Et si la plus grande avancée dans les relations entre Arabie Saoudite et Israël était pour bientôt ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Mohammed Ben Salmane MBS Arabie Saoudite accords de normalisation avec Israël
Mohammed Ben Salmane MBS Arabie Saoudite accords de normalisation avec Israël
©MANDEL NGAN / POOL / AFP

Compte à rebours

Les dirigeants de l'Arabie saoudite semblent faire évoluer leur discours à l'égard d'Israël. Une normalisation est-elle à prévoir entre les deux pays ? La nouvelle génération de dirigeants dans le Golfe pourrait faire bouger les lignes.

Khattar Abou Diab

Khattar Abou Diab

Khattar Abou Diab est consultant, auteur de rapport stratégiques et politiques pour des organismes français et européens. Il a été enseignant aux Universités de Paris III, VII et XI. Spécialiste de l’Islam et du Moyen Orient, il écrit notamment pour les revues « les Cahiers de l’Orient ».
 
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Atlantico.fr : Le Prince Bandar Ben Sultan al-Saoud, ex-diplomate du régime saoudien à Washington et ancien responsable du service de renseignement,  a déclaré lors d’une interview sur Al Arabya que l’échec des négociations entre Israël et la Palestine est au moins autant imputable aux autorités palestiniennes qu'à l'Etat hébreu. Est-ce un nouveau signe d’un réchauffement des relations entre l’Arabie saoudite et Israël ?

Khattar Abou Diab : La déclaration du Prince Bandar Ben Sultan al-Saoud n’est pas fortuite. Au moment où les Palestiniens, et beaucoup d’intellectuels arabes ou européennes critiquaient la normalisation des rapports de certains pays arabes avec Israël et concentraient les critiques sur les pays du Golfe, il a essayé de faire de montrer les failles de la direction palestinienne et de pointer les ratés historiques arabes. De façon objective, c’est vrai que le tort est partagé. Il y a un souffle de réalisme politique. Mais il y a aussi une préparation : il tente de défendre auprès de l’opinion publique saoudienne et arabe une nouvelle option saoudienne vis-à-vis d’Israël. Les signes se multiplient. L’ouverture récente de l’espace aérien saoudien à l’aviation israélienne, c’était inimaginable avant. Et sans l’accord tacite de l’Arabie saoudite, l'accord entre Israël, les Emirats arabes unis et le Bahreïn n’aurait pas été possible.

Une normalisation des relations entre Israël et l’Arabie saoudite est-elle à prévoir pour bientôt ?

Pour l’instant, la priorité numéro 1 de Riyad reste de loin la menace iranienne. Il y a encore un certain attentisme. L’Arabie saoudite attend les résultats des élections aux Etats-Unis pour voir comment l’administration américaine va traiter cette question. Riyad attend aussi de voir quel comportement va adopter Israël vis-à-vis du Hezbollah. Demain commencent les négociations de tracé de frontières entre Israël et le Liban. Ces négociations ne seront pas possibles sans un accord tacite avec le Hezbollah. Ce n’est pas qu’une question bilatérale entre Israël et l'Arabie saoudite.

Une nouvelle génération de dirigeants semble émerger dans le Golfe avec le prince héritier Mohammed ben Salmane (MBS) en Arabie saoudite, proche de Mohammed ben Zayed (MBZ), prince héritier des Emirats arabes unis. Cela va-t-il dans le sens d’une relation apaisée avec Israël ?

Pour le prince héritier Mohammed ben Salmane, les priorités ont changé. Ce n’est plus le temps des aventures régionales, mais davantage de la construction étatique, économique et technologique. Il est temps pour lui de préparer l’ère post-pétrole. On l’a vu avec le plan « Vision 2030 » qu’il pilote. MBS a donné l’impression avec la guerre du Yémen d’être quelqu'un qui cherche à en découdre. Maintenant je pense que viendra le temps de la construction. Il doit montrer sa différence par rapport à l’ancienne génération.

L’Arabie saoudite doit rattraper le temps perdu et trouver des partenaires, des investissement et surtout retrouver un climat stable dans la région. Israël pourrait être un partenaire économique, touristique… Il s’agit de trouver une relation gagnant-gagnant. Riyad doit maintenant montrer que ce  nouveau discours est applicable. A ce sujet, l’accord entre Israël, le Bahreïn et les Emirats arabes unis est un test énorme. Le compte à rebours est lancé. Les décisions définitives restent à prendre, elles dépendent d’autres variables, comme la question iranienne, l’évolution de la scène politique israélienne ou le résultats des élections américaines.

Propos recueillis par François Blanchard

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