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Urgence : quelles mesures prendre pour éviter la panique financière qui nous menace ?
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Revue d'analyses (financières)

Dans l’œil des marchés : Jean-Jacques Netter, vice-président de l'Institut des Libertés, dresse, chaque mardi, un panorama de ce qu'écrivent les analystes financiers et politiques les plus en vue du marché.

Jean-Jacques Netter

Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est vice-président de l’Institut des Libertés, un think tank fondé avec Charles Gave en janvier 2012.

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On assiste actuellement dans le monde à un ralentissement de l’activité industrielle qui est désormais proche de la stagnation. Les chiffres économiques américains publiés cette semaine ont été, pour la création d’emplois décevants en mai, pour le PIB du premier trimestre, révisé en baisse à 1,9% contre 2,2% et pour le PMI, nettement en dessous des anticipations à 52,7. La probabilité de lancement d’un QE 3 a donc fortement augmenté. QE est l’ abréviation de « Quantitative Easing » qui est l’équivalent de la création de monnaie par la Federal Reserve, banque centrale des Etats Unis.

Le dernier graphique envoyé le week-end dernier par Charles Gave, de GaveKal Hong Kong à ses clients est assez préoccupant. Il s’agit de l’écart de rendement entre les obligations de sociétés privées américaines notées BAA et les emprunts du Trésor américain.

(Cliquez sur le graphique pour l'agrandir)

Quand on passe au delà de la deuxième déviation standard, ce qui est le cas en ce moment, on est historiquement dans une zone précédant une panique financière.C’est un graphique qui « fout les boules »comme le dit élégamment un des grands gérants européens. La panique des marchés financiers cessera dit-il, quand les hommes politiques commenceront à paniquer à leur tour. Nous n’en sommes probablement pas loin.

Marchés actions : l’Espagne pourrait être le premier pays à quitter la zone euro

On est en Europe dans le scénario de « la mort des actions » écrit Michael Hartnett de Bank of America Merrill Lynch. La capitalisation de tout le secteur financier italien (0,3x le book value contre 0,2x pour les banques coréennes en septembre 1998) est devenue inférieure à celle de Colgate Palmolive… La capitalisation de tout le secteur financier de la zone euro est plus faible que celle des financières canadiennes… La capitalisation boursière des marchés espagnols et italiens est inférieure à celle de Taiwan…La capitalisation du Portugal est plus petite que celle de Whole Foods la 191ème sociétés américaine… Avec 37 pays sur 45 qui sont en dessous de leur moyenne mobile 200 et 50 jours, on pourrait entrer dans une zone d’achat pense le stratégiste de la maison américaine.

Les trois décisions qui pourraient arrêter la spirale de baisse des marchés en Europe sont selon Jim O’Neill Chairman de Goldman Sachs Asset Management :

1/ Nommer un seul représentant à toutes les réunions des G7, G8, G20. Cela obligerait les pays européens à se coordonner avant les réunions.

2/ Lancer la première émission d’eurobonds en surmontant les réticences allemandes par des engagements fermes des pays européens de respecter le « fiscal pack »…

3/ Utiliser le Mécanisme européen de Stabilité pour apporter aux banques en difficulté le capital dont elles ont besoin. Cela ne signifie pas forcément que l’euro survivra à la crise actuelle, mais cela pourrait au moins mettre momentanément un terme à la baisse des cours.

En Allemagne, la Bundesbank a maintenant un compte créditeur de 650 Md€ à la BCE. On comprend bien qu’avant d’apporter de nouveaux fonds, elle exige de ses partenaires des engagements clairs de maîtriser leurs finances publiques. Les derniers propos de Martine Aubry ne devraient pas aider beaucoup à la recherche d’un compromis avec l’Allemagne. Selon la Première Secrétaire du Parti Socialiste, la priorité est « de faire rentrer des impôts complémentaires » avant la réduction des dépenses publiques, car « ceux qui ont eu tant de privilèges aux dépens des autres » peuvent encore payer plus d’impôts... La BCE pourrait baisser ses taux cette semaine, car on a enregistré le dixième mois consécutif de repli de l’activité industrielle en zone euro. Le taux de chômage s’est élevé à 11,0% en avril 2012, stable par rapport à mars. En avril 2011, celui-ci était de 9,9%. Seules l’Irlande et l’Allemagne ont vu leur taux de chômage se replier d’un mois sur l’autre (-0,2 point à 14,2% et -0,1 point à 5,4%). L’Irlande a ainsi vu le sien baisser de 0.5 point depuis le pic atteint en décembre dernier. Dans les autres pays de la zone euro, le taux de chômage a augmenté de 0,1 à 0,2 point.

La France a aussi annoncé un mauvais PMI à 44,7 en mai contre 46,9 en avril, soit le niveau le plus bas depuis 3 ans… Les immatriculations de voitures se sont effondrées au mois de mai. Les investisseurs ont toujours beaucoup de mal à comprendre comment le gouvernement peut relancer la croissance sans investisseurs et sans entrepreneurs. Ce qui fait dire à Eric Le Boucher des Echos à propos d’Arnaud Montebourg ministre du Redressement productif que « l’interventionnisme brouillon et l’étatisme ne font pas une politique industrielle ». Ce n’est ni le retour partiel à la retraite à 60 ans, ni les augmentations des charges des entreprises, ni la suspicion sur ceux qui réussissent en travaillant, qui redonneront aux entrepreneurs l’air frais qu’ils attendent…

L’Espagne sera peut être le premier pays qui devra quitter la zone euro, selon Matthew Lynn de Marketwatch. En avril, les ventes au détail en Espagne ont chuté de 11% (à prix constants) en glissement annuel après -4% le mois précédent. La baisse atteint 14,6% en Castille / Mancha et 13% en Andalousie et Catalogne. Tous les clignotants sont au rouge.

