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François Hollande peut-il vraiment se montrer très pro-européen en faisant l'impasse sur la règle d'or ?
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Européen à géométrie variable

Au sommet européen de Bruxelles, François Hollande a poursuivi le numéro d’équilibriste entamé lors de sa campagne électorale. Promettant plus de fédéralisme et de transferts de pouvoir, aurait-il oublié que toute nouvelle approche européenne à la crise est subordonnée à la mise en place préalable et irrévocable de la règle d’or ?

Paul Goldschmidt

Paul Goldschmidt

Paul Goldschmit est membre de l'Advisory Board de l'Institut Thomas More,

Il a également été directeur du service "Opérations Financières" au sein de la Direction Générale "Affaires Économiques et Financières" de la Commission Européenne.

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A Bruxelles au sommet européen, François Hollande a voulu donner l’image d’un président très pro européen, prêt à promouvoir une intégration beaucoup plus poussée de l’Union, nécessaire à l’aboutissement de ses propositions visant une plus grande solidarité entre pays membres et dont les « eurobonds » constituent le symbole le plus emblématique.

Dans la mesure où il serait en position de rassembler autour de lui un nombre croissant de pays membres, il devra reconnaître rapidement que cette orientation ne peut faire l’économie de transferts importants de souveraineté. L’Europe se verra chargée de coordonner et mettre en œuvre des pans entiers des politiques économiques, fiscales et sociales, considérées, jusqu’ici comme les prérogatives non négociables des États-Nation.

S’il assume pleinement cette nouvelle vision, doublant la position de la Chancelière Angela Merkel pour apparaître encore plus « fédéraliste » qu’elle, il se démarquera, une fois encore, très nettement de la position de son prédécesseur. Nicolas Sarkozy, quoi qu’activiste obstiné en termes de lutte contre la crise, était farouchement opposé à tout nouveau transfert de souveraineté vers les instances bruxelloises. Ce dernier ne pouvait donc contrer efficacement les exigences allemandes pour une discipline communautaire renforcée.

Si la position du nouveau Président est sincère, il maximisera les chances de voir ses idées européennes s’imposer.

Mais voilà, n’oublions pas le discours « rassurant » de Londres adressé aux marchés financiers, et celui « belligérant » proclamé sur le même sujet à l’attention de l’électorat français. A la veille des élections législatives, serions-nous en passe de vivre un nouveau « grand écart » ? En effet, ce positionnement nettement fédéraliste du président à Bruxelles est diamétralement en contradiction avec les positions défendues par le Front de gauche, grâce au soutien duquel il a été élu. Il est aussi loin de faire l’unanimité au sein du Parti socialiste où l’on peut légitimement questionner la sincérité du soutien de son aile gauche, y compris celle de ministres comme Laurent Fabius, Benoît Hamon ou Arnaud Montebourg. Aura-t-il besoin de donner des gages aux eurosceptiques pour former un gouvernement majoritaire ?

Il est clair que le prix à payer pour s’imposer sur la scène européenne sera de tenir les engagements budgétaires souscrits. Toute flexibilité découlant d’une nouvelle approche européenne à la crise est subordonnée à la mise en place préalable et irrévocable d’un pacte de discipline collective (règle d’or). Il ne sera donc pas aisé de réconcilier cette obligation avec les promesses de campagne sans, comme le suspecte la nouvelle « opposition » UMP, matraquer fiscalement les classes moyennes et décevoir de nombreux électeurs dont l’objectif de changement de locataire de l’Elysée a, peut-être, coloré indument le jugement.

Un débat sur l’Europe et les conséquences sur la politique intérieure française seraient un enjeu vraiment digne des élections législatives. Il se substituerait avantageusement aux dénonciations mesquines, concernant la capacité de servir comme ministres, basées dans un cas sur une affaire légalement rayée du casier judiciaire, et dans un autre sur une condamnation « symbolique ».

Les dissensions que l’on peut prévoir sur le dossier européen ne seraient certainement pas confinées à la « majorité présidentielle ». Au sein de l’opposition, ceux qui comme Jean-François Copé, assument l’ensemble de l’héritage du président sortant, pourraient se trouver coincés aux côtés du Front de gauche et du Front national sur le thème des « transferts de souveraineté ». Ce ne sera pas simple de faire valoir sa différence « républicaine ».

Seuls ceux qui auront le courage de surmonter leurs intérêts politiciens immédiats dans la volonté de servir les intérêts supérieurs de la France auront droit à notre respect. Cela s’applique tant au nouveau président, à sa majorité qu’à l’opposition. Cela passe de manière incontournable par un engagement total au service d’une Europe fédérale, seule capable de mobiliser l’ensemble des ressources considérables dont l’Union dispose en vue de surmonter la crise économique et financière dans laquelle nous plongeons chaque jour davantage.

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