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Baisse de l’euro : cauchemar 
ou aubaine pour que les PME 
puissent s’ouvrir au monde ?
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Quitte ou double !

Pour les PME, une baisse de l'euro est l'occasion de jouer des coups à l'international. La situation varie pourtant d'un extrême à l'autre selon que la société soit exportatrice, sous-traitante ou productrice.

Jean-Gil Boitouzet

Jean-Gil Boitouzet

Jean-Gil Boitouzet dirige PME-Driver, qui propose un outil de gestion en ligne à destination des TPE.

Il a été inspecteur à la Société générale avant de diriger plusieurs entreprises. Il a par la suite exercé comme consultant auprès de dirigeants de PME.

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Au delà de cette affirmation qui figure dans tous les bons manuels d’économie à l’usage des lycéens, quel peut en être l’impact selon les typologies d’entreprises ? La situation d’un  sous-traitant de l’aéronautique avec ses cinq cents collaborateurs, ou celle la SARL, avec cinq employés dans une petite zone artisanale et qui découpe des pièces métalliques sont elles vraiment comparables face à la baisse de l’euro ?

Si l’Allemagne s’est longtemps accommodée d’un euro fort grâce à la qualité de ses produits, la France, restée sur des productions de moyenne gamme, s’est positionnée plus logiquement sur des marchés où le prix était l’élément déterminant. Pour nombre d’entreprises, faire des volumes à l’export suppose donc de travailler à marges réduites. La baisse de l’euro est donc d’une part un facteur déterminant de reconstitution de ces marges et d’autre part une opportunité de s’ouvrir à de nouveaux marchés.

Le bénéfice est donc mécanique pour les PME intervenant directement à l’export et pour celles qui travaillent en sous-traitance de grands groupes. Cette vue optimiste est toutefois à relativiser : l’accroissement de marge dû à l’amélioration de la compétitivité profitera surtout au donneur d’ordre et non au sous-traitant dont le contrat reste libellé en euro. Ce dernier profitera en revanche de l’effet volume. Le gain est donc double pour la PME directement exportatrice et simple pour celle qui intervient en sous traitant.

Et puis pensons aux importateurs. En principe pour eux, c’est l’inverse.

Il y a ceux, nombreux, qui vivent en distribuant en France des matériels venant de pays à bas coûts. Leurs marges vont être rognées car ils ne peuvent pas totalement répercuter leur augmentation de coûts sur leurs prix de produits vendus, en raison de la stagnation du pouvoir d’achat notamment. Cela étant, le coût des importations ne représente généralement qu’une faible part de leurs frais et une légère diminution de la marge leur permet de garder intacts leurs volumes de vente.

En revanche, pour les industriels qui achètent des matières premières et de l’énergie, la situation actuelle présente une certaine originalité : en général, la baisse de l’euro renchérit le coût d’achat des matières premières, toutes libellées en Dollars. Mais la configuration actuelle est assez singulière puisque la baisse des cours des matières premières est concomitante à celle de l’euro.

La bonne nouvelle, c’est donc la baisse du coût de l’énergie, qui profitera à toutes les composantes de l’économie, donc à nos chères PME.

Mais les principaux problèmes des PME françaises ne trouvent pas leur solution directement dans une baisse de l’euro.

Le volume des ventes n’est pas le premier souci que connaissent les sociétés de petite taille en France. Le problème N°1, c'est le poste client. Dans les relations Grands groupe versus PME, les paiements sont aux calendes grecques. Les grandes entreprises ont pris l’habitude d’affirmer leur pouvoir en débordant largement au delà des conditions légales de règlement, lesquelles restent très théoriques.

Même les PME qui font un chiffre d’affaires significatif et savent maintenir leurs prix de vente courent derrière leurs encaissements. Avec deux à trois mois de ventes dehors elles recourent  à des financements à court terme onéreux et sont surtout en manque de liquidités pour financer leurs investissements, leurs recrutements et donc leur croissance.

Alors l’euro baisse ! Tant mieux pour les grands groupes exportateurs. Puissent-ils montrer leur grandeur d’âme en payant leurs factures à temps.

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