Euro 2012 : Les gendarmes des paris sur le qui-vive

Alors que le championnat d’Europe des nations de football, plus communément appelé l’Euro, a tout juste démarré, tout le monde est prêt, qu’il s’agisse des bénévoles de la FIFA présents sur place, les joueurs, les supporters, les commentateurs et… les parieurs.

En effet, au-delà du sentiment d’appartenance créé par un tel évènement en mondovision, et grâce à la libéralisation des paris en ligne (en France notamment, depuis 2010), il est possible de parier sur tous les matches de la compétition sans exception. Entre le nom des buteurs, les scores exacts et bien sûr les dénouements, en un clic, les parieurs peuvent valider leurs « Bet » sur les plateformes françaises agréées par l’ARJEL (Autorité de Régulation des Jeux En Ligne).

L’ARJEL et l’El Dorado plutôt « nuageux » des paris sportifs en France

Depuis 2010, le marché des jeux en ligne est ouvert « librement » à la concurrence. A ce jour, 35 opérateurs se sont vus délivrer 46 agréments (sites de poker, paris hippiques et paris sportifs) par l’ARJEL, une singularité bien hexagonale dont l’objectif est de protéger les joueurs (dépendance, isolement, endettement) en délivrant des certifications aux plateformes les plus sérieuses qui répondent positivement à un cahier des charges conséquent (viabilité financière, présence de différents bandeaux d’avertissement, etc…).

Au-delà de la mécanique particulière des jeux d’argent en ligne en France, il est important de souligner que les chiffres de l’année 2011 ne sont pas ceux qui étaient escomptés lors de l’ouverture du marché il y a 2 ans. A titre d’exemple, entre le dernier trimestre 2010 et le dernier trimestre 2011, concernant les paris sportifs, une baisse notable de 23% des mises a été notée dans le dernier rapport d’activité de l’ARJEL. Aussi, le produit brut des jeux qui n’est autre que l’indice le plus important pour les opérateurs a diminué de 10%.

La déception de la part des acteurs du marché s’explique notamment de par une fiscalité contraignante qui voit les opérateurs payer des taxes sur les mises, et non sur les bénéfices réalisés (en prenant donc en compte le taux de retour aux joueurs), une aberration qui ne permet pas à ces derniers de proposer des cotes aussi intéressantes que sur les plateformes anglaises par exemple. Or, plus la cote est importante, plus les gains sont conséquents. En somme, sous couvert de protéger les joueurs, on bride le marché lui-même.

Le spectre du Calcioscommesse sur l’Euro 2012

Concernant les paris sportifs, l’Italie est actuellement secouée par de fortes suspicions de matchs truqués. Après le Totonero de 1980 et le Calciopoli de 2006, les transalpins sont encore pointés du doigt, cette fois par le procureur de Cremone qui a mis à jour un réseau mafieux de grande envergure. Des dizaines de joueurs (dont certains de l’équipe nationale), des entraineurs et des présidents seraient mouillés, un coup de tonnerre pour la Serie A et B (Ligue 1 et 2 en Italie). Le match le plus éloquent est celui qui a opposé l’Atalanta à Piacenza, 3 buts à 0 à la mi-temps, alors que des fautes plus que grossières ont été commises.

Plus qu’un scandale, il semblerait que ce Calcioscommesse (traduction de « Paris sur le football ») jette un pavé dans la mare, puisque les suspicions similaires ne manquent malheureusement pas, comme par exemple en Suisse (FC Locarno), en Ligue des Champions (Zagreb-Lyon) ou encore lors de la coupe du monde 2006 (Ghana et Ukraine). N’oublions pas qu’hormis certains championnats (Liga, Premier League, Bundesliga, etc…), la situation de nombreux footballeurs (équipes de seconde zone, club comme nation) est précaire car les contrats sont à durée limitée, et les salaires nettement inférieurs à la moyenne, alors comment refuser des offres malhonnêtes ? Ceci n’étant pas une excuse bien évidemment… La puissance des gangs, en Italie comme en Asie du Sud-Est, est bien plus impressionnante que l’on pourrait le croire (réseau, contact, liquidité, etc…).

Les paris en ligne lors de l’Euro 2012

Lors de l’Euro 2012, les budgets des opérateurs de paris sportifs en ligne ont été généreux, afin de pouvoir attirer de nombreux parieurs. Des bonus supplémentaires sont proposés pour attiser le feu des parieurs.

A noter que le football représente plus de 50% des paris sportifs totaux. Aussi, la vigilance de l’ARJEL sera plus importante afin de détecter des mouvements potentiellement frauduleux sur des matches truqués. Après le scandale italien, les gendarmes des paris sont sur le qui-vive.

Le football pourrait en effet souffrir d’un grave déficit de crédibilité si des rencontres étaient truquées lors de l’Euro 2012. Gageons que la qualité des équipes engagées va permettre au "sport roi" de se refaire une santé…