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Roland-Garros va-t-il vraiment ressusciter le tennis français ?
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13 Français au second tour de Roland-Garros ! Une première depuis 31 ans qui affole le tennis bleu-blanc-rouge. Mais attention à la gueule de bois...

Philippe Verneaux

Philippe Verneaux

Philippe Verneaux est journaliste sportif et auteur de L'argent dans le sport (2005, Flammarion). Il anime le blog sportmood.fr.

 

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Ah, les chiffres ! Si l’on avait confié un éditorial dans la gazette de Roland-Garros à un Pythagore ressuscité du monde ancien, le grand esprit grec initiateur d’une représentation du monde par les chiffres, y aurait sans doute couché son enchantement des performances françaises de ce début de tournoi. Vous pensez, treize de nos garçons au deuxième tour ! Un nombre magique. Treize de nos représentants vainqueurs d’entrée, du jamais vu porte d’Auteuil depuis trente et un ans, encore un nombre « premier » et porte-bonheur de surcroît… Un signe, c’est sûr, d’une terre française du tennis à qui la chance sourirait. Une terre qui tournerait. Enfin !

Parce que treize, c’est bien, mais combien en restera-t-il seulement lundi prochain, ce fameux jour de début de seconde semaine où l’on ne les compte plus en général, nos petit(e)s Bleu(e)s, que sur un doigt ou deux d’une seule main ? Et le dimanche suivant, jour de finale où depuis Henri Leconte on n’en a plus rencontré (dans le genre masculin) de vivant ? Sans bien sûr remonter au Néolithique (Noah), l’ère glaciaire (Proisy, Bernard) ou même carrément aux origines de l’homme et de sa raquette en bois, c’est-à-dire au paléolithique (Mousquetaires)…

Car Roland-Garros, à chaque fin du mois de mai, est en réalité la plus belle terre d’espoirs bleu blanc rouge de notre patrimoine sportif. Et l’espoir, c’est déjà beau. Voyez Virginie Razzano et sa divine victoire mardi sur Serena Williams l’une des plus grandes joueuses et battantes de l’histoire. Où a-t-elle puisé son énergie et sa rage de vaincre ? Un peu du ciel certainement par la voix de son compagnon disparu il y a un an, un peu de son adversaire diminuée par des soucis plus corporels (pneumonie l’an dernier) et énormément du soutien d’un public parisien éternellement prêt à tomber en pamoison pour sa nouvelle Héloïse ou son Saint-Preux, versions modernes ? Mais Virginie trouvera très vite sur son chemin des filles plus jeunes et moins émoussées qu’elle. Pas Marion Bartoli en tout cas, la sado-masochiste des courts, mais Maria, ou Caroline ou Francesca… La ferveur du court Philippe-Chatrier suffira-t-elle ?  

Pour continuer avec quelques-uns des « héros » de ces premiers jours de sable rouge, on aimerait que l’histoire soit encore plus belle. Mais que pour une fois elle se poursuive longtemps, disons une semaine et demie pour au moins l’un ou l’une d’entre eux. Sans trop croire à l’impossible. Pour Arnaud Clément, le pré-retraité, chaque tour passé tient du miracle ou pour Julien Benneteau, le post-opéré, chaque jeu remporté relève d’un exploit de la science. Pour Richard Gasquet, on s’abime au fil des années dans les mystères de la psychologie. 

Pour être un peu sérieux, ce tennis français peut-il un jour se hisser à Paris, dans un avenir un peu plus proche que la Saint Glinglin, à la hauteur de sa merveille de stade de Roland-Garros, plus bel écrin du monde de la balle ronde ? Yannick Noah l’ancien et Jo-Wilfried Tsonga le moderne - et pourquoi pas son successeur -, ont répondu dès avant le tournoi en n’arrivant pas à se départir d’une dérision toute gauloise. Et par la négative, pour notre malheur. Nos champions toujours en herbe, je veux dire en terre, ne se voient pas selon le chanteur « dans la peau de vainqueurs ». Autrement dit, tout ne serait affaire que de mental, de volonté, dont nos Tricolores se nourrissent avec tant de parcimonie. Aïe, aïe, aïe ! Toujours la même chanson, le même refrain.

Alors, comme le hurlerait cette fois-ci dans son micro un autre exilé fiscal : « Qu’on leur donne l’envie, l’envie d’avoir envie… ».

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