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Coronavirus : et si l’on supprimait les vieux, les gros, les joggeurs, etc. ?
©SEBASTIEN BOZON / AFP

Alerte ironie

En cette période de pandémie, il convient de montrer du doigt les "coupables" qui "l’ont bien cherché". Les derniers visés en date : les personnes en surcharge pondérale.

Alain Rodier

Alain Rodier

Alain Rodier, ancien officier supérieur au sein des services de renseignement français, est directeur adjoint du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R). Il est particulièrement chargé de suivre le terrorisme d’origine islamique et la criminalité organisée.

Son dernier livre : Face à face Téhéran - Riyad. Vers la guerre ?, Histoire et collections, 2018.

 

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Les différentes chaînes de télévision rivalisent pour attirer le client et faire monter l’audimat d’autant que les publicités - donc les financements - se font rares. La meilleure recette : sous la couverture de "bien public", faire appel à l’instinct de conservation qui existe au sein de chaque être humain qui, bien normalement, cherche à rester en vie. Alors, à défaut d’ennemi identifiable (le président a déclaré que nous sommes en guerre, mais il n’a pas désigné un ennemi que l’on peut haïr tout en suggérant tout de même la Chine qui nous a caché de nombreuses choses - ce qui est loin d'être faux -), il convient de montrer du doigt les "coupables" et ceux qui ne méritent plus d’exister car "ils l’ont bien cherché". Sur le fond, quelques bonnes âmes sous-entendent (par précautions sans le dire ouvertement, mais ils le pensent si fort...) qu’il serait judicieux de sacrifier les "inutiles" pour sauver l’ensemble. Les derniers visés en date : les personnes en surcharge pondérale, en résumé les "gros". Le coronavirus serait beaucoup plus répandu chez eux que chez les athlètes dont la publicité nous vante les formes depuis des décennies en montrant du doigt ceux qui sont trop gourmands.

Bien sûr, déjà mis à l’index depuis longtemps par la société des actifs, les "vieux" (merci à Jacques Brel qui a fait une si belle chanson sur eux) que le langage coutumier actuel dénomme les "aînés" - sans leur reconnaître aucune valeur mais en vantant les résidences pour seniors qui peuvent les accueillir (en débarrassant la jeune génération de ce poids psychologique insoutenable que constitue la mauvaise conscience) avant de faire le saut vers l’EHPAD, antichambre des urgences hospitalières. Problème, pour l’instant, les urgences ne viennent généralement plus chercher les malades en EHPAD car les hôpitaux sont totalement saturés. Soit les pensionnaires guérissent seuls, ce qui heureusement arrive, soit ils meurent sur place dans des conditions que l’on peut imaginer comme indignes malgré tous les soins que peuvent prodiguer les encadrants. D'ailleurs, le gouvernement qui prépare le déconfinement laisse entendre que cela pourrait avoir lieu par classes d'âges. Cela devrait permettre au président Macron d'écarter son successeur constitutionnel (temporaire) en cas d'empêchement de sa part pour une raison ou une autre, Gérard Larcher né en 1949, le président du Sénat.

L’indécence de certains plus jeunes vis-à-vis de leurs "aînés" est sans limites. Tout ce qui arrive est de leur faute car ils ne sont pas parvenus à construire le monde idéal dont ils rêvent. Mais, retour du bâton, même les plus sportifs d’entre-eux, les joggeurs, sont aussi l’objet de l’appel à la vindicte populaire car ils peuvent transmette "la bête" lors de leurs longues foulées au lieu d'être derrière leurs ordinateurs au télétravail !

S’il faut choisir entre "productifs" et "improductifs", la question pourrait être posée : un agriculteur est-il plus "productif" qu’un intellectuel qui cherche depuis des années un poste d'enseignant sans le trouver ? Est-ce qu’un plombier, un électricien, un personnel soignant n’est pas plus productif qu’un "penseur" qui envoie la France guerroyer outre-mer - sans lui-même risquer grand-chose, en gros, il envoie au casse-pipes les autres  - ? Les pompiers, les policiers et les gendarmes sont-ils moins utiles que les voyous qui leur montent des embuscades pour le plaisir de "casser" des représentants de l’État honni, bien sûr sans compter la menace permanente qu'ils représentent pour la sécurité individuelle des citoyens ? 

