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Juifs et musulmans français : 
une relation qui ne repose pas 
uniquement sur la haine
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EDITORIAL

Contrairement à ce que la médiatisation de l'affaire Merah ou les agressions récurrentes pourraient laisser croire, la relation entre juifs et musulmans français repose aussi sur des moments d'amitié.

Yves Derai

Yves Derai

Yves Derai est éditorialiste à Atlantico. Chaque semaine, il écarte les lourds rideaux de velours des palais de la République pour nous en révéler les secrets.

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Après l’horreur Merah à Toulouse en mars dernier, l’agression de Villeurbanne le samedi 9 juin. Le lien semble avéré entre ces événements. Il a d’ailleurs été établi par certaines sources proches de l’enquête. Comme Mohamed Merah, qui a massacré trois enfants et un adulte dans une école Ozar Hatorah, la bande qui s’en est pris à des jeunes gens parce qu’ils portaient kippa voulait frapper des juifs. Pour « venger » les enfants palestiniens subissant « l’oppression israélienne » de l’autre côté de la Méditerranée ? L’enquête nous le confirmera peut-être. Manuel Valls, nouveau ministre de l’Intérieur, est particulièrement mobilisé sur ce dossier qui requiert, de toute évidence, une grande discrétion.

La proximité de ces deux agressions à caractère antisémite interroge sur la relation entre les communautés juive et musulmane en France. Le Conseil Représentatif des institutions juives de France (CRIF) et le Service de Protection de la Communauté juive (SPCJ) avancent des chiffres tendant à montrer qu’il existe une recrudescence de ces actes depuis trois mois. Ces organisations jouent consciencieusement leur rôle d’alerte et d’interpellation des pouvoirs publics. Effet pervers de cette vigilance militante : une distorsion de la réalité des rapports entre juifs et musulmans dans l’hexagone.

Car au-delà des chiffres et de la terreur qu’ils inspirent dans certains quartiers populaires où juifs et musulmans sont condamnés à se côtoyer, que constate-t-on au quotidien ? Que la réalité est plus complexe qu’il n’y paraît. Les tensions existent, certains tentent d’importer sur les rives de la Seine le conflit israélo-arabe afin de les attiser. Le phénomène de cloisonnement des noyaux durs de ces communautés se renforce. Aujourd’hui, dans notre pays, trop de jeunes, musulmans et juifs, s’enferment dans une bulle conçue pour les protéger mais qui, en réalité, les expose. A ne vivre qu’entre soi, on finit par ne plus comprendre l’autre et, in fine, par le mépriser, voire le haïr.

Mais il y a aussi, dans certains immeubles de cités populaires, des couscous improvisés réunissant familles juives et musulmanes, des amitiés qui se nouent à la fac ou ailleurs, plutôt entre filles qui partagent certaines valeurs traditionnelles, cette belle culture arabo-andalouse chérie par leurs parents, qui passe par la gastronomie, la musique, la danse…

Mardi soir, au Palace, à Paris, un bon millier de personnes dont je faisais partie ont vécu une parenthèse enchantée, un moment de grâce. Un groupe d’artistes juifs originaires de Constantine, les Nacash, qui ont commis plusieurs tubes dans les années 80, ont joué quelques morceaux de mahlouf (le folklore oriental) au côté d’un immense musicien algérien, musulman, Hamdi Benani. Ponctués par l’interprétation d’une chanson intitulée «Restons amis », qui raconte l’histoire de deux hommes, un juif et un musulman, restés proches malgré la décolonisation, le départ des juifs d’Algérie et les vicissitudes de l’exil. Benani a salué le public en criant « Vive la paix ! ». L’on objectera que c’est naïf, candide, vain. Je dirais au contraire que c’est utile et courageux par les temps qui courent.

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