Dépénalisation du cannabis : 70% des Français contre<!-- --> | Atlantico.fr
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Il y a un vrai clivage gauche / droite : les partisans de la dépénalisation sont majoritairement des électeurs de gauche.
Il y a un vrai clivage gauche / droite : les partisans de la dépénalisation sont majoritairement des électeurs de gauche.
©Reuters

Les Français n'aiment pas l'herbe

Sondage exclusif Atlantico/Ifop : si l'opinion a évolué sur certaines mesures comme le mariage homosexuel, elle reste fermement opposée à la dépénalisation du cannabis depuis 20 ans. Un rejet qui ne devrait pas inciter les politiques à s'engager en ce sens.

Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet est directeur du Département opinion publique à l’Ifop.

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Question : Vous personnellement, êtes-vous plutôt favorable ou plutôt opposé à la dépénalisation des drogues douces comme le cannabis ?

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[1] Etude Ifop pour Sud Ouest Dimanche réalisée par questionnaire auto-administré en ligne du 16 au 17 juin 2011 auprès d'un échantillon de 955 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

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Le jugement à l’égard de la dépénalisation des drogues douces comme le cannabis

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Atlantico : Quelles sont les enseignements de ce sondage ?

Jérôme Fourquet : Seulement 30% des Français sont favorables à la dépénalisation des drogues douces comme le cannabis. En juin dernier, nous étions à 36%. En un an, on a donc enregistré un recul de 6 points sur cette question. A la fin des années 1990, début des années 2000, entre 30 et 32% des Français étaient favorables à cette dépénalisation. La position des Français n’a pas vraiment évolué depuis une vingtaine d’années.

On voit bien qu’il y a une opposition très forte et très structurée sur cette question. Il y a un vrai clivage gauche / droite : les partisans de la dépénalisation sont majoritairement des électeurs de gauche. Reste que le résultat est si tranché que, même au sein du Parti socialiste, une majorité des Français reste opposée à une telle mesure.

Il est intéressant de noter que sur des sujets sociétaux que l’on associe parfois, comme le mariage ou l’adoption pour les couples homosexuels, on avait une opinion publique qui avait considérablement évoluée en faveur de ce type de mesures. On voit qu’au contraire, sur la question des drogues douces et de dépénalisation, l’opposition reste vent debout contre une telle réforme.

On parle d’ailleurs bien de drogue douce, pas de cannabis. Malgré cette terminologie, les sondés restent opposés. La mesure la plus ancienne que nous ayons sur ce sujet, en janvier 1996, où nous avions 26% de favorables, 67% d’opposés et 7% de « ne se prononce pas ». A l’époque, 35% des Français étaient pour le mariage homosexuel. Aujourd’hui, ils sont plus de 60%. Le parallèle est intéressant car dans un cas, il y a un retournement radical dans la tendance tandis que dans l’autre, l’opposition se confirme voire s’affirme même un peu plus.

Les sondés favorables restent massivement à gauche et sont une population plutôt jeune.

Cette réalité, peut-être ressentie sur le terrain, explique pourquoi certains proches de François Hollande sont très prudents sur ces questions-là. C’est pour cela qu’ils ne veulent en aucun cas laisser percevoir des signes de permissivité sur ce sujet. Il y a des sujets sur lesquels la société française est prête à évoluer mais clairement pas sur une problématique de ce type.

A quelques jours du premier tour des législatives, il n’est pas judicieux de prendre position sur un sujet aussi clivé et aussi majoritairement rejeté par l’opinion. Toujours à titre de comparaison, 70% des Français sont favorables à un retour partiel sur la retraite à 60 ans pour les gens ayant commencé à travailler jeunes. Pour François Hollande et Jean-Marc Ayrault, c’est un sujet autrement plus intéressant à défendre avant un scrutin.

Concernant les catégories d'age, que tirez-vous de ce sondage ?

Il existe un vrai clivage d'age. 43 % des 18-24 ans sont favorables à la dépénalisation, 40% chez les 25-34ans, 32% sur les 35-49 ans, 26% chez les 34-64 et 17% chez les 65 ans et plus. Cela décroit avec l'age. Cela montre que, y compris dans les tranches les plus jeunes, il y a une forte minorité de personnes qui est favorable à la dépénalisation. Près de 60 % des 18-24 ans sont tout de même opposés à la dépénalisation. L'argument qui consiste à dire que se prononcer en faveur de la dépénalisation c'est essayer de rallier le vote des jeunes ne tient pas. S'ils sont logiquement plus nombreux que les personnes âgés a être favorable, ils ne sont pas non plus majoritaires.

Avez-vous remarqué un autre gros clivage dans les résultats ?

Bien évidemment, le clivage est politique mais pas forcément gauche/droite car au sein même de la gauche beaucoup sont opposés à la dépénalisation du cannabis. Les deux électorats de gauche qui sont favorables sont le Front de gauche (64%) et Les Verts (59%). Chez le PS, seulement 38% des sympathisants sont favorables à la dépénalisation du cannabis, la majorité présidentielle est donc clairement divisée sur le sujet.

Le fait que Les Verts y soient le plus favorables n'est pas une surprise. Ce qui est intéressant de remarquer c'est que le Front de gauche l'est autant. Ce n'était pas forcément le cas pour le Parti communiste. Le Front de gauche a un électorat plus large, avec des gens plus jeunes. Cet électorat-là est très majoritairement favorable à la dépénalisation du cannabis.

Les sympathisants du Modem sont 24% à être pour la dépénalisation. Ils sont 12 % à l'UMP et 23% au FN.

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La méthodologie

Ce document présente les résultats d’une étude réalisée par l’Ifop. Elle respecte fidèlement les principes scientifiques et déontologiques de l’enquête par sondage. Les enseignements qu’elle indique reflètent un état de l’opinion à l’instant de sa réalisation et non pas une prédiction.

Aucune publication totale ou partielle ne peut être faite sans l’accord exprès de l’Ifop.

Étude réalisée par l'Ifop pour  Atlantico.fr

Échantillon de 1010 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas (sexe, âge, profession de la personne interrogée) après stratification par région et catégorie d’agglomération.

Les interviews ont eu lieu par questionnaire auto-administré en ligne (CAWI - Computer Assisted Web Interviewing), du 5 au 7 juin 2012.

Précision relative aux marges d'erreur

La théorie statistique permet de mesurer l’incertitude à attacher à chaque résultat d’une enquête. Cette incertitude s’exprime par un intervalle de confiance situé de part et d’autre de la valeur observée et dans lequel la vraie valeur a une probabilité déterminée de se trouver. Cette incertitude, communément appelée « marge d’erreur », varie en fonction de la taille de l’échantillon et du pourcentage observé comme le montre le tableau ci-dessous :

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Exemple de lecture du tableau : dans le cas d’un échantillon de 1000 personnes, si le pourcentage mesuré est de 10%, la marge d’erreur est égale à 1,8. Le vrai pourcentage est donc compris entre 8,2% et 11,8%.


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