Le contrôle des loyers, machine à fabriquer de l'injustice sociale et à détruire les villes <!-- --> | Atlantico.fr
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Dans les villes où il y a le contrôle des loyers, paradoxalement, il est impossible de trouver un logement peu cher.
Dans les villes où il y a le contrôle des loyers, paradoxalement, il est impossible de trouver un logement peu cher.
©Flickr/Images_of_Money

Le nettoyeur

Cécile Duflot a annoncé ce lundi dans Libération que le gouvernement entendait bloquer par décret les loyers à la relocation dès la rentrée. Une bonne intention aux effets pervers...

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry est journaliste pour Atlantico.

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Cet article a été publié initialement ce vendredi.

La semaine dernière, j'ai mis en lumière le fait que la proposition du ministre du Logement de contrôler les loyers fait l'unanimité des scientifiques contre elle.

Pour moi, c'était un exemple du fait qu'en France, très souvent les décisions sont prises pour des raisons idéologiques, et à mille lieux des constats empiriques et de la science économique. J'ai cité certains des très nombreux économistes de gauche qui s'opposent au contrôle des loyers, et critiqué la droite qui, du fait de son clientélisme, n'est pas plus armée que la gauche pour mettre fin à la crise du logement.

Mais, manque de place, je n'ai pas parlé des conséquences pratiques du contrôle des loyers. Je vais essayer de le faire aujourd'hui. Le contrôle des loyers est un des cancers de la ville ; comme l'a dit l'économiste suédois Assar Lindbeck, le contrôle des loyers est le moyen le plus efficace de détruire une ville, avec le bombardement.

Le contrôle des prix, en général, aboutit à une pénurie : puisque les vendeurs ne peuvent plus vendre à un prix rentable pour eux, ils arrêtent de vendre. On se retrouve donc avec une situation pire que si on avait eu des prix élevés.

C'est vrai pour le logement. Les villes où il est le plus difficile de se loger sont celles où les prix sont contrôlés, directement ou indirectement. Parce que les prix sont contrôlés, l'offre ne peut plus répondre à la demande (pourquoi construire ou louer un appartement si ça coûtera plus cher que ça ne rapporte?).

On se retrouve aussi avec des taudis : dans les endroits où le contrôle est particulièrement sévère, il coûte plus cher de maintenir un bâtiment en état que de récolter les loyers. C'est le cas par exemple à Lisbonne, où la plupart des appartements du centre-ville sont complètement délabrés : l'entretien des bâtiments coûte plus cher que le revenu des loyers.

Dans les villes où il y a le contrôle des loyers, paradoxalement, il est impossible de trouver un logement peu cher. Ceux qui ont des logements contrôlés ne les lâchent jamais, et quand ils le font ils sont repris immédiatement. Ceux qui bénéficient sont rarement ceux qui en ont besoin, mais ceux qui ont les bons réseaux. Et ceux qui ne sont pas contrôlés ont des prix exorbitants puisque l'offre est bien inférieure à la demande.

Trouver un logement en France et ailleurs relève de la torture médiévale. Il faut accumuler les cautions, les garanties, avoir des revenus gigantesques, CDI ou fonctionnaire s'il-vous-plait, copiner, trouver des tuyaux, ou passer sous le jugement assez humiliant des agents immobiliers. Notre cerveau a été lavé et on fait comme si c'était une loi de la nature. Mais pas du tout ! C'est dû à la rareté artificielle des logements. Dans les zones où il n'y a pas cette rareté artificielle, trouver un logement est aussi simple que prendre un abonnement internet : on paye (pas beaucoup) et puis c'est tout.

Le contrôle des loyers est donc non seulement une injustice sociale, puisqu'il empêche de se loger, mais une véritable arme de destruction massive, car il tue les villes. Une ville est un formidable accélérateur économique, social et culturel. Si on empêche les gens de s'y loger, les effets sont désastreux.

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