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Le Qatar n'a pas seulement
du pétrole, il a aussi des idées... schizophrènes !
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Soft power

Entre investissements en Occident et financement de combattants de l'islamisme radical, le richissime émirat a résolument décidé d'utiliser sa force de frappe financière pour se constituer un soft power incontournable à la ligne double.

André Bercoff

André Bercoff est journaliste et écrivain. Il est notamment connu pour ses ouvrages publiés sous les pseudonymes Philippe de Commines et Caton.

Il est l'auteur de La chasse au Sarko (Rocher, 2011), Qui choisir (First editions, 2012), de Moi, Président (First editions, 2013) et dernièrement Bernard Tapie, Marine Le Pen, la France et moi : Chronique d'une implosion (First editions, 2014).

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Richesse oblige, l’émirat du Qatar s’est donné les moyens de faire d’Al Jazeera, toutes proportions gardées, le CNN du monde arabe et il a admirablement réussi. Même la chaîne saoudienne Al Arabiya n’a pas l’influence ni l’audience de son aîné de l’émirat-Crésus. C'est donc une certitude, en plus du pétrole, le Qatar a aussi des idées : il a compris que son image pouvait se démultiplier, à l’intérieur du Moyen-Orient comme chez les décideurs de la planète, en qualité et en puissance.

Qui contrôle les médias dominants ne peut être ignoré, et encore moins contourné. Les fondateurs d'Al Jazeera ont donc décidé qu’ils devaient marcher sur deux jambes : 

  • Liberté d’expression, jusqu’ici pratiquement inconnue entre l’Atlantique et le Golfe Persique, à l’exception d’Israël et du Liban ;

    • Attachement profond aux valeurs arabes et islamiques, qui fait que le prédicateur Youssef al-Qardaoui anime chaque semaine l’une des émissions les plus populaires de la chaîne dans laquelle, et c’est une litote, il appelle beaucoup plus souvent à la guerre qu’à la réconciliation.


Al Jazeera est en fait un remarquable miroir de la politique actuelle du Qatar, qui, d’un côté, investit massivement dans l’Occident du sport, des palaces et des grandes compagnies ; et de l’autre, n’hésite pas à encourager, en monnaie sonnante, trébuchante et armée, les combattants de l’islamisme radical, à condition qu’ils n’interviennent d’aucune façon dans la vie de l’émirat. À eux, les écoles et les martyrs, à la dynastie des Al-Thani, la politique et l’économie.

La France avait établi un statut spécial pour les Qataris et leur manne céleste : l’on sait que l’émir avait été le premier chef d’État étranger à être reçu, en 2007, par le tout nouveau président de la République. Il apparaît d’ores et déjà que François Hollande ne changera pas une équipe qui fait gagner – et pas seulement le PSG – puisqu’il vient de recevoir, avec les honneurs dus à son rang, le ministre qatari des affaires étrangères.

Grâce à Al Jazeera, le Qatar est devenu l’un des principaux acteurs du soft power, et constitue aujourd’hui une des armes les plus efficaces du monde arabe sunnite, face aux chiites de l’Iran, du Hebzollah et de leurs féaux alaouites de Syrie. Et ce n’est pas Al-Mayadeen, la nouvelle chaîne lancée au Liban par les adversaires de l’émirat, qui changera la donne.

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