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masques coronavirus covid-19 Dr Jérôme Marty
masques coronavirus covid-19 Dr Jérôme Marty
©LIONEL BONAVENTURE / AFP

Armes contre le virus

Le Dr Jérôme Marty revient sur la stratégie déployée face à la Covid-19. La gestion du port du masque pourrait être adaptée dans le cadre de la lutte contre le coronavirus.

Jérôme Marty

Jérôme Marty

Président de l'Union française pour une médecine libre, Jérôme Marty, est médecin généraliste et gériatre à Fronton, près de Toulouse.

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Depuis des mois, la Covid-19 s’est installée sur le territoire, et sa présence invisible, a changé nos vies.

Après des mois de décisions erratiques, et de consignes confuses, souvent en lien avec une pénurie de moyens qu’il ne fallait pas avouer, le commandement (Gouvernement et Direction Générale de la Santé) ont fixé les modes de contamination de la maladie : la projection de gouttelettes, l’aérosolisation, le manu portage. Pour chacun de ces modes de contamination des actions ont été mises en place :

-Port du masque et-ou distanciation physique d’un mètre (2 mètres dans la plupart des autres pays), expectorer dans son coude ou dans un mouchoir en papier, pour éviter la projection de gouttelettes vers son entourage.

-Port du masque en lieux clos et aération fréquente et régulière pour diminuer l’aérosolisation et donc la concentration du nuage viral ainsi constitué.

-Lavage fréquent et répété des mains avec du savon ou de la solution hydro alcoolique afin de lutter contre la transmission manu portée.

Ces gestes quotidiens ajoutés à une modification des comportements individuels et collectifs en lien avec des décisions politiques d’organisation sociale tournées vers la prévention de la transmission de la maladie ont profondément modifié nos vies. La présence permanente du virus, le doute, la peur d’être atteint par une maladie toujours profondément marquée par l’inconnu, l’absence d’horizon visible quant à une sortie de crise et l’impact économique des décisions en lien avec la priorité sanitaire ajoutent à l’éloignement chaque jour plus grand de nos vies d’avant.

La Covid-19 va nous accompagner longtemps, pendant encore des mois, nous n’en sommes pas encore sortis c’est une certitude et cette certitude doit ouvrir à une réalité, nous ne pourrons réussir collectivement cette course de fond que si nous nous ménageons des plages de repos.

Il est temps de revoir, de réguler et d’adapter notre politique de prévention.

Le port du masque, geste visible, est devenu l’emblème de cette crise, symbole de l’échec de la gestion sanitaire lors de la première vague. Il doit devenir celui de la réussite de la lutte contre la Covid 19. Pour cela, le masque ne doit plus être un outil politique ou de communication mais redevenir un simple matériel de protection. Porter un masque est un geste altruiste puisque son but est de protéger l’autre, il ne doit plus y avoir d’autre but à celui-ci, il faut donc en finir avec l’utilisation du port du masque comme signal de la présence du virus sur le territoire. Après neuf mois il est légitime de penser que chacun d’entre nous connaît son existence et sa présence.

Hormis quelques adeptes de théories farfelues sur l’absence de réalité de la Covid, si des oppositions aux gestes de préventions existent, elles se construisent sur l’absence de plus en plus ressentie de l’existence d’espaces de liberté et l’impression souvent exprimée de se faire voler sa vie.

Il est donc nécessaire et urgent de permettre des temps de poses, des temps de libertés, des moments ou l’on renoue avec « la vie d’avant » sans pour autant faire prendre le moindre risque à autrui, sans laisser le moindre champ de progression à la Covid.

Si je porte le masque pour protéger l’autre et que l’autre est absent, qui est-ce que je protège ?

De ce simple constat, doit découler un allègement du port du masque en extérieur. Le port du masque ne doit se concevoir que lorsque la distanciation physique est impossible à respecter, mais le reste du temps, celui-ci ne doit plus être obligatoire.

Si les lieux clos sont des lieux propices à la contamination de masse, les grands espaces ouverts, les plages, les parcs et jardins sont par définition des lieux ou le risque est largement minoré, il est plus que temps de lever leurs fermetures et de permettre leur utilisation. 

Ces deux exemples seraient des signaux forts adressés à une population qui dans son immense majorité a fait preuve d’un comportement exemplaire face à la Covid. Le poids permanent de la crise sanitaire et de la présence du virus est source d’épuisement, moral, physique et cet épuisement peut demain favoriser la Covid-19... Il est donc urgent de réguler et d’adapter nos moyens de prévention et de protection. Il est donc urgent de faire entrer la liberté dans l’arsenal de lutte contre la Covid-19.

Dr Jérôme MARTY

Président UFMLS

Le Dr Jérôme Marty a publié Le scandale des soignants contaminés aux éditions Flammarion

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