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La France a peur : il neige…
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Sueurs froides

Quand nos dirigeants cherchent un responsable aux désagréments causés par la neige, c’est toute la politique qui fond.

Brieuc Benezet

Brieuc Benezet

Brieuc Bénézet est directeur général des Éditions Ellipses, maison d'édition spécialisée dans les publications universitaires et les ouvrages de langue.

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Les fortes chutes de neige de ce mois de décembre ont causé une belle quantité de désagréments pour les Franciliens ; à intempéries exceptionnelles, enquiquinements exceptionnels : retards en tous genres, transports bloqués, chaussures trempées et, pour certains malchanceux, une nuit de galère dans le froid.

Et après ? Même s’il est plus facile de dire les choses ainsi quand on a pu dormir au chaud chez soi, on pourrait penser en reprenant le mot fameux de Dominique Voynet que cet épisode météorologique ne constitue pas "la catastrophe du siècle"… Et pourtant !  Comme Madame Voynet pour le naufrage de l’Erika, il valait mieux se garder de relater ainsi les choses !

La neige : un drame politique…

Car c’est un vrai drame politique – à défaut d’avoir été un drame humain – qui s’est joué durant cette semaine et la neige a donné lieu, sous des yeux médiatiques avides, à une chasse effrénée au responsable : qui avait été incapable de prévenir et de protéger efficacement les Français du froid et des embouteillages ? Une nouvelle scène épique de nurserie politique s’est jouée sur le tapis neigeux : entre Météo France et le Premier ministre, c’était à savoir qui, de maman ou de papa avait oublié le cache-nez du petit et qui aurait du aller le chercher à l’école. Le ministre des Transports, lui, était carrément parti en voyage : parent indigne ! L’opposition, en voisine attentive et un peu moralisatrice ne s’est pas retenue de faire remarquer qu’il n’était pas normal de laisser sortir ainsi des enfants dans le froid.

… qui révèle les failles d’un Etat paternaliste

Au final, nous avons pu assister à une semaine où les différents dirigeants ou aspirants dirigeants du pays se sont renvoyés la responsabilité, selon leur désormais traditionnelle tendance au paternalisme. Les Français qui avaient oublié dès le lendemain les quelques heures désagréables de galère ont pu assister à cette course quelque peu déconcertante à la palme du meilleur protecteur de notre quotidien et se laisser aller à quelques réflexions :

  • Un tel acharnement sur un sujet si anecdotique est assez rassurant : il doit y avoir bien peu de problèmes importants à gérer dans le pays…
  • Après le froid hivernal, viendra l’été et son lot de chaleur : peut-être que le gouvernement pourrait penser à fournir un short, une casquette et un gobelet d’eau à titre préventif à chacun d’entre nous ? Après avoir eu si froid, il serait inconcevable qu’on puisse maintenant aussi avoir chaud !
  • Plus sérieusement, l’empressement de notre classe politique à se montrer si concernée par l’inessentiel cache sans doute, de manière presque ridicule mais tout aussi inquiétante, son incapacité à s’occuper des vrais sujets de son travail gouvernemental. Préférer le nurserie politique en lieu et place d’un travail sérieux de dirigeant, c’est aussi se laisser aller à passer d’une gouvernance démocratique respectueuse de la liberté et de la responsabilité de chacun à un totalitarisme à visage de poupon décidé à nous couver qu’on le veuille ou non…

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