Lois bioéthiques : l’embryon est-il un être humain ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Un embryon humain âgé de 8 semaines, suçant son pouce.
Un embryon humain âgé de 8 semaines, suçant son pouce.
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Science vs morale

Coup de tonnerre en pleine révision des lois de bioéthique au Parlement. Le Professeur Peschanski, de l'Inserm, dévoile dans la revue américaine "Cell Stem Cell" le résultat de recherches effectuées sur des cellules souches embryonnaires, qui permettent de comprendre une forme de myopathie, la maladie de Steinert.. Des recherches actuellement interdites, sauf dérogation. Pour le professeur Henri Joyeux, chirurgien et Président de l'association Familles de France , l’être humain présente des caractéristiques propres qu’il convient de ne pas négliger dans le débat sur la révision des lois de bioéthique.

Henri Joyeux

Henri Joyeux

Le Professeur Henri Joyeux est professeur de cancérologie et de chirurgie digestive à la Faculté de Médecine de Montpellier, et chirurgien des Hôpitaux et de l’Institut du Cancer de Montpellier. Il est également Président de “ Familles de France ”.

 

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La révision des lois Bioéthiques pose de nombreuses questions : faut-il maintenir la dérogation pour expérimenter sur les embryons humains ou plus simplement ouvrir définitivement la recherche sur ces embryons en surnombre qui n'entrent pas dans un projet parental ?

Les arguments favorables à la recherche sur les embryons en surnombre

Ces arguments sont d’abord scientifiques.

1.    L'embryon humain est une personne humaine potentielle, donc n'est pas juridiquement une ”personne humaine” et de ce fait n'a pas à être protégée par la loi qui est destinée à protéger les plus faibles.

2.    Ces embryons qui encombrent les CECOS (Centres d'Etudes et de Conservation des Oeufs et du Sperme) et qui ne sont pas destinés à un projet parental peuvent être généreusement donnés à la Science par leurs ”propriétaires biologiques”. 

3.    Les chercheurs attendent que la loi les autorisent à faire le maximum de recherches qui permettraient de mieux comprendre et certainement guérir à terme nombre de maladies génétiques, depuis la trisomie 21 jusqu'aux anomalies les plus handicapantes, qui ne sont autres que des erreurs de la nature, mais aussi des maladies de civilisation telles que le cancer, le sida... 

Empêcher de telles perspectives scientifiques, qui pourraient faire l'objet de multiples Prix Nobel, c'est rester sur le versant rétrograde de la Science et de l'évolution humaine, c'est obliger notre pays à rester à la traîne des grands pays qui ont déjà une certaine avance en ce domaine.

 Les arguments défavorables à ce type de recherches

Ils ne pèsent pas moins lourd pour prendre la bonne décision. Ce que l'on dit rarement, c'est que ces expérimentations sont déjà réalisées dans certains pays (y compris chez nous) depuis de nombreuses années, hors légalité, et n'ont rien apporté en termes positifs pour la santé humaine. On oublie aussi qu'avant de programmer de telles études, il faudrait au minimum démontrer chez l'animal, génétiquement le plus proche de l'humain, le babouin ou le macaque, que de telles expériences ont déjà eu des répercussions positives pour la santé animale et éventuellement humaine. Ce n'est pas le cas aujourd'hui. 

Quant à distinguer deux régimes comme le suggère l'Agence de biomédecine : "un régime d'autorisation sous condition pour les travaux sur les embryons surnuméraires dépourvus d'un projet parental" et "un régime d’interdiction avec dérogations pour les travaux sur des embryons créés visant à améliorer les techniques d’assistance médicale à la procréation", elle traduit à la fois la gêne des conseillers de cette instance et son hypocrisie. En effet, ces régimes ouvrent tout simplement la porte aux expérimentations sur les embryons humains. Le non-dit est que l'on cherche d’une part à justifier les recherches en cours et d'autre part à sécuriser leurs chercheurs. En plus, certains piaffent d'impatience et sont en attente pour obtenir satisfaction, car leur lobbying est puissant. Ils demandent déjà l'attribution de fonds de recherche dédiés poussés par les laboratoires pharmaceutiques qui ont déjà pensé à la commercialisation de produits pour le rajeunissement, éviter l'Alzheimer et devenir peut être bicentenaire... L'argument faisant croire que les embryons humains sont plus faciles à obtenir que les modèles animaux est faux et traduit l'absence d'honnêteté scientifique et de conscience humaniste minimale.

L’être humain n’est pas un objet

Les recherches sur les cellules du cordon ombilical et sur les cellules souches adultes restent l'alternative majeure aux expérimentations sur embryon ou sur des cellules souches embryonnaires (ce qui revient au même). 

Mettre le petit doigt dans l'engrenage de la recherche sur l'être humain à ses tout débuts, c'est sans aucun doute évoluer vers l'eugénisme scientifique, tel qu'il avait été conçu par Alexis Carrel et d'autres prix Nobel qui ont oublié de penser l'humain autrement que comme un objet. 

Rendre légitime les recherches sur les embryons surnuméraires équivaut à donner le feu vert aux expérimentations sur l'humain et à ouvrir à une forme d'eugénisme. On pourra conserver un embryon 10 ans, 100 ans et voir ensuite ce qu'il devient ou ce que deviennent ses organes ou tissus après longue cryoconservation. Croyez-moi, certains chercheurs fous et sans éthiques, pour faire parler d'eux, seraient capables de les implanter dans un utérus.

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