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Le reniement, c’est maintenant ?
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Chroniques du pot aux roses

Nouveau rendez-vous chaque mercredi sur Atlantico : la vie de la gauche au pouvoir passée au laser de Serge Federbusch.

Serge  Federbusch

Serge Federbusch

Serge Federbusch est président du Parti des Libertés, élu conseiller du 10 ème arrondissement de Paris en 2008 et fondateur de Delanopolis, premier site indépendant d'informations en ligne sur l'actualité politique parisienne.

Il est l'auteur du livre L'Enfumeur, (Ixelles Editions, 2013) et de Français, prêts pour votre prochaine révolution ?, (Ixelles Editions, 2014).

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1. L'hommage à Jules Ferry, la première bourde

Première commémoration, première bourde. Voilà François Hollande décidé à inaugurer son quinquennat par un hommage appuyé à Jules Ferry !

Quelqu’un, parmi les nombreux enseignants œuvrant au parti socialiste, pourrait-il rappeler à ce président novice que Ferry, alias «le Tonkinois» selon Clémenceau, fut l’un des principaux inspirateurs de la politique coloniale de la France ? Qu’il déclara un jour : «Je répète qu’il y a pour les races supérieures un droit, parce qu’il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures».

Anti-communard farouche, Ferry s’attira même ce jugement de Karl Marx : «Avocat sans le sou avant le 4 septembre, réussit comme maire de Paris pendant le siège à tirer par escroquerie une fortune de la famine. Le jour où il aurait à rendre compte de sa mauvaise administration serait aussi celui de sa condamnation». Prière de transmettre au Front de Gauche ...

2. La langue de bois au programme

D’une prudence de serpent dans d’autres domaines, François Hollande s’est gardé, pendant la campagne électorale, de faire des promesses dont la trahison serait immédiate. Il lui faut en effet, pour gagner les prochaines législatives, ne décevoir personne d’ici le 17 juin, bref continuer à bercer son public de la douce illusion qu’il lui épargnera les morsures de la crise et ne s’en prendra qu’à la méchante finance et à quelques affreux riches.

Pour cela rien de tel qu’un peu de langue de bois (de rose). Prenons un exemple : l’abandon annoncé de la fameuse «Revue générale des politiques publiques» (RGPP) qui a tant déplu à sa clientèle de fonctionnaires.

Que propose-t-il à la place ? Il s’est engagé à lui substituer un «projet de refondation et de modernisation de l’action publique», avec comme première étape «l’établissement par chaque ministre avant fin septembre 2012 d'un projet pluriannuel de modernisation et de simplification des services et des opérateurs sous sa tutelle». Les fonctionnaires risquent de comprendre en septembre, c’est à dire après les législatives, qu’entre le «PRMAP» et la «RGPP», il y a peu de différence ! La «simplification» annoncée promet des réveils douloureuxet l’on attend avec impatience de voir si les syndicats qui conspuaient Sarkozy montrent autant de vigilance à défendre les intérêts de leurs adhérents face à son successeur ...

3. Ayrault anéanti ?

Qu’on se le dise, il serait périlleux d’évoquer une condamnation de Jean-Marc Ayrault prononcée en 1997. Selon son avocat, le socialiste Jean-Pierre Mignard (qui se verrait bien garde des sceaux et accumule pour cela les états de service), cette sanction est"nulle et a été anéantie par [une] réhabilitation intervenue en 2007".

Ce pénaliste averti ajoute même, histoire de bien intimider les éventuels contrevenants : "Nul ne peut plus l'invoquer sans être en infraction avec la loi pénale. Les transgressions dans ce domaine ont fait l'objet régulièrement de condamnations pour diffamation". Brrr ... ça fait peur !

Les esprits taquins se contenteront donc de relever la réaction publique de l’avocat et non les faits en cause, hé, hé. Nous signalerons quand même que l’interdiction de mentionner ces condamnations ne vaut, selon le code pénal, que pour «toute personne qui, dans l'exercice de ses fonctions, a connaissance de condamnations pénales». Pas le commun des mortels ou des plumitifs, donc. N’ayez pas peur, disait François Hollande en conclusion de son débat avec Nicolas Sarkozy ...

4. Ayrault attaqué

Au sujet de cette malencontreuse condamnation de Jean-Marc Ayrault, l’artillerie lourde journalistico-socialiste a tonné pour défendre le futur premier ministre dont elle a tant envie. Le Nouvel Obs.fr vient de prendre une longueur d’avance grâce à Bruno Roger-Petit et Renaud Dély, qui se disputent le rôle de barde du hollandisme.

Dans les colonnes électroniques de ce journal en ligne, Roger-Petit s’indigne qu’un groupe Facebook «Non au PS», ait rappelé «cette condamnation antique à la mémoire collective».

Dans mon souvenir, l’Antiquité prenait fin à la chute de l’empire romain. Dans celui de Bruno Roger-Petit, il devait s’agir de la chute de l’empire Jospin.

Qu’écrit encore cet historien original ? «François Hollande [...] est placé dans le possible viseur de la droite et de ses relais médiatiques les plus puissants». Ah ? Un groupe Facebook, «plus puissant média» ... L’arroseur antisarkozyste se plaint d’être désormais arrosé alors qu’il n’a encore reçu que quelques gouttes.

Quant à Renaud Dély, champion toutes catégories de militantisme journalistique, il analyse tout bonnement ce rappel judiciaire à un «affront» !

Une petite question, qui n’effleure pas l’esprit de ces souples défenseurs de la moralité publique : et si celui ou celle qui a exhumé la condamnation d’Ayrault était en concurrence avec lui pour Matignon ?

5. La droite parviendra-t-elle à retrouver une culture d’opposition d’ici les législatives ?

A ceux qui, comme Claude Guéant, disent que la cohabitation est «contraire à l’esprit des institutions de la Ve République», posons une question : si un suicidaire se procure un pistolet faut-il, par souci de cohérence, lui fournir des balles ?

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