Embouteillage d'alpinistes sur le toit du monde : comment l'Everest est devenu un tueur en série<!-- --> | Atlantico.fr
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L'Everest, l'autoroute des montagnes.
L'Everest, l'autoroute des montagnes.
©Reuters

Là-haut

Quatre grimpeurs ont trouvé la mort le week-end du 19-20 mai lors d'expéditions sur le fameux mont qui culmine à près de 9000 mètres. La raison : le temps d'attente pour arriver en haut du sommet.

L'Everest, l'autoroute des montagnes. Dernièrement, le plus haut sommet du monde, qui culmine à 8 848 mètres, se retrouve assailli par les grimpeurs. A tel point que ces "embouteillages" entraînent la mort de beaucoup d'alpinistes.

Le 21 mai, les autorités népalaises annonçaient la mort de quatre personnes, portant à six le nombre de morts sur cette montagne du massif de l'Himalaya depuis le début de la saison. Les quatre alpinistes, un Allemand de 61 ans, un Sud-Coréen de 44 ans, une Canadienne d'origine népalaise, dont l'âge n'avait pas été précisé, et un Chinois de 55 ans, sont décédés alors qu'ils redescendaient du mont Everest. Le Sud-Coréen Song Won-Bin est mort à l'endroit surnommé "le balcon", à proximité du sommet. Il s'est évanoui à cause du mal des montagnes, ce syndrome de souffrance lié à une montée trop rapide en haute-altitude, à l'absence d'acclimatation et à une sensibilité personnelle, avant de basculer dans le vide.

Les photos publiées sur Outsideonline.com montrent la longue file d'alpinistes sur le mont Everest.

D'après Asian Trekking Adventure, "la plupart de ces morts sont dues au mal des montagnes".

Ce n'était toutefois pas la journée la plus mortelle en Himalaya. Huit personnes ont en effet perdu la vie le 10 mai 1996, après avoir été prises dans une tempête de neige.

Les alpinistes s'épuisent en effet dans la montée, et il ne leur reste pratiquement plus d'énergie pour la descente. De plus, les conditions sont particulièrement dures cette année. Conrad Anker, qui est monté à plusieurs reprises au sommet de l'Everest, et qui en revient tout juste, a estimé que "tous les grimpeurs ont dû faire face cette année à beaucoup de vent et de sécheresse. Il n'y avait donc pas beaucoup de neige sur la montagne. Quand il y a plus de neige, les pierres sont gelées sur place, et la neige ne se transforme pas en glace bleue, comme c'est arrivé cette année. Or il est très difficile de grimper sur la glace bleue, et ça demande beaucoup plus de protections."

Mais les conditions météorologiques ne sont pas l'unique problème. C'est en fait le nombre élevé d'alpinistes, qui provoquent des embouteillages, qui cette année a vraiment inquiété les autorités népalaises, et qui les empêchent d'assurer la sécurité de tout le monde. Les morts de ces derniers jours ont en effet soulevés le problème de la surpopulation dans les camps en haute altitude, plus précisément dans la région surnommée la "zone de mort". Cette partie de l'Everest est appelée ainsi parce qu'il est presque impossible de survivre plus de 48 heures au froid intense et au manque d'oxygène. Or, d'après Gyanendra Shrestha, un officiel népalais, les alpinistes partent à l'assaut du sommet vers 14h30, alors qu'11h est l'heure recommandée pour les derniers départs. Les grimpeurs restent donc trop longtemps dans la "zone de mort" et épuisent leurs réserves d'oxygène, d'autant plus qu'ils ne s'imaginent pas attendre autant malgré les "embouteillages".

Mais pourquoi tant d'embouteillages alors ? Tout simplement parce qu'il faut attendre que les conditions météorologiques soient assez bonnes pour passer. Or dernièrement, il a fallu attendre plus longtemps que d'habitude. En effet, la saison, qui débute d'habitude dès la fin du mois de mars à cette année commencé en mai. Et tout le monde de se précipiter au même moment. La fonte de la neige, qui commence le 28 mais, empêche en effet les expéditions passé la première semaine de juin.

Les autorités ne peuvent pas vraiment faire grand-chose pour empêcher les alpinistes d'aller sur l'Everest. Le porte-parole du ministre du Tourisme népalais Bal Krishna Ghimire explique que "les grimpeurs reçoivent un permis pour grimper à des dates spécifiques. Il est impossible de dire qui peut partir à l'assaut du sommet à telle date car le temps est imprévisible. Et quand le ciel se dégage, ils veulent tous en bénéficier".

Le gouvernement prévoit néanmoins de mettre à disposition des alpinistes des docteurs, des météorologues, et du personnel de sécurité. Les alpinistes devraient également prochainement être dotés d'un traceur pour les repérer plus facilement dans la montagne.

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