Enfin, pour ceux qui ne croient toujours pas (ils sont de moins en moins nombreux) que le nombre de morts est en augmentation (il est vrai que l’on a tendance à mourir majoritairement d’autre chose que du coronavirus - les autorités sanitaires commencent d'ailleurs à s'en inquiéter -), il convient de s’adresser aux entreprises de pompes funèbres qui voient leurs chiffres d’affaires exploser. 

D’ailleurs, si l'on reste sur le plan des chiffres, le citoyen français est particulièrement gâté avec l’intervention journalière du Professeur Salomon (ou parfois du ministre de la santé) qui, sous prétexte de totale transparence, nous égrène tel un maître de cérémonies des pompes funèbres, le bilan de morts à l’hôpital, en EHPAD (mais pas encore à domicile). Cela est parfois incompréhensible et très répétitif pour le citoyen même intéressé sauf pour celui qui se passionne pour les statistiques. Cette gestion comptable de la crise est, pour le moins, peu exaltante pour les Français qui voient par ailleurs leur liberté fondamentale de se déplacer interdite pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale - même s’il est vrai qu’il est difficile de voir où se trouve la bonne "communication "-. Cette dernière, gérée par le corps médical qui est en première ligne (mais qui continue à s'entredéchirer portant un coup à la confiance qui peut lui être accordé par les patients) et par des communicants professionnels, semble toutefois tomber à côté de la plaque. Le seul succès est celui des applaudissements de 20 heures même si le pouvoir peut être tenté de croire que c’est pour lui et pas pour les soignants dont l'auteur reconnaît les mérites qui remontent à bien des années avant le coronavirus. Les problèmes de commandement seront sur la table après la crise.

À la décharge du pouvoir actuel, il semble qu’aucun autre n’aurait fait mieux ou pire que lui et surtout pas les candidats qui se réveillent lentement aujourd’hui - les places supprimées dans les hôpitaux l’ont été depuis longtemps -. Et puis, il suffit de regarder ce qui se passe en dehors de nos frontières même si certains pays semblent faire moins mal que le nôtre. L’Allemagne, les pays du Golfe persique, l’Arabie saoudite, la Corée du Sud, le Japon … paraissent mieux préparés mais pour beaucoup, tout dépend de la véracité des chiffres avancés -. Si vous voulez échapper au coronavirus, la Syrie semble être toute indiquée cas peu de cas y sont officiellement répertoriés. Le Mexique n'est pas mal non plus et, cerise sur le gâteau, les cartels de la drogue se font une concurrence pour fournir à la population des aides de première urgence …-. De grands pays comme les États-Unis ou la Grande-Bretagne sont aussi atteints durement et leur gouvernance remise en cause.

La crainte est que la crise mortelle actuelle ne provoque pas de réaction allant dans la bonne direction. A l’évidence, la mondialisation organisée par de savants économistes a conduit à un échec face à une catastrophe que personne ne pouvait prévoir (on sait où se passeront les grands séismes comme les tremblements de terre mais on ne sait pas quand). Sans se replier sur le "petit village gaulois" qui n’a aucune réalité, il serait utile que les sachants (l’auteur n’est pas l'un d'eux car il n'est ni économiste, ni politique et ses compétences deviennent de plus en plus limitées puisqu’il y a longtemps qu’il est entré dans la catégorie des "inutiles" selon certains critères évoqués plus avant) imaginent de nouvelle règles qui favorisent les citoyens tout en les protégeant correctement. Les écologistes utopistes vont revenir en force et faire prendre au pays des décisions catastrophiques pour l'avenir, mais ce sera une autre histoire... Le problème va être complexe d'autant que l'économie mondiale va être à plat! En gros, il va falloir gérer la ruine. La place de décideur n'est vraiment pas enviable.

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