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Valérie Trierweiler 
peut-elle être une autre personne 
que Madame Hollande ?
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First girlfriend

La compagne du président François Hollande cherche un nouveau terme pour remplacer "première dame". Comment compte-t-elle incarner la fonction ?

Constance Vergara

Constance Vergara

Constance Vergara est journaliste. Elle a travaillé à France Soir, puis Paris Match, Gala et GQ. Elle a publié en mars 2012 Valérie, Carla, Cécilia, Bernadette et les autres, en campagne.

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Atlantico : Sur France Inter, Valérie Trierweiler a évoqué sa volonté de ne pas être une première dame potiche, de continuer à être journaliste, mais aussi d’être une femme et une mère de famille autonome et indépendante. Faire tout cela à la fois, c’est possible ?

Constance Vergara : Oui. Je pense qu’elle va le démontrer. Il faut élargir le carcan dans lequel on a toujours voulu mettre les premières dames. Rien n’est écrit et tout reste à inventer lorsqu’il s’agit de cette position. Les personnalités qui se retrouvent dans ce rôle arrivent avec les bagages riches d’une vie passée parfois complexe. Elles n’ont plus rien à voir avec des femmes comme Bernadette Chirac qui, de par leur éducation et leur génération, prenaient grand plaisir à s’occuper de l’argenterie de l’Elysée en bonnes maîtresses de maison.

Valérie Trierweiler, à mon avis, veut simplement montrer que l’on peut occuper cette position tout en restant le plus normal possible… même si ce mot revêt un sens particulier aujourd’hui ! Peu de gens arrivent à être libres. En un an d’enquête où j’ai pu la rencontrer et rencontrer ses proches, j’ai eu le sentiment qu’elle était quelqu’un qui colle à cette définition. Dans mon livre, je l’ai surnommée « l’indomptable ». Elle fait ce qu’elle a envie de faire. Pas parce qu’il faut le faire, pas parce que c’est le code. Ce n’est ni quelqu’un de conservateur ni quelqu’un de rebelle qui fait la révolution pour faire la révolution. Elle devrait continuer sur cette ligne.

Chez Paris Match, cela faisait cinq ans qu’elle était au service culture et qu’elle écrivait deux ou trois papiers par mois. Il a simplement fallut l’acter et le dire haut et fort parce qu’elle se retrouve premier dame. Mais rien ne change. Tout prend une tournure particulière parce qu’elle se retrouve dans cette position mais elle devrait chercher à montrer qu’elle peut justement continuer de vivre au rythme auquel elle vivait jusqu’ici.

Elle a manifesté sa volonté de changer ce qu’est le rôle de première dame, qu’elle veut redéfinir. C’est nouveau, pour une première dame, de vouloir imprégner la position de son caractère ?

En 2008, Carla Sarkozy, juste après s’être mariée avec le président, a sorti son troisième album. Ca a été une catastrophe. Les critiques ont été particulièrement assassins. C’était surprenant car pour ses précédents disques, elle avait eu de bons retours qui avaient salué sa reconversion réussie de top model en chanteuse. Elle a voulu continuer sa carrière mais en étant devenue femme de président, elle s’est tout pris dans la figure. Son côté icône de la gauche bloblo reconvertie en traîtresse mariée au président bling-bling n’a rien arrangé.

Suite à cela, elle a arrêté. Elle a un album qui est prêt depuis un an mais dont elle retarde la sortie pour ne pas subir les mêmes déconvenues.

Carla Bruni-Sarkozy a donc tenté de continuer sa carrière une fois première dame mais a finalement été obligée de la mettre entre parenthèses ?

Oui, ou sur pause. Je pense que c’est d’autant plus compliqué pour une chanteuse que pour une journaliste. Ne serait-ce que pour des raisons de sécurité : il est impossible de contrôler des salles entières. Elle s’est certainement un peu auto-censurée après ce troisième album qui a été très mal accueillis. Elle a préféré éviter les télescopages avec le calendrier politique. Et puis on lui a un peu suggéré aussi.

Tout cela pour dire que Valérie Trierweiler n’est pas la première à arriver avec un métier et un passé.

Valérie Trierweiler a beaucoup insisté sur son identité de femme, indépendante, autonome, mère de famille qui s’assume financièrement et s’adresse aux Françaises. C’est important pour elle ?

Ce qui est important, c’est que ce n’est pas une posture. C’est d’ailleurs la différence avec Carla Bruni-Sarkozy : alors que cette dernière vient d’un milieu assez favorisé, Valérie Trierweiler est plutôt issue d’origines modestes. Un père invalide, une mère caissière dans une patinoire d’Angers dont le seul salaire doit permettre d’élever six enfants. Elle-même a commencé à travailler très jeune. Ce n’est pas un caprice ou une posture féministe : elle a tout simplement travaillé toute sa vie.

Où se situe une première dame à la française entre une Michelle Obama et un Joachim Sauer, le Monsieur Merkel allemand ?

Ce sont typiquement les trois cultures différentes. Aux Etats-Unis, la première dame a une fonction : elle a plusieurs dizaines de personnes qui travaillent à ses côtés. Les Américains attendent d’elle qu’elle remplisse sa fonction sérieusement. La famille, dans son ensemble, est très exposée dans la vie politique. En France, finalement, on n’attend pas grand-chose de particulier de notre première dame : il n’y a pas de statut. Par tradition, ça s’est installé dans l’esprit des gens mais ce n’est finalement pas une obligation.

Est-ce que justement, dans ce cas, pourquoi ne pas suivre l’exemple de Joachim Sauer qui a su se faire très discret ?

Effectivement, elle s’expose plus que le mari de la chancelière allemande. C’est le côté latin des français : la femme reste une femme, elle doit être belle et elle doit être présente.

Propos recueillis par Romain Mielcarek

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