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Covid 19 : En hausse…. ou en baisse ? Ce qui se passe vraiment sur la mortalité française globale 2020
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Statistiques

L’INSEE dénombrait semaine dernière approximativement autour de 5000 morts de moins pour le 1er trimestre 2020 par rapport au 1er trimestre des 3 années précédentes. Mais une consolidation des résultats est attendue.

Atlantico : L'Insee a annoncé une baisse de la mortalité globale au premier semestre 2020 en comparaison aux années précédentes. Comment expliquer ces chiffres, notamment puisque le mois de mars a été marqué par l'accélération de la propagation du Covid-19 ? 

Fabrice Wojciki : L’INSEE dénombrait semaine dernière approximativement autour de 5000 morts de moins pour le 1er trimestre 2020 par rapport au 1er trimestre des 3 années précédentes.  

Ce nombre pourrait  bien être  nettement inférieur à 5000 morts, sachant que l’évaluation du nombre de décès pour mars 2020 n’est basée que sur 30 jours, un jour manquant donc, qui peut à lui seul générer autour de 2500 décès. Une consolidation des résultats est attendue aujourd’hui. 

Par ailleurs, le nombre de décès pour les mois de Janvier et Février 2020 sont plus bas que ceux des 3 dernières années. Le nombre de décès en Mars 2020 devrait être proche de celui de Mars 2018 ( le plus élevé des 3 dernières années) compte tenu du fait qu’il manque à ce jour une journée au dénombrement.

Notons enfin que le covid n’a commencé à peser sérieusement sur la mortalité qu’après le 15 mars. Son poids sera plus conséquent sur avril.

Jean-Yves Le Goff : Concernant la Mortalité Globale, il faut envisager la mortalité du Covid-19 à l'hôpital et dans les EHPADS. Mais à côté de ces EHPADS, il existe beaucoup d’autres établissements sociaux : unités de soins longue durée (USLD), maisons de soins de suite et réadaptation (SSR), foyers logements, services de gériatrie médicalisée, maisons de retraite … Il faut ajouter la mortalité à domicile, dans les instituts psychiatriques, instituts pour handicapés....

Il est donc patent que la mortalité au final sera malheureusement beaucoup plus importante que le nombre de décès annoncé ce jour. Ce qui pour ma part est inadmissible du fait de l’absence d’anticipation de l’épidémie et du manque de moyens de protection (masques, kits de protection, tests, et traitement des formes symptomatiques et positives, malades confinés avec circuit d’aération intérieur, très peu d’aération extérieure …)

En effet revenons sur les déclarations de décès (sources pompes funèbres françaises) : elles se font soit par informatique, soit par certificats papiers :

En région parisienne, 30 % se font par informatique, les seules comptabilisées s’agissant de la remontée de la mortalité pour les EHPADS et apparentés. Les 70% transmis par voie de déclaration papier étant beaucoup plus longs à analyser car transmis à l’INSEE (soit un décalage dans la prise en compte s’étalant sur plusieurs semaines voire plusieurs mois).

En province, 15 à 20% des déclarations de décès se font par informatique, seules celles-ci sont comptabilisées et annoncées par la Direction Générale de la Santé excluant ainsi en temps réel les 80 à 85% par déclarations papier. 

La mortalité en mars 2020 arrêtée au 30 mars sera beaucoup plus élevée que celle communiquée au jour le jour par le Directeur Général de la Santé. 

Outre le fait qu'une journée manque, en l’occurrence celle du 31 mars 2020 : soit 2500 morts environ liées au COVID-19. Le 1er avril, on dénombrait 4403 décès à l'hôpital et 371 dans les EHPADS et EMS liés au COVID-19.

75% ne sont pas comptabilisés soit 1113 décès qui s'ajoutent au chiffre de 167641, ce qui fait un total de 168754 décès.

Un autre fait fondamental à prendre en compte est que nous sommes confinés depuis le 17 mars 2020, soit 14 jours avec un effectif plus que réduit à l'INSEE.

Les mises à jour à l’INSEE se font tous les vendredis de chaque semaine. On peut pratiquement affirmer que les mises à jour des vendredis 20 mars et 27 mars n'ont pas eu lieu.

Il est donc certain que le chiffrage pour tous les décès hors COVID-19 est très largement sous-estimé.

Hors confinement, il faut compter au moins 2 à 3 mois après le mois de transmission d’un acte civil à l’INSEE, et donc en particulier pour le mois de mars pour avoir des chiffres se rapprochant vraiment de la réalité. Les données fournies sont des données provisoires, d’où la mention p devant chaque chiffre, comme nous avons pu le constater entre janvier 2014 et avril 2015, qui correspond à une période de grippe très meurtrière et malheureusement passée sous silence (cf.  série de décès ci-après sur 16 mois). 

Avril     2015     p 46 100        

Mars      2015     p 53 500        

Février  2015     p 56 300        

Janvier  2015     p 57 200        

Décembre         2014     p 48 900        

Novembre         2014     p 45 700        

Octobre  2014     p 45 300        

Septembre        2014     p 42 400        

Août             2014     p 42 900        

Juillet          2014     p 43 400        

Juin             2014     p 42 100        

Mai              2014     p 44 500        

Avril            2014     p 44 500        

Mars             2014     p 48 300        

Février  2014     p 45 800        

Janvier  2014     p 50 200       

Sachant que l’INSEE dans le cadre de la pandémie de COVID-19 recommande d’interpréter les données communiquées à un rythme hebdomadaire avec très grande prudence en raison justement de leur caractère très provisoire(exacerbé par le confinement) pour les raisons évoquées précédemment, et donnant lieu à révision à chaque nouvelle publication.

À lire sur le même thème : Sauver l’économie ou sauver les hommes ? Petits éléments de calculs sur la valeur d’une vie en France

Même sur le mois de mars, la mortalité a été moins importante dans un département sur deux qu'en 2019.  Ces chiffres surprennent, quelle réalité se cachent derrière eux ? Cela s'explique-t-il en partie par la baisse du nombre de morts sur les routes ?

Fabrice Wojciki : Une caractéristique forte de cette pandémie est la forte hétérogénéité de la répartition des décès sur le territoire. Près de 50 % des décès étaient dénombrés dans seulement 9 départements à la date du 13 avril 2020. Ces 9 départements représentent près de 20% de la population française.

Je ne dispose d’aucune donnée sur le nombre de décès sur la route pour cette période.

Atlantico : Quelles sont les limites de ces données statistiques ? Révèlent-elles réellement l'intégralité de la tendance actuelle ? Quelles leçons pouvons-nous en tirer ? 

Fabrice Wojciki : L’INSEE et Sante publique France sont les principaux fournisseurs de données publiques sur cette pandémie. Le flux est hebdomadaire pour l’INSEE et quotidien pour Sante publique France. 

Ces données, facilement récupérables,  permettent de se faire une idée de l’importance plutôt très satisfaisante de l’impact du covid à l’échelle nationale, régionale et départementale ainsi que dans le temps.

Je déplore toutefois le défaut de données pour les décès en EHPAD et EMS. Défaut en partie résolu depuis depuis le 1er avril 2020, une flux quotidien à l’échelle nationale est disponible (dashboard.covid19.data.gouv.fr). 

Seules des études ultérieures permettront de juger de la qualité des données aujourd’hui mises à disposition du public.

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