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Martine Aubry et Ségolène Royal seront-elles des épines dans le pied de François Hollande pendant cinq ans ?
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Etre ou ne pas être

Ségolène Royal qui vise la présidence de l’Assemblée nationale a déjà commencé à relever les faux pas du gouvernement, Martine Aubry absente du gouvernement... Comment ces deux poids lourds du Parti socialiste vont-ils pouvoir exister politiquement lors du prochain quinquennat ? En se passant d'elles, François Hollande a t-il fait une erreur stratégique ?

Christian  De Villeneuve et Michèle Cotta

Christian De Villeneuve et Michèle Cotta

Christian De Villeneuve est journaliste. Il a dirigé de nombreux titres de la presse française.

Michèle Cotta est journaliste et écrivain. 
Elle a été directrice de l'information à TF1 entre 1987 et 1992 et directrice générale de France 2 de 1999 à 2002.

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Atlantico : Ségolène Royal présidente de l’Assemblée nationale, Martine Aubry absente du gouvernement... François Hollande a t-il fait une erreur stratégique en ne les intégrant pas dans son équipe ministérielle ? Leur absence peut-elle décevoir une partie de l’électorat de François Hollande ?

Christian De Villeneuve : Martine Aubry a été claire : elle souhaitait Matignon, sinon rien. Je pense que Hollande a eu raison et a fait preuve d’autorité en ne la nommant pas Premier ministre dans la mesure où leur relation compliquée aurait été un frein dans leur capacité à prendre des décisions rapidement. En ces temps difficiles, il est nécessaire d’avoir une certaine complicité entre les deux têtes de l’exécutif.

Enfin, je pense que Ségolène Royal peut jouer un rôle important ailleurs d’autant plus qu’elle dispose de représentants de sa « sensibilité » au  sein du gouvernement.

Michèle Cotta : François Hollande n’a fait aucune erreur stratégique en ne choisissant pas Martine Aubry au poste de Premier ministre. Elle souhaitait Matignon et rien d’autre. Ce fut son choix. Ceux qui se plaignent de son absence sont probablement les mêmes que ceux qui auraient pointé du doigt le retour de la « Dame des 35 heures » au gouvernement comme un mauvais signal envoyé aux partenaires européens.

Quant  à Ségolène Royal, elle ne souhaitait pas faire partie du nouveau gouvernement. Elle continuera donc d’apparaître telle qu’elle est : un électron libre. Leur absence du gouvernement ne décevra donc pas une quelconque partie de l’électorat, même s’il faudra composer avec elles.

Peuvent-elles « parasiter » le débat dans les années à venir, c'est à dire exercer une « cohabitation interne » au sein de la majorité socialiste ?

Christian De Villeneuve : Il est difficile de se prononcer sur les rôles que joueront Ségolène Royal et Martine Aubry avant que ne soient connu les résultats exacts des élections législatives et la composition précise de l’Assemblée nationale. Il faut savoir en particulier si le Parti socialiste obtiendra une majorité absolue ou s’il aura besoin des voix des députés verts, du Front de gauche et éventuellement de celles du MoDem. En effet, je pense que la composition de l’Assemblée dictera les rôles.

Cependant, en cas de victoire de la gauche, Martine Aubry, en se retirant sur son Aventin lillois, se posera en situation de recours s’il y a un échec du gouvernement Ayrault. François Hollande connaitra dans les mois à venir une situation compliquée (montée du chômage, plans sociaux ...) et devra prendre des mesures qui seront nécessairement impopulaires. Il n’y aura donc probablement pas d’état de grâce ce qui peut générer, d’ici à la rentré, un certain mécontentement chez les sympathisants de gauche, en particulier chez les syndicats. Martine Aubry pourra donc être un recours.

Quant à son avenir au sein du PS, elle avait déjà indiqué ne pas souhaiter rester à la tête du parti. De toute façon, lors du prochain congrès socialiste, François Hollande sera majoritaire et aura besoin d’un soutien irréprochable. Il choisira donc un de ses proches pour la remplacer. Je ne crois donc pas que Martine Aubry puisse rester première secrétaire.

En ce qui concerne Ségolène Royal, j’ai été très impressionné par sa très grande loyauté au cours des derniers mois. Elle a complètement joué le jeu de l’élection de Hollande. Son absence à la cérémonie d’investiture n’a été marquée par aucun éclat tels qu’on pouvait les connaître auparavant. En revanche, il est possible qu’elle devienne la vigie du dogme socialiste. Cela s’est manifesté récemment lorsqu’elle a repris Vincent Peillon à propos de la semaine des cinq jours dans l’éducation nationale en rappelant notamment la nécessité d’un dialogue. Je crois aussi qu’elle s’est posée au dessus des luttes internes du PS en essayant de fédérer avec l’idée que les prochains députés socialistes, s’ils sont majoritaires, la placeront à la tête de l’Assemblée nationale. Elle gardera donc sa personnalité mais sera loyale et vigilante sur la nécessité de respecter les engagements du parti.

Michèle Cotta : Il y aura d’autres gouvernements lors des cinq prochaines années. Martine Aubry et Ségolène Royal pourront s’imposer dans les débats en étant à la tête du Parti socialiste et à la présidence de l’Assemblée nationale. A ce titre, il n’est pas certain que Aubry souhaite réellement quitter son poste de première secrétaire. Je pense qu’il est très probable qu’elle y reste.

Quelles places politiques peuvent-elles exercer hors du gouvernement ? Aubry et Royal peuvent-elles revenir au gouvernement dans les cinq prochaines années après un éventuel remaniement ?

Christian De Villeneuve : Ce scénario est envisageable à la fois pour Martine Aurbry et Ségolène Royal, cela dépendra toutefois de l’évolution de la situation. Notre pays va connaître des moments difficiles, elles auront donc nécessairement un rôle important à jouer que se soit au gouvernement ou dans d’autres instances.

Michèle Cotta : Elles peuvent tout à fait revenir au gouvernement. Ségolène Royal continuera d’exister d’autant plus qu’elle sera au Parlement. Martine Aubry quant à elle se situera plutôt en recours. Par conséquent, elle acceptera de revenir si Matignon lui est proposé.

Propos recueillis par Olivier Harmant

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