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Ces nouveaux sujets rattrapés 
par le politiquement correct français
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Glavany, politiquement incorrect ?

Réagissant aux déclarations du député PS Patrick Glavany sur la volonté du parti de voir une femme à la présidence de l'Assemblée nationale, Dominique Jamet pointe ces nouveaux thèmes interdits de cité.

Dominique Jamet

Dominique Jamet

Dominique Jamet est journaliste et écrivain français.

Il a présidé la Bibliothèque de France et a publié plus d'une vingtaine de romans et d'essais.

Parmi eux : Un traître (Flammarion, 2008), Le Roi est mort, vive la République (Balland, 2009) et Jean-Jaurès, le rêve et l'action (Bayard, 2009)

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Atlantico : Le Parti Socialiste a émis le souhait de placer une femme à la tête de l’Assemblée nationale. Candidat à ce poste, Jean Glavany a déclaré que la compétence pour ce poste « ne se mesure pas à la longueur de la jupe ». Est-il allé trop loin ?

Dominique Jamet : Pour ma part, j’ai effectivement trouvé sa réflexion déplacée et sexiste. Même si l’idée qu’une femme serait plus compétente à ce poste est très discutable et montre qu’on est encore très loin du jour où on n’accordera plus aucune attention au sexe. Cela dit, il aurait dû avoir le droit de faire ce commentaire, c’est son affaire. Cela montre qu’on est dans une période où on n’a pas le droit de dire des choses qui n’ont pas été prévues.

Y a-t-il plus de sujets « politiquement incorrects » qu’auparavant ? Quels sont aujourd’hui les sujets politiquement incorrects ?

Nous ne sommes pas dans une époque plus contraignante du point de vue de la liberté d’expression, par rapport à il y a 200 ans, lorsque l’Eglise faisait sa loi. Mais par rapport à d’autres époques, il y a une progression de la mastication et du refus de discuter sur ces sujets. De tous temps, il y a des opinions dominantes. Pourtant, refuser de les remettre en question est typique de notre époque. L’évolution a été imperceptible, malgré quelques dates marquantes qu’on peut distinguer, comme la loi sur le génocide arménien, qui suppose l'existence d'une vérité historique. Elle est surtout due au bipartisme et à la réduction du pluralisme, symptomatiques de notre époque, que ce soit au niveau médiatique ou des partis politiques.

Comme s’il n’y avait pas de réalité en-dehors de l’UMP et du PS. Parallèlement aux mécanismes de la Ve République, qui favorisent la bipolarisation, on assiste à une tendance à la concentration médiatique et à l’impossibilité pour les opinions minoritaires de faire vivre une presse et donc d’exister. Certes, internet permet une nouvelle forme de liberté d’expression. Mais il est fort possible que l’histoire des radios libres se répète. Lorsqu’on a ouvert les radios, on s’attendait à une explosion dans l’expression des opinions. Cela dit, progressivement, ces radios sont toutes tombées dans les mains de grands groupes. Vue la désorganisation des pôles d’expression sur le net, il est de même possible que les grands groupes traditionnels se saisissent finalement du débat. Comme à la radio.

 A l’heure actuelle, un certain nombre de sujets sont soumis à une vérité unique dogmatique : la parité, l’immigration, ou l’Europe. On postule que l’immigration n’est pas un problème, que l’insécurité est un fantasme, ou qu’il faut sauver l’Euro, sans jamais remettre ces assertions en question. Tout le monde doit se plier à la vérité du groupe.

Des militants du Front de Gauche de la région de Bollène se sont récemment émus qu’une fillette blanche à la chevelure trop claire figure sur une affiche municipale. Cela montre-t-il que le thème des discriminations est tabou ? 

En effet. Un certain nombre de personnes sont arrivées à éprouver une haine sincère envers leur propre pays. On lit de plus en plus souvent des phrases du type « mais c’était un homme blanc » en en faisant quelque chose de négatif. Or croire que l’on peut lutter contre le racisme par un racisme en sens contraire est une grave erreur.

La parole est-elle plus libre dans les autres pays comparables à la France ?

Bien sûr. Certains pays ont une tradition et une législation plus favorables à la liberté d’expression, comme les Etats-Unis qui sont à l’extrême, ou la Grande Bretagne. Malgré un système bipartisan, la loi met moins de barrières à l’expression des opinions dans ces états. C’est aussi une question de mœurs : aux Etats-Unis, il ne viendrait à personne l’idée de demander l’interdiction d’une certaine expression. Nous sommes très en retard par rapport aux autres démocraties développées. Mais par rapport au très grand nombre de pays peu ou pas démocratiques, au-delà de la Corée du Nord, la Syrie, l’Egypte ou l’Irak, nous sommes bien évidemment des privilégiés.

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