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Et nous, 
qui est notre Reine d’Angleterre ?
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EDITORIAL

Les Anglais ont leur Reine, les Américains leur bannière étoilée, les Allemands leur commerce extérieur, la Nouvelle-Zélande leurs All Blacks et nous et nous et nous ? Quelle est l’identité qui nous rassemble ?

Alain Renaudin

Alain Renaudin

Alain Renaudin dirige le cabinet "NewCorp Conseil" qu'il a créé, sur la base d'une double expérience en tant que dirigeant d’institut de sondage, l’Ifop, et d’agence de communication au sein de DDB Groupe.

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La fête du jubilé de la Reine d’Angleterre donne lieu à une ferveur populaire qui nous laisse un peu pantois vu de l’autre côté de la manche. L’avis est en effet un peu partagé entre moquerie taquine envers nos chers voisins, nos plus chers ennemis, et regard subjugué, peut-être un peu jaloux, sur cette communion nationale.

On ne peut pas dire que la Reine d’Angleterre soit notre tasse de thé, mais il faut reconnaître que le peuple anglais y trouve là un socle, une identité, un point de ralliement, appréciable en ces temps de division et d’opposition électorales. Quel est en effet le socle, le ciment de la société française ? C’est la question de l’identité française, tant décriée et critiquée en son temps, sous prétexte d’interrogation xénophobe. Culturellement pourtant, mais aussi du point de vue de l’esprit d’équipe nécessaire, cette interrogation est parfaitement légitime et utile. Les Anglais ont leur Reine, les Américains leur bannière étoilée, les Allemands leur commerce extérieur, la Nouvelle-Zélande leurs All Blacks, la Chine sa revanche, l’Inde sa philosophie, et nous et nous et nous ? Quelle est l’identité qui nous rassemble ?

Les Anglais se réunissent spontanément (mais bien organisé quand même) depuis 3 jours lors de ces grands messes royalistes, les Américains scandaient « USA USA » en marchant sur time square suite à l’annonce de la mort de Ben Laden il y a un peu plus d’un an. Ces phénomènes sont durables, ces socles pérennes. Le dernier grand rassemblement spontané et apolitique en France remonte au 12 juillet 1998 pour fêter le titre de champions du monde. Nous avions beaucoup parlé à l’époque d’une grande union nationale. Certes, mais sans sous-estimer le phénomène, une union éphémère, comme l’est un titre sportif, et une union « banale » comme tout chauvinisme en crée dans tous les pays.

Nous manquons de ce socle, de cette identité, ou alors nous en avons trop. La gastronomie surement, la culture ou l’exception culturelle ? La haute technologie industrielle ? Le luxe ? L’Histoire ? La science ? Les valeurs républicaines ou les droits de l’homme ? (ces fameuses valeurs que nous sommes persuadés de détenir en exclusivité, comme dépositaires de l’humanité), la french touch ? Le génie créatif ? L’esprit révolutionnaire et révolté ? Le modèle social ? L’indépendance ? (énergétique, politique, de liberté de penser), la transition énergétique et écologique ? (ce serait bien), … quel est notre ADN ?

En ces temps difficiles, d’appel au rassemblement, de vœu d’unité nationale, d’effort collectif, de besoin de convergence, de projet, de perspective, cette question du « socle commun » est essentielle. Elle méritait d’être posée et traitée, pour définir notre bannière étoilée, pour jouer en partageant le même maillot au pays où règnent encore les chapelles. Nous avons les baronnies, mais sans avoir de Roi.

Et pourtant, cette fierté collective existe, et les raisons de l’affirmer aussi. Elle nécessite de mettre en avant et d’encourager les succès plutôt que de les montrer du doigt, d’encourager l’offensive et l’esprit de conquête plutôt que de tenter de préserver les modèles anciens, de développer les convergences d’intérêt plutôt que d’alimenter les oppositions, d’en appeler à l’enthousiasme constructif et communicatif plutôt qu’à l’indignation stérile, de soutenir les projets et l’esprit d’entreprendre, de s’intéresser aux innovations, de récompenser les réussites, de révéler les possibles.

La « marque France » est une belle marque, à chacun d’en faire une marque Reine.

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