison?

Il y a deux manières de se projeter dans le futur ; soit quantitativement, soit qualitativement. Cela nous permet de donner aux industriels et aux distributeurs des prévisions qui vont jusqu’à trois ou quatre semaines. On ne peut donc pas prévoir le temps qu'il va faire dans l'intégralité de l'été.

Au mois de juin, on a constaté qu’il y avait peu de différences avec l’année dernière. Les écarts de températures sont minimes. Globalement les produits qui ont bien marché l’année dernière ont bien marché cette année aussi. On note, entre autres, des bonnes ventes dans le secteur soupes et potages mais aussi pour les produits insecticides. Cependant,  ce mois-ci n’ayant pas été « fabuleux », les glaces et les produits solaires réalisent, eux, un faible score dans les ventes. Mais rien d’alarmant par rapport à 2011.

Pour ce qui est de l’impact économique, on travaille sous la forme de simulation avec les entreprises pour savoir quel temps il faudrait qu’il fasse pour qu’ils puissent rattraper le retard accumuler depuis le début de l’année. Et l’été devrait vraiment être exceptionnel pour pouvoir rattraper les retards du printemps désastreux ! Pour l’instant, ce n’est pas ce que l’on prévoit. L’année 2012 devrait donc être délicate pour les secteurs exposés.

Aux vues des mutations climatiques au fil des années, n’allons-nous pas vers un changement des modes de consommation des produits en été ? Comment les entreprises peuvent-elles y faire face ?

Auparavant, il y avait une saisonnalité du produit. L’été, on mangeait des glaces et l’hiver, on consommait des soupes. Aujourd’hui, tout cela est en train de changer. Les saisons ne se ressemblent plus entre elles. C'est pour cela que l'on voit des produits, comme le fromage à faire fondre en hausse dans les ventes, alors qu'il ne sont habituellement pas de saison.

Les entreprises doivent donc impérativement intégrer cette notion d’impact de la météo dans les processus de production, de distribution et de marketing. Elles doivent anticiper les besoins des consommateurs au regard de ces éléments pour ne pas subir une baisse des profits. Par exemple, si le mauvais temps se confirme, les industriels devront prendre en compte cette donnée pour ne pas approvisionner en abondance les stands glaces ou produits solaires afin de ne pas se retrouver avec des invendus. A l’inverse, les produits consommés généralement en hiver devront être eux réapprovisionnés d’une manière suffisante pour que le consommateur n’aille pas à la concurrence. Quand le client change de marque, c’est l’industriel qui perd et quand le client n’achète rien ou change de magasin, c’est le distributeur qui perd.

Il faut être de plus en plus fin dans la manière de prévoir pour pouvoir intégrer l’ensemble des paramètres qui vont influencer le consommateur. Et la météo est aujourd’hui un paramètre majeur.

Propos recueillis par Célia Coste

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