En Chine, Le PMI officiel du secteur manufacturier s’est en apparence replié plus que prévu (52) à 50,4 contre 53,3 en mai. Ces chiffres sont à manier avec réserve car celui d’avril était encore gonflé par des effets résiduels de saisonnalité. Corrigé de ces effets, il revient de 50,6 à 50,4, soit une tendance toujours baissière mais moins abrupte.

Le PMI calculé par HSBC a fait de même de 49,3 à 48,4. Le PMI de Taïwan a légèrement reculé de 51,2 à 50,5.

A Hong Kong, en avril, la progression des ventes au détail a surpris négativement le consensus aussi bien en volume qu’en valeur. Elles ont décéléré en valeur à 11.4% a/a (chiffre le plus faible depuis fin 2009) après 17.3% a/a en mars et en volume à 7.6% a/a contre 13.2% a/a le mois précédent. En base séquentielle ajustée des variations saisonnières, celles-ci se sont repliées de 1.3%. L’essentiel de la faiblesse est venu des ventes d’essence et de l’alimentation alors que les dépenses discrétionnaires restaient bien orientées. Les dépenses de joaillerie/montres ont progressé de 1.1% m/m.

Marchés obligations : Le niveau des obligations américaines et allemandes semble anticiper la fin de l’Europe

L’obligation du Trésor américain ne rapporte plus que 1,56% soit un point de base de plus que le plus bas de ces 200 dernières années qui a été touché en novembre 1945.

Le Bund allemand est également à son plus bas depuis 200 ans sauf la période d’hyperinflation de 1923/1924.

Le cours des CDS montrent à que point de défiance sont parvenus les marchés obligataires des pays de l’Europe du Sud : le CDS du Portugal est plus chers que celui sur le Venezuela, celui de l’Italie supérieur à celui du Liban et celui de l’Espagne supérieur à celui de l’Irak…. Le niveau de 500 bp a été atteint le 28 mai dernier. Après avoir atteint ce niveau, la Grèce a du être sauvée 16 jours après, l’Irlande 24 Jours après et le Portugal 34 jours après.

Matières premières : remontée du métal jaune vendredi dernier

L’or qui n’a pas joué son rôle défensif depuis le début de l’année a connu sa plus forte hausse quotidienne depuis 9 mois au cours de la séance de vendredi.

Les matières premières sont en fort recul par rapport à leur plus haut avec le minerai de fer qui baisse de 25% par rapport à son plus haut de février 2011, le pétrole de 27%, le cuivre de 25% et le maïs de 27%.

Devises : le moment pour sauver l’euro, c’est maintenant

L’euro n’a cédé que 1.2% contre dollar car ce dernier a baissé après les mauvais chiffres de l’emploi.. L’euro s’est affaibli contre la roupie indonésienne (1.3%) le won coréen (1.3%) et le dollar Hon Kong . Les banques centrales de ces pays se sont portées vendeuse d’euro. A noter le repli de 4.1 % du rouble contre euro et de 2% du real.

A ce stade, l’hypothèse la plus probable est que l’euro ne survivra pas sous sa forme actuelle. En gros, soit l’euro va disparaitre et alors la Bundesbank se retrouvera avec le poids de sa créance de 650Md€ sur la BCE, une créance de 500Md€ sur le système financier allemand. En cas de défaut des débiteurs l’Allemagne serait en faillite. Soit, l’euro ne saute pas, mais à ce stade, cela ne peut arriver que si l’Allemagne et la BCE promettent d’entrer dans un programme de garanties bancaires qu’ils auront du mal à tenir. Cela provoquerait un effondrement des taux d’intérêt en Europe du sud et les banques sauteraient les une après les autres. La conclusion est simple, les bons du trésor allemands ont été une superbe protection jusqu’à ce que personne ne pense que l’euro puisse être en faillite.

Mais maintenant que la chute de l’euro est envisageable et envisagée, il faut alors à notre tour réfléchir à la donne suivante. C’est ce qu’a fait Louis Gave de Gavekal Research, dans son papier « The unfolding panic and the European convergence ». Soit le système vote une motion de sortie du système européen, ce qui voudrait dire une faillite de système bancaire allemand, de la Bundesbank et la faillite du système obligataire ou, envisager un fédéralisme de la dette ce qui de facto impliquerait une convergence massive des taux d’intérêts européens.

En Suisse, la Banque Nationale Suisse dépense des montants très importants pour empêcher sa devise de monter…

Le yen a poursuivi sa remontée contre dollar (2.1%) et euro (3%). Il est revenu au niveau de février avant les interventions de la BOJ. L’euro est au plus bas de l’année contre dollar, franc suisse et yen.

Secteurs : les valeurs défensives sont toujours recherchées

Les secteurs défensifs, les valeurs à modèle de croissance stable et à dividende en progression sont toujours plébiscitées en relatif. Aucun secteur n’est dans le vert des deux côtés de l’Atlantique. Tant aux USA qu’en Europe le secteur des matières premières a relativement résisté grâce au rebond des mines d’or vendredi. Les secteurs cycliques tels que la construction ont été pénalisés (Saint Gobain -8%, Sacyr -28%) tout comme le pétrole & gaz (Repsol -15%), les services aux collectivités (Iberdrola -9%, Eon -7%, Enel -9%). Thyssen Krupp a plongé de 10%. Sans surprise les banques de la zone euro poursuivent leur descente aux enfers et tout naturellement les espagnoles Bankia (-35%), Bankinter (-17%) mais aussi Deutsche Bank (-7.62%). Les assurances ont pâti des mouvements sur les taux (Allianz -7%, Mediolanum -10.6%, Axa -6%).

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