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Réforme de l'aide personnalisée à l'école : une nouvelle manière de remplacer l'efficacité par les bons sentiments
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Ecole

L'efficacité de l'aide personnalisée à l'école est remise en cause par les syndicats de professeurs. Si le dispositif est en apparence généreux, les résultats restent discutables.

Jean-Rémi Girard

Jean-Rémi Girard

Jean-Rémi Girard est vice-président du SNALC-FGAF (Syndicat National des Lycées et Collèges). 

Il tient le blog sur l'Education nationale "Je Suis en retard" : http://celeblog.over-blog.com

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Qui serait contre l'aide aux élèves en difficulté ? Qui pourrait sérieusement s'opposer à du soutien en petits groupes sans paraître ridicule ? Et pourtant, en France, nous ne cessons de créer de nouveaux dispositifs d'aide, de remédiation, de la maternelle au lycée, et ce pour un résultat plus que discutable. La raison en est simple : tout cela est fait à moyens constants. Et même à manque de moyens constant.

Ainsi, les deux heures d'aide personnalisée instaurées dans le premier degré depuis 2008 ont été une nouvelle manière de remplacer l'efficacité par les bons sentiments. Sous prétexte d'aider les plus faibles, on a purement et simplement supprimé deux heures de cours pour le plus grand nombre !

Ce n'est que le dernier avatar en date d'un principe hélas bien ancré : les heures originellement attribuées à l'instruction des élèves ont été progressivement transférées et affectées à diverses réunions entre enseignants : conseil de maîtres, conseil de cycle, conseil d'école... Or la diminution régulière de l'horaire hebdomadaire de l'école (30h jusqu'en 1969, puis 27, puis 26 en 1991, puis 24 aujourd'hui) n'a fait que réduire la qualité de l'instruction qui dépend du temps qu'on lui consacre. Ce « moins d'école » ne peut qu'aggraver les inégalités : ce sont désormais les familles les plus aisées ou les mieux renseignées qui se substituent aux défaillances de l'institution. Et tant pis pour les autres...

Il convient donc de le dire haut et fort : le métier d'un enseignant, c'est d'enseigner, et d'enseigner dans de bonnes conditions horaires et matérielles. Il est de ce fait urgent de restituer 3h hebdomadaires à tous les élèves et de mettre un frein à la réunionite : c'est dans une salle de classe qu'est notre place, et non dans une salle de réunion.

Quant à la fausse bonne idée de l'aide personnalisée (décriée en premier lieu par les professeurs des écoles eux-mêmes), elle doit être mise le plus vite possible dans le grand dépotoir des expérimentations ratées de l'Éducation Nationale, où elle rejoindra les itinéraires de découverte, les travaux personnels encadrés, l'enseignement de la philosophie en primaire ou de l'anglais en maternelle. Si l' on veut réellement aider les élèves en difficulté et non simplement faire de la communication, il convient de remettre en marche les RASED, de réduire le nombre d'élèves par classe, de prévoir un enseignant de plus par école, et surtout de former honnêtement les professeurs des écoles plutôt que de tenter de les formater à la dernière mode des sciences de l'éducation. Si 40% des enfants arrivent en sixième avec des difficultés de lecture, c'est aussi parce que l'apprentissage du lire-écrire-compter est devenu un champ de ruines.

Plutôt que d'essayer de remédier à des problèmes qu'elle s'évertue elle-même à créer, l'école ferait donc mieux de transmettre directement les connaissances fondamentales à tous. Elle en est capable si elle s'en donne non seulement les moyens, mais aussi les méthodes. Des méthodes qui marchent, et qui n'ont qu'un défaut aux yeux des apprentis-sorciers de l'éducation : c'est de ne pas être « innovantes ».

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