La Livre sterling, bouclier fracassé : comment le Royaume-Uni a épuisé ses marges de manœuvre en matière monétaire<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
La Livre sterling, bouclier fracassé : 
comment le Royaume-Uni 
a épuisé ses marges de manœuvre 
en matière monétaire
©

Au pays de sa majesté

La Banque d’Angleterre a annoncé ce jeudi le maintien de son taux directeur à un niveau inchangé de 0,5% ainsi que sa volonté de ne pas relancer des programmes d’achat d’actifs qui, jusqu'à présent, n'ont pas permis de relancer la croissance.

Nathalie Dezeure

Nathalie Dezeure

Économiste depuis1999, Nathalie Dezeure a couvert plusieurs zones et plusieurs pays avant de finalement prendre en charge le Royaume-Uni et les pays d'Europe hors zone euro en 2009.

Elle travaille au sein de la  Banque de Financement et d'Investissement Natixis. 

Voir la bio »

Atlantico : La Banque d’Angleterre a annoncé ce jeudi le maintien de son taux directeur à un niveau inchangé de 0,5% ainsi que sa volonté de ne pas relancer des programmes d’achat d’actifs. Alors que l’économie britannique peine à se relever, comment expliquer cette position ?

Nathalie Dezeure : Cette décision était attendue par les marchés aussi bien pour le taux directeur à 0,5% que pour le programme de rachat d’actifs à 325 milliards de livres. D’ailleurs, la Banque d’Angleterre devrait maintenir cette position pour les prochains mois notamment parce qu’elle a sensiblement révisé à la baisse ses projections de croissance et à la hausse ses perspectives d’inflation.

Nous nous retrouvons donc dans un contexte économique clairement moins favorable à une relance du programme d’assouplissement monétaire qu’il y a quelques mois.

Avec un taux de 0,5%, la Banque d’Angleterre n’est-elle pas dans une « trappe à liquidité » (les acteurs se procurent de la monnaie à des fins de spéculation, ndlr) ? N’a t-elle pas épuisé ses marges de manœuvre ?

Que ce soit en zone euro, aux Etats-Unis ou au Japon, l’ensemble des banques centrales sont dans une situation de trappe à liquidité caractérisée par des taux historiquement bas. Il n’y a donc pas de particularité britannique sur ce sujet.

La Banque d’Angleterre conserve encore des marges de manœuvre mais ses nouvelles projections économiques ne lui permettent plus de maintenir la politique de quantitative easing qu’elle a adopté jusqu’à présent. Cependant, dans le cas d’une aggravation de la situation en zone euro, et plus particulièrement d’une dégradation des marchés de la dette publique qui entrainerait une remonté du risque sur le Royaume-Uni, il n’est pas exclu qu’elle relance un tel programme d’achat de titre.

En dépit de la faiblesse de l’activité sur le sol britannique, ce programme n’a pas permis de relancer la croissance. Il a simplement permis d’éviter une récession encore plus profonde et surtout une faillite en chaîne des ménages, notamment en maintenant les taux d’intérêt à long terme à des niveaux bas.

Le Royaume-Uni aurait-il pu s’en sortir s’il avait été intégré à la zone euro et sujette à la rigueur de la BCE ?

Nous entendons beaucoup que le problème de la zone euro est justement le manque d’autonomie monétaire pour compenser les contraintes imposées par les politiques budgétaires. La situation du Royaume-Uni n’aurait pas été meilleure s’il avait été sujet aux mêmes contraintes que celles de la BCE. Les taux d’intérêt sur la dette britannique sont d’ailleurs historiquement bas, ce qui montre bien qu’il n’y a pas de risque de crack obligataire sur la Grande-Bretagne. Enfin, au début de la crise de 2008, les britanniques ont connu une très forte dépréciation de leur taux de change, un facteur ayant permis certains ajustements qui n’ont pas été observés en zone euro.

Avant la crise, l’économie britannique était tirée par l’endettement. Une fois cette dynamique terminée, il y a eu une forte baisse de l’activité et du PIB. Aujourd’hui, les ménages restent engagés dans un processus de désendettement ce qui signifie que l’économie est bien plus dépendante des fondamentaux. Elle est donc désormais dans un processus de réajustement qui vise à atteindre un meilleur équilibre des composantes de la demande.

Par ailleurs, il s’agit d’une économie fortement désindustrialisée qui répond essentiellement à une demande domestique. Les importations de produits industriels à destination des particuliers sont par conséquent élevées ce qui entraîne un déficit commercial élevé et, d’autre part, un déficit en terme de production domestique. La stratégie du gouvernement depuis sa prise de fonction en juin 2010 est justement de corriger ces déséquilibres structurels, ce qui prendra du temps.

Propos recueilles par Olivier Harmant

